États d’esprit du vendredi #2 (30/09/2016)

Deuxième édition  pour les états d’esprit du vendredi, une initiative de Zenopia et de Postman. Zenopia dit que j’ai bien fait de me lancer et qu’ils sont très gentils. À date, je trouve que c’est vrai 😉

17h32

Fatigue : Pas pire. Contente que ce soit vendredi, mais contente aussi de mes activités et tâches du week-end 🙂

Humeur : Bonne. Je me rends compte de plus en plus que la rencontre avec les autres me fait du bien, et je m’arrange de plus en plus pour en avoir.

Estomac : Trop plein (encore). Faut vraiment que j’apprenne à manger moins :/

Condition physique : Courbaturée. Faudrait peut-être que je considère l’achat d’un nouveau futon?

Esprit : Stressé pour cause de session de ShaktiDanse avec N.S. ce soir.

Boulot : On ne s’ennuie pas, et j’aime bien relever ce défi 🙂

Culture : J’ai visionné Hunger Games cette semaine. J’ai pleuré ma vie :/

Penser à : Aller chercher mon manteau chez le teinturier. J’ai un petit sentiment de déjà-vu ici…

Avis perso : Les gens qui supportent Trump ne sont pas idiots : ils sont juste contents que quelqu’un lâche la cassette habituelle des politiciens pour proposer avec assurance des solutions concrètes. Que ces solutions ne tiennent pas la route dès qu’on y réfléchit plus de cinq minutes est une autre histoire…

Message perso : C.T.S, j’espère que l’accouchement se passera bien.

Amitié : Soirée avec des amies mercredi et jeudi, donc ça va 😉

Divers : Contente (encore) de ma fin de semaine tranquille. Je vais pourvoir m’occuper de toutes mes tites affaires 😀

Courses : J’ai une citrouille à cuisiner et un goût de patates et de lasagne. De la grosse bouffe qui tient au corps pour accueillir l’hiver…

Sortie : Nah. Ah, si. Peut-être le WorldPress : une expo annuelle de photos de presse à laquelle je vais à presque toutes les années.

Envie de : Repos, encore 🙂

Zic : Je ne sais plus trop ce que j’ai écouté cette semaine. Un peu de Daniel Bélanger et de Beck, ça c’est sûr.

Pic : J’ai vu ça sur FB cette semaine et j’ai trouvé cela bien mignon.

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C’est beau, hein? 😉

18h32

Se rappeler que tout change, ou de la théorie à la pratique 

Quand j’ai écris les états du vendredi, vendredi passé, la vie me semblait assez belle. Puis, samedi, après ma rencontre avec J., je me suis un peu laissée aller au spleen. Dimanche, j’ai inauguré mon aspirateur et nettoyé mon appartement à fond puis lundi, ben, je ne sais pas. Je n’avais pas d’énergie et deux collègues m’ont fait remarquer que j’avais l’air triste.

Dimanche, pourtant, tout semblait clair. Les attentes, le ressentiment, ce qu’on est en droit d’exiger ou de refuser, quoi faire avec une légitime frustration, comment garder ses amis, le caractère inéluctable de la déception et la nécessité tout aussi inéluctable de l’accepter, etc. Puis hier, lundi, tout semblait tout à coup beaucoup moins clair 😉 Ce matin, ça va mieux, notamment grâce à ce post et à la méditation de ce matin.

mood-swings

Source : menopause health! haha!

Je connais de mieux en mieux la recette de mon bonheur. Cela inclut notamment d’aller vers les autres, avec les risques que cela comprend. C’est ce que je n’ai pas fait hier, refusant notamment d’aller manger avec M.S., une bénévole pourtant sympa et angoissée qui a de la jasette et une bonne écoute et avec qui je m’entends bien.

Hier soir, je faisais une liste mentale de ce qui me fait du bien (et ce que, pourtant, je ne fais pas toujours) : manger des repas sains, et en assez petites quantités; méditer; chanter toute seule avec moi-même, dans mon salon; ne pas allumer la radio en me couchant; ne pas passer trop de temps sur Facebook, surtout la semaine; répondre à mes courriels…

++

Le début de ce post date de ce matin. Au final, la journée à été assez bonne, malgré M.-J. qui m’a ignorée, comme d’habitude, et le cours de yoga qui m’a confirmé une fois de plus que je suis pleine de tensions.

La méditation aide vraiment.

L’intimité III : l’intimité, un concept à géométrie variable

C’est quelque chose que j’ai remarqué il y a quelque mois : l’intimité et les comportements et émotions qu’elle entraine changent au fil du temps.

Lorsqu’on rencontre quelqu’un, au début, on se met en mode séduction : on sourit, on invite, on approuve, on arrive à l’heure, on fait attention.

Quand une certaine intimité s’est installée, on s’en permet un peu plus. C’est ce que j’ai remarqué en essayant de me rapprocher (ou ré-approcher) de certains amis. Quand l’intérêt mutuel semble certain, on devient un peu plus soi-même. On se permet de ne pas répondre immédiatement à un courriel ou reporter un rendez-vous. Je pense à S.L., entre autres, qui a été si gentille et supportante quand j’ai commencé à la contacter, puis qui est devenue un peu plus distante par la suite, alors que je commençais juste à me sentir à l’aise.

C’est peut-être une façon de se protéger ou de « tester » l’autre avant de plonger plus franchement dans la relation. Je réalise aujourd’hui qu’il faut passer par-dessus ces petites frustrations, parce qu’elles ne représentent qu’une étape de plus dans un engagement à plus long terme.

Enfin, c’est ce que je pense 😀

Je trouve que c’est un peu la même chose avec une série télévisée ou un livre. Après l’effet wow des deux ou trois premiers épisode (ou les 15-20 premières pages), je ressens souvent un genre de fatigue. Je trouve que, finalement, cette série est un peu répétitive ou que le bouquin ne semble pas si bon que cela. Quand je m’accroche, par contre, je réalise que, le plua souvent, je ne le regrette pas…

État d’esprit du vendredi #1 (23/09/2016)

C’est un exercice que j’ai vu sur d’autres blogues et que j’ai envie de faire depuis plusieurs mois. C’est ce soir que ça commence! Les états d’esprit du vendredi de Zenopia et de Postman. C’est fou, je suis nerveuse quasiment comme si j’allais à un premier rendez-vous!

Allez, c’est parti.

21h25

Fatigue : Heureuse que ce soit vendredi et d’avoir un week-end calme en perspective.

Humeur : Bonne. J’ai annulé une sortie demain et j’ai bien fait 🙂

Estomac : Trop plein parce que j’ai craqué pour un deuxième bol de crème glacée *joues rouges*

Condition physique : Cours de taï chi aujourd’hui et je suis même allée courir 30 mnts mercredi!

Esprit : Mmm. Pas sûre.

Boulot : Beaucoup mieux. Je maîtrise de mieux en mieux les subtilités de la conversation en milieu de travail.

Culture : Je suis passée prendre plein de livres à la bibliothèque tout à l’heure, dont le bouquin d’un ancien collègue, deux livres de poésie et un bouquin sur l’environnement qui m’a arraché quelques larmes d’émotion. Il faudra juste que je le lise le tout, maintenant.

Penser à : aller chercher mon manteau chez le teinturier et écrire mon billet pour Y.V.

Avis perso : Y’en a marre des politiques à la solde des grandes entreprises, bon.

Message perso : Ben… Merci de me lire.

Amitié : Un petit coucou de J.C. aujourd’hui, un coup de fil à A.-M. cette semaine, une sortie prévue avec S.D. mardi, yay.

Divers : Bizarre à dire, mais je suis vraiment heureuse de consacrer mon week-end au ménage.

Courses : À faire, mais avec modération: puisque je reçois des paniers bio, en ce moment, mon frigo a tendance à déborder avant les courses.

Sortie : Avec J.B., demain, avec S.D., mardi 🙂

Envie de : Repos.

Zic : Every rose has its thorn, dont j’ai chanté le refrain toute la semaine.

Pic : Le pot de menthe séchée que j’ai préparé avec le cadeau de C.G. Je voulais lui envoyer la photo, puis finalement elle est restée dans mon téléphone. Je vais lui envoyer, tiens!

menthe

21h55

 

 

James Pennebaker : mon travail III

Pour ceux qui auraient manqué le début, James Pennebaker est un psychologue américain qui conseille d’écrire pendant 20 minutes, trois jours de suite, au sujet d’un traumatisme qu’on a vécu. La technique semble avoir du bon. Après avoir parlé de mon papa, j’ai décidé de m’attaquer à mon emploi. Aujourd’hui, c’est le troisième de trois textes.

++

Je me rends compte ce soir que j’avais oublié comment je suis peu sortie de mon bureau la première année suivant mon embauche. Je me souviens à quel point je ne voulais pas déranger D., qui était alors ma supérieure. Elle semblait si occupée. Elle n’était pas très contente qu’on lui impose un nouveau projet : le magazine que je devais rédiger. Elle avait retardé son départ à la retraite parce qu’il n’y avait pas de relève… En fait, à bien y penser, elle était peut-être contente de rester puisque, après sont départ, elle a continué à travailler à contrat pour son ancien employeur.

Je me rappelle comment, quand je lui demandais de l’aide, elle me référait généralement à des gens extérieurs et à quel point mes collègues étaient pour la plupart des gens en-dehors de mon département. Je me rappelle… Je me rappelle… Il serait facile de lister toutes mes frustrations et de porter le blâme : G.Bl., si peu motivée; C.S., restée si peu longtemps; M.-S., si peu intéressée par notre magazine… On dirait que, parfois, tout arrive en même temps. Quand j’ai décidé de me secouer et de sortir (un peu plus) de mon trou, un directrice m’a retrouvée. Elle m’a donné une cliente — quelqu’un à l’interne qui « commande » mon magazine — et m’a fait rentrer dans le moule de l’entreprise.

Je me souviens avoir réalisé, après-coup, à quel point j’étais déconnectée de l’organisme qui m’employait depuis déjà environ trois ans. Je ne suivais pas les procédures comme les autres et m’occupait de presque tout. J’étais dans mon monde et je n’avais jamais pensé demander aux autres comment ils faisaient, eux. Je me rappelle aussi avec une certaine honte que je n’écoutais pas vraiment mes collègues après leur avoir demandé leur avis… Au secours.

Je me souviens de la joie que j’ai éprouvée quand j’ai été invitée à participer à un projet de marketing avec les autres membres de mon équipe. Y.Z., qui était du lot et que j’appréciais particulièrement… Je sais aussi que, aujourd’hui, je commence réellement à avoir une équipe, mais que je ne pense pas toujours à la tenir au courant de ce qui se passe ou de lui demander son avis. Je l’ai dit à A.L., qui a trouvé cela amusant et qui me prend comme je suis. Je l’ai dit aussi à D.C., qui a rit et qui m’encourage souvent, subtilement, à prendre ma place. M.-C., aussi, si patiente, et avec qui je partage mon bureau. Et C.B., aussi, qui m’a montré comment écouter l’autre pour s’entendre avec lui.

Oui, des fois, tout arrive en même temps.

James Pennebaker : mon travail II

Je me rappelle quand je suis arrivée à mon emploi actuel. Tout le côté corporatif de l’organisme — le logo, la culture d’entreprise, la politique de ressources humaines — me puait au nez. Comme l’a si bien résumé J., j’avais une attitude de marde. Me faire dire que je travaillais dans le meilleur organisme, le plus grand, le plus vertueux me semblait du marketing cheap, rien d’autre. La mission même de l’organisme me semblait très, très ordinaire. D’autres organismes avaient une mission similaire et je ne les respectais pas plus. Surtout, je ne voyais pas pourquoi nous étions censés être les meilleurs. Je le vois un peu mieux maintenant — et ce n’est pas que du marketing et notre mission, eh bien… n’est pas si inutile.

Même ma tâche principale me fâchait. J’avais l’impression que je devais respecter les façons de faire de mon prédécesseur et ancien patron. Je me sentais seule dans la défense de sa mémoire et de ses façons de faire, presque menacée.

Je me rappelle aussi à quel point je détestais les réunions. Je les trouvais ennuyantes au possible, inutiles, sans intérêt. Ma supérieure de l’époque, D., m’en avait d’ailleurs glissé un mot, en me demandant de changer d’attitude. J’ai eu la chance, avec cet emploi, de tomber sur des gens biens, qui tendent à nommer les choses.

Après environ deux ans, j’ai décidé que je voulais partir. Par contre, j’ai eu la bonne idée de me demander pourquoi, pour éviter de reproduire exactement les mêmes malaises dans un autre organisme ou entreprise. J’ai réalisé que je ne voulais pas vraiment partir, mais plutôt travailler davantage avec les autres et partager un bureau avec quelqu’un plutôt qu’en avoir toute seule. Ce n’est pas partout où l’on peut vivre de sa plume en écrivant des textes qui ne sont pas complètement idiots, comme de la pub. Réaliser cela m’a beaucoup aidée. Ça été un premier pas dans la bonne direction.

Je me rappelle les premières semaines à mon nouvel emploi, voire les premiers mois, où les gens venaient vers moi. M.-A., en particulier, qui venait me sourire avec sa tasse de café. Je n’ai pas su apprécier cela, en voir la valeur. Je crois que mes goûts et dégoûts ont été trop apparents et ma carapace, trop mince. Je me rappelle du regard surpris de M.-A. quand je m’étais assise à côté d’elle et son équipe, un midi, comme si je faisais partie de sa gang. J’ai interprété sa surprise comme un rejet, mais c’était peut-être simplement de la surprise.

À vouloir parler avec tout le monde, je me retrouve souvent à parler avec personne 😦

James Pennebaker : mon travail I

J’ai été travailleuse autonome plus de 10 ans. J’avais eu quelques emplois salariés auparavant, mais il s’agissait surtout d’emplois étudiants ou de postes avec des conditions particulières (par exemple, un travail de nuit en solitaire). Quand je suis arrivée à mon emploi actuel, je ne savais pas comment fonctionnait les relations humaines dans un bureau, ni surtout comment les gérer.

Nous sommes environ 200, là où je travaille, et environ une quinzaine seulement dans mon équipe. Je me souviens, les premières semaines, où je trouvais important d’apprendre le nom de tout le monde, des 200 quelque personnes. Un peu par principe, un peu par obligation. Une grosse erreur, comme je le réalise aujourd’hui. Moi, une personne réservée, qui a du mal se confier et à aller vers l’autre, je voulais apprendre le nom de tout le monde, parler avec tout le monde. Dans mon esprit, c’était la chose à faire.

En fait, je réalise aujourd’hui que je n’ai pas tant de mal à aller vers les autres, mais plutôt à rester près d’eux quand je vois des signes de désapprobation ou de désaccord de leur part. Je prend ces signes désapprobateurs comme des verdicts définitifs : « je ne t’aime pas ». Dans les faits, je réalise qu’une relation se négocie constamment. Que moi-même j’ai parfois des regards qui peuvent désapprobateurs mais qui, dans le fond, ne trahissent que de l’incompréhension ou, certes, un malaise, mais qui ne relève que de moi. Bref, une désapprobation apparente est loin d’être un signe définitif de quoi que ce soit, surtout au début d’une relations. Tout autant qu’un signe approbateur, d’ailleurs!

Je me souviens encore de I., qui avait sourit de plaisir et de surprise quand elle avait réalisé que j’avais retenu son nom. Elle a démissionné depuis et je n’ai guère d’autres souvenirs d’elle… Je me souviens aussi de …, un garçon qui travaillait à l’entrepôt et dont j’oublie le nom et avec qui je m’entendais bien. Il a démissionné lui aussi. Je ne l’ai appris que plusieurs semaines plus tard, quand j’ai demandé où il était passé. Je pense aussi à M., à l’accueil, à qui je me confie parfois. C’est une des personnes avec qui je parle le plus au travail, mais je ne suis pas vraiment proche d’elle.

Je vois à quel point je ne suis pas intégrée dans ma propre équipe, en partie à cause de mon travail, et en partie à cause de moi. Je constate que je partage pas de larges pans de la culture de mes collègues : je n’écoute pas les séries télévisées, je n’écoute pas la radio commerciale, je trippe pas mal moins qu’eux sur les restos branchés. Même si cela ne facilite pas les rapports, cela n’explique pas tout. M.-A. est très politisée et réussit tout de même à jaser avec tout le monde. J.-V. est très grano et parfois aussi déconnectée que moi, ce qui ne l’empêche pas de parler elle aussi à tout le monde et de mettre une bonne ambiance dans le département.

Cela fera quatre ans le 1er octobre que je travaille à cet endroit. J’ai beaucoup de regrets. Je regrette de ne pas être plus proche de M.-J. J’aurais aimé savoir il y a quatre ans qu’il ne faut pas se laisser décourager par un regard désapprobateur : qu’il faut continuer à être soi et savoir, qu’éventuellement, les autres nous apprécieront. C’est ce qui se passe avec A. D.-D. Bien qu’elle soit hypocondriaque et ait peur de tout, c’est elle et les l’apprécient pour ce qu’elle est, moi incluse.

 

Équanimité : un coeur ouvert juste comme il faut

Pendant plusieurs années, j’ai parlé de mon coeur (ici, par exemple, ou ici). Je le disais souvent trop ouvert ou trop fermé. Je le décrivais aussi souvent de différentes façons : comme une tour en bois pleine de portes et de fenêtres ouvertes aux quatre vents; protégé par de vieilles planches; protégé par une vitre épaisse; aligné, comme s’il partait de mon tan tien, sous mon nombril, et montait jusque sous ma gorge; comme un coffre de pirate, rempli de trésors; comme une vieille lanterne dont la clarté variait selon le vent… Aujourd’hui, ces images sont moins présentes. Maintenant, je le sens généralement dans ma poitrine quand je suis là : je suis calme et présente et je ne suis pas en train de râler intérieurement contre ce que disent ou font les gens autour de moi. I go with the flow, comme on dit  😉

coeur-de-coeurs

Hier, par exemple, avec ma mère… Ma mère qui parle beaucoup et qui saute sans arrêt d’un sujet à l’autre, souvent sans attendre qu’on lui réponde. Pour moi, qui est lente et qui aime vider les sujets, c’est insupportable. D’habitude, donc, je me ferme et je deviens marabout en me disant : « Elle ne comprend rien, elle ne comprend jamais rien. » Hier, je suis plutôt arrivée à respirer, à « prendre sur moi » et à davantage amener la conversation où je voulais. C’est encore très exigeant — aujourd’hui, par exemple, je n’ai pas eu la force d’affronter mes collègues et j’ai travaillé à la maison. Mais ça s’améliore tranquillement.

C’est plus clair aussi pour moi ce que je voulais dire quand je parlais de mon coeur trop ouvert ou trop fermé. Un coeur trop ouvert, c’est une fierté et une joie excessives, une confiance quasi-aveugle que tout est réglé et que tout ira définitivement bien. Un coeur trop ouvert, c’est être naïf et un peu enfant. Je pense qu’on peut l’être, naïf, mais en toute connaissance de cause et en se rappelant que rien n’est jamais acquis. Bref, en se gardant une certaine gêne.

Un coeur trop fermé, à l’inverse, c’est un coeur râleur et égoïste qui ne laisse pas entrer les autres. Il ne voit que ses propres problèmes et ses propres points de vue et il oublie tout le reste, comme le fait que les autres aussi ont des problèmes, des vies, des angoisses. C’est un coeur qui a peur et qui se protège plutôt que de faire confiance aux autres.

C’est un exercice d’équilibre constant, entre l’ouverture à la réalité et le respect de soi, entre la fierté et la joie et — je ne trouve pas d’autre mot — le respect de soi.

J’ai des petits moments de grâce, comme tout à l’heure où j’écoutais Les invincibles. J’ai été touchée par la fin d’un épisode, où les quatre gars (qui sont un peu des douche bags, faut se le dire 😉 se laissent aller aux amours qu’ils veulent, même si cela n’est pas vraiment rationnel. La trame sonore de la scène, c’était une version acoustique de Every rose has its thorn. J’écoute la version de Poison en boucle depuis tout à l’heure et ça me touche. Je trouve ça beau, et je trouve ça beau d’être touchée.

 

James Pennebaker : mon travail, la suite

Quelque chose d’incroyable s’est produit au travail. Je qualifierais presque cela de miracle. Lundi ou mardi matin, M.-J., la collègue qui ne cache pas l’antipathie qu’elle me porte, a détourné le regard avec un air contrarié, comme d’habitude, quand j’ai passé devant son bureau. Le miracle c’est que moi, ce matin-là, plutôt que de me sauver piteusement ou de regretter d’être née, je me suis arrêtée et je lui ai dit : « M.-J., j’aimerais vraiment cela que tu me dises un jour pourquoi je te tape autant sur les nerfs. » Je suis encore éblouie par mon courage 😀

La conversation n’a pas duré très longtemps, mais M.-J. m’a dit que c’était un conflit de personnalité. Nous ne sommes pas devenues des amies, mais nos rapports sont un peu plus faciles.

J’y vois un lien avec l’exercice d’écriture que j’ai fait. Finalement, je me rends compte que j’ai beaucoup aimé faire cet exercice recommandé par James Pennebaker. J’étais motivée à le faire (même si un peu craintive) et, vraiment, je me sens mieux. À ceux qui qualifieraient cela d’effet placebo, je rappelerais que, avec l’effet placebo, les patients guérissent réellement, mais sans médicament 😉

J’aimerais refaire le même exercice au sujet de mes rapports avec mes collègues, justement. Ç’a été assez traumatique et je crois que j’en aurais long à dire… 😑

James Pennebaker : papa III

Je me souvient m’être blessée le pied en marchant sur un morceau de verre dans un parc proche de chez mon père. Je devais être jeune adolescente. Je me rappelle que mon père a prit soin de moi et m’a amenée à l’urgence.

Longtemps, je n’ai pas cru à la famille. Je disais : « Pourquoi devrais-je me parler avec ce vieux-là [mon père] plutôt qu’un autre? » Aujourd’hui, j’ai un peu changé. Je me dis : pourquoi pas ce vieux-là? La biologie n’est probablement pas une raison suffisante, en soi, pour entretenir des liens avec quelqu’un. Mais c’est une maudite bonne excuse, surtout que si mon père est une personne brusque, il est aussi généreux, curieux et attentif.

Je me rappelle son 75e anniversaire, où il y avait près de 100 invités. Des membres de sa famille et des amis d’enfance, pour la plupart. Mon père est un homme apprécié, qui aime rire – incluant de lui-même. L’auto-dérision est une belle qualité que je cherche à développer.

J’en ai longtemps voulu à mon père de ne pas m’avoir montré comment lire le journal, tirer à la carabine ou pêcher. Mais, depuis que j’ai acheté un condo, il vient faire des petits travaux chez-moi et je joue à l’apprentie. Peut-être qu’avant j’étais plus fermée, plus fâchée et moins ouverte à ses enseignements.

Mon père est aussi chialeux : il ronchonne contre le gouvernement, les autres conducteurs, ceux qui jettent leurs déchets dans la rue… La plupart du temps, quand je propose une idée, il dit d’abord que ça ne marchera pas. Je commence toutefois à me rendre compte que, un jour ou deux plus tard, il m’en reparle pour me dire que… ça pourrait marcher. Il critique moins en vieillissant. Il se rend compte qu’il chiale beaucoup et il essaie de se corriger. Récemment, il a même suivi un conseil de sa soeur Élizabeth 🙂

La famille de mon père, c’est mon sang : c’est à eux que je ressemble, physiquement et psychiquement. Nous partageons plusieurs valeurs, nous avons la même sensibilité et la même tendance à la nostalgie et à la dépression.

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James Pennebaker suggère d’écrire sur un événement traumatisant qui nous est arrivé pendant vingt minutes, trois jours d’affilé. Aujourd’hui est le troisième jour. C’est bizarre. Les deux premiers jours, j’ai pleuré ma vie en rédigeant mes posts (mais juste en les écrivant : les relire ne me faisait presque pas d’effet.) Ce soir, par contre, j’ai l’oeil sec. Est-ce à cause de l’heure de la journée? Ou peut-être parce que c’est la fin de l’exercice. En tout cas, je crois que cela a été utile. Il me semble que quelque chose a débloqué 🙂