Je suis en route vers l’appartement de A.-M. et H. Nous avons prévu jouer à 7 Wonders, un jeu de table. Alors que je préparais le nécessaire chez-moi, et maintenant que je suis dans le métro, en route, et même en me levant ce matin, en me réveillant cette nuit ou avec ma collègue cette semaine, de plus en plus souvent j’arrive à revenir aux sensations dans mon abdomen, à desserrer les dents et à composer avec le réel : le pas plus lent d’une passante qui regarde son téléphone plutôt que devant elle, ma tante qui me donne des conseils plus ou moins appropriés, un ami qui change nos plans à la dernière minute, une collègue qui a besoin de beaucoup de reconnaissance.
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Nous sommes déjà trois jours plus tard. L’après-midi 7 Wonders avec A.-M. et H. a été très agréable. Me voici maintenant devant mon ordinateur, avec une heure qui avance et un post que je n’ai jamais terminé.
Je remarque que j’écris moins qu’avant sur mon blogue. Je me demande si je serais prête à passer à des narrations plus terre-à-terre, comme Rosaline qui parle de son travail, de ses travaux d’aiguille, de ses lectures, de son ado, de son husband… Moi, j’ai plus de mal à parler du sac à main que je veux acheter que de mon ego qui me fatigue. Disons qu’en société, ça fait drôle.
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Même si j’écris moins, je voulais tout de même noter les choses qui m’ont émue dernièrement, comme écrire ce post :p M’ouvrir à moi-même me fait pleurer… Mais pas de tristesse. Plutôt de joie, voire de surprise, genre : « Oh, il y a encore quelqu’un là-dedans qui ne s’en fout pas?! » Dernièrement, j’ai pleuré…
- en lisant la fin de L’homme blanc, de Perrine Leblanc, quand Kolia rend hommage seul et en silence à un ami enterré depuis plus de 50 ans dans une fosse commune invisible aux non-initiés
- en écrivant « Prends soin de toi, A. » dans un courriel, un peu comme je pleurais il y a un ou deux ans en écrivant à Sy.L.
- en écrivant un article sur ceux qui développent une nouvelle méthode de soutien à la cessation tabagique basée sur les principes de la méditation bouddhiste
- en regardant des travailleurs de la construction travailler, chacun à la fois isolé dans sa tâche et membre d’une équipe
- en écoutant un chercheur vulgariser ses connaissances lors d’une conférence grand public
C’est toujours le lien qui m’émeut, la capacité de l’humain à donner de manière naturelle, à s’intégrer dans un tout plus grand que lui.
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Je me suis déconnectée de Facebook il y a deux ou trois jours, comme je voulais le faire depuis déjà quelques mois. Ce fil de nouvelles public, où chacun est invité à réagir sur tout et n’importe quoi, me rend généralement maussade et mélancolique. Je vais plutôt essayer de contacter directement les gens que j’ai envie de voir, les inviter, prendre de leurs nouvelles.
Tout cela appartient à un changement à multiples facettes et plus profond qui s’opère en moi. En écrivant mon texte sur la méditation bouddhiste et la cessation tabagique, je suis tombée sur un graphique qui l’illustre bien. Être bien dans ses baskets, c’est notamment ne pas éviter certaines expériences qui nous angoissent ou nous effraient; accepter que notre définition de nous-mêmes change; connaître ses valeurs et agir selon elles.
Or, dernièrement, j’ai commencé à aller voir des spectacles de danse et je me rends compte que je deviens une personne qui aime la danse. J’ai aussi énormément réduit ma consommation de viande et de sucre (presque sans effort), ce qui correspond tout à fait à mes valeurs environnementales et de soin de soi. Je me rends compte que je me sens beaucoup mieux physiquement. Ces derniers jours, j’ai même commencé à me lever quand mon corps se réveille naturellement, à l’aube. J’appelle plus souvent mes amies et ma famille.
Je crois que tout cela forme un tout.
Bon, j’ai peut-être l’air ben zen de même, mais il me reste encore tout un chemin à parcourir. Juste ne pas pleurer quand j’écris « Prends soin de toi » à A. serait un bon début 😉