Hier, je suis allée courir avec deux collègues sur l’heure du dîner. Elles sont plus expérimentés que moi et, assez vite, elles ont pris de l’avance, me laissant plusieurs mètres derrière elles. J’ai eu quelques pensées négatives sur elles et/ou ma performance en ayant du ressentiment. Puis j’ai réalisé qu’il avait tellement de choses autour de moi – les odeurs de terre, le gazouillis de oiseaux, mon souffle court, le ciel gris et nuageux – que je n’avais absolument pas le temps d’être dans ma tête. Ça m’a ramené sur terre (là où je dois être et là où la vie réelle se passe) et ça m’a redonné assez de courage pour continuer à courir. Quand mes collègues sont revenues vers moi, j’étais assez connectée pour dire un truc à la fois vrai et qui a su résonner en elles. Ressentiment, pleine conscience, sociabilité.
Hier, je suis aussi allée à un souper des M., un réseau de pigistes très sympa auquel j’ai appartenu autrefois. Je parlais moins que les autres, même quand c’était à moi de prendre la parole. Je ne sais pas encore bien raconter, en faisant le pari que mon histoire sera intéressante.
À un moment, je me suis quand même mise à vociférer contre l’information en continue et sur l’obligation des journalistes de réagir à chaud, avant même de comprendre de quoi il s’agit. Petite montée de lait qui a été accueillie dans le silence. Bon, que je me dis, je suis encore allée trop loin. J’apprends un peu plus tard dans les discussions que certaines des invitées font… de l’information en continu! Gloups. Mais, plutôt que de me taper sur la tête, minimiser ce que je venais de dire ou faire une blague poche pour me rattraper, j’ai laissé flotter mes paroles en restant bien consciente de mon malaise. Et ç’a passé. Je voyais J.R., M.-C.M. ou S.L. qui écoutaient réellement les histoires des autres, I.H. ou G.R. qui racontaient leurs aventures en donnant plein de détails sans que les autres s’impatientent. Plutôt que de bougonner intérieurement que je parlais moins que les autres, je me rappelais de ressentir mes fesses, d’entendre les sons autour de moi. Ça me rendait plus présente et plus calme, au moins pendant quelques minutes. Ressentiment, pleine conscience et sociabilité.
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Hier, j’ai rêvé à P. Un beau rêve. J’étais dans un appartement en colocation (ou du moins avec des gens qui y habitaient temporairement) et j’étais plus ou moins confortable et à l’aise. Ça sonne à la porte et, contente de cette diversion, je vais répondre. Je sors sur le balcon en fermant la porte derrière moi. C’est P. qui est là. Je le trouve beau, je suis contente de le voir, il est souriant et a l’air en forme. Un peu plus tard, nous sommes sur le terrain, dehors, et une bonne quinzaine de mètres nous séparent. Il m’envoie des cartons pour me faire passer des messages que je comprends plus ou moins. Il y a aussi des chevaux de son côté mais je ne comprends pas leur sens non plus.
La maison, c’est moi. Me protéger avant d’aller vers l’autre, chose que je ne fais pas assez (je montre tout et ensuite j’en m’étonne que les autres réagissent drôlement! Il faut doser, Anick!).
Ensuite, je pense que P. était un exemple de toutes mes relations, où j’ai peut-être du mal à comprendre ce qu’on me montre…