On continue II

WordPress m’a envoyé des statistiques sur la fréquentation de mon blogue, et j’ai vu que mon article de 2017 « On continue! » avait été consulté deux fois dans le dernier mois. Du coup, je suis allée le relire, moi aussi, et franchement, c’est encourageant 🙂

À l’époque, je venais juste de terminer de répondre au questionnaire de Proust (un exercice qui m’avait aidé à plonger en moi et que j’avais bien aimé) et je me demandais quoi faire. Je citais trois envies que j’ai toutes actualisées depuis : me livrer à l’exercice d’écriture suggéré par James Pennebaker, répondre aux 210 questions de la revue Flow et aller voir du côté de mon enfant intérieur. Même si ce n’est pas renversant, c’est quand même cool. Et ça, ça m’a encouragée à laisser quelques mots sur mon blogue aujourd’hui, ce que je n’ai pas fait depuis plusieurs mois. Parce que, tsé, on continue.

Les travaux dans mon condo ont ENFIN commencé et devraient se terminer d’ici 3 à 4 semaines. J’ai perdu tous mes murs, en plus de mon plafond, et les ouvriers ont refait toute la structure en bois. Dimanche, ils posent le gypse.

En attendant, j’habite chez ma mère. Depuis presque un mois, en fait. J’ai amené mes fringues d’hiver, ma table de travail, mes livres, ma bouffe végé, ma chatte… Et personne n’est encore blessé ni mort, donc ça va 😉 En fait, ça va de mieux en mieux. Ceux et celles qui ont lu quelques articles de mon blogue savent comment la relation avec ma mère est compliquée… Je l’aime mais elle me tape souvent sur les nerfs!

Mais, jeudi, j’ai renoué avec La Chapelle après une absence de plusieurs mois, et ça m’a… je ne sais pas, humanisée? En tout cas, depuis deux jours, ça va mieux avec ma maman. J’ai recommencé à prier et je demande à Dieu de me donner plus d’humilité… Depuis longtemps, je demande à Dieu de me donner de la patience avec elle, mais je pense que l’humilité est plus proche de mon besoin.

J’ai tendance à mépriser ma mère, parce qu’elle bien ancrée dans ses habitudes, n’aime pas la nouveauté, a peur de choses inoffensives, préfère la radio commerciale à la radio publique, ne peut pas envisager vivre sans voiture, se contredit… En listant tous ces prétendus « défauts » ici, on dirait que je vois mieux à quel point mon mépris est absurde. Je pardonnerais ces mêmes « défauts » beaucoup facilement à d’autres, ou je cacherais un peu mieux mon mépris pour préserver ma relation.

Et non seulement mon attitude supérieure et impatiente est blessante pour ma mère, mais elle m’empêche aussi de profiter de ses qualités : son sens de l’humour, sa souplesse, sa générosité, son caractère affectueux, ses idées parfois brillantes…

C’est aller au 5@7 de La Chapelle, jeudi, qui m’a ramenée sur Terre. Ces petits groupes de discussion et de prière sont des groupes de soutien chrétiens. On y parle des vraies affaires, de ce qui nous dérange vraiment, de ce qui nous a éloigné ou rapproché de Dieu… Pour ma part, ça fait des mois que je ne suis pas allée à La Chapelle (et les 5@7 étaient arrêtés depuis je ne sais plus quand parce que nos hôtes étaient malades…). J’ai pris une bonne pause parce que, dans un groupe de discussion en ligne créé par un ou une membre de l’église, j’ai lu des commentaires homophobes 😦 Des niaiseries, genre : c’est écrit dans la Bible que c’est interdit, que c’est un péché…

La gang de mon 5@7 m’a consolée… L., en particulier, m’a dit qu’elle était désolée que j’ai eu à subir ça, ce qui m’a fait du bien. Et J. a trouvé le passage dans Matthieu où il est dit qu’il ne faut pas juger, en rappelant qu’on trouve toutes sortes de choses dans la Bible et que l’interpréter littéralement n’est pas utile ni éclairant. Ah oui, L. a dit aussi que La Chapelle est l’église de tout le monde, dans le sens où j’y ai ma place, mais moi j’ai compris : les homophobes aussi. Et c’est vrai. Bref, le 5@7 m’a acceptée telle que je suis et m’a consolée. Et O. était tellement inspirante avec sa relation avec Dieu simple et si profonde… Demain dimanche, je vais à la réunion de 9h30. Parce qu’il faut continuer… Sinon… quoi?

Le bien, le mal, le bonheur 1

Ça me préoccupe depuis des semaines : distinguer le bien du mal. Alors que je suis convaincue de le savoir et que, sur cette base, je juge tout autour de moi, je vois bien qu’il a là quelque chose de malsain. La preuve : plus je juge, plus je suis malheureuse; plus je suis malheureuse, plus je juge.

Comme par hasard, c’est pile ce qu’on peut lire dans la Genèse : c’est en mangeant un fruit de l’arbre de la connaissance qu’Adam et Ève, devenant des Dieux, peuvent soudainement distinguer le bien du mal, ont honte de leur nudité et se cachent dans les buissons pour échapper au regard de Dieu (haha, comme l’humain peut être absurde parfois!) avant d’être chassés de l’Éden.

Oui, mais tout de même : il y a bien des actes qui sont mauvais et d’autres qui sont bons, non? Et on devrait être capable de les distinguer, non? Sûrement. Mais ce n’est pas à nous de le dire. Dans son message sur le bien et le mal, le pasteur Jean-René se demande avec son humour habituel : est-ce que j’ai le droit? Est-ce que j’ai le droit de porter un t-shirt d’AC/DC en prêchant? De prendre de la drogue en venant à l’église? De faire le sexe avant de me marier, de tricher pendant un examen? Oui, oui, oui et oui, répond le pasteur. En somme : on se mêle de ce qui ne nous regarde pas en qualifiant de « mal » certains comportements.

« On s’est mêlé de beaucoup de choses au nom de la religion, et on s’en mêle encore, dit Jean-René. C’est la plus grande distraction du vrai message de Dieu et un des plus grands voleurs de la grâce. »

Il se donne en exemple. Lorsqu’il a commencé à fréquenter La Chapelle, il prenait de la drogue et en vendait. Un jour, sa mère lui demande s’il consomme encore, il répond honnêtement, par la positive et… elle ne répond rien. Elle ne le juge pas et ne lui conseille pas d’arrêter, même si elle était probablement triste ou inquiète de la situation. « C’est le plus cadeau qu’elle aurait pu me faire, dit Jean-René : faire confiance qu’il valait mieux laisser le Saint-Esprit me guider, plutôt que d’essayer de faire mieux que lui. »

C’est beau, mais dur à mettre en pratique… Il faut que je me rappelle, bêtement, que j’ignore toujours pourquoi une personne agit comme ceci ou comme cela, même si j’ai quelques hypothèses – genre, c’est une crisse de conne 😉 😉 Plus sérieusement, si quelqu’un me juge pour mon comportement, je vais l’envoyer promener; pourquoi un ou une autre réagiront-ils différemment si je les juge?

Dans son message, Jean-René donne aussi l’exemple de femme adultère. Les hommes de la loi tendent un piège à Jésus, en lançant devant lui une femme coupable d’adultère, prise sur le fait, qu’ils lui demandent de la condamner. Au contraire, Jésus s’assoit sur le sol, à côté de la femme, et dessine dans la poussière. Au final, les hommes de loi quittent un à un, et Jésus dit à la femme qu’il ne la condamne pas, tout en l’enjoignant à ne plus pêcher.

Bon, on me répondra qu’en 2023, c’est facile de pardonner l’adultère! Mais c’est une métaphore pour tous les comportements mal vus en société. Aujourd’hui, il faut donc aussi pardonner la destruction de l’environnement, l’absence de sens civique, les propos racistes, la consommation ostentatoire… Ouf. Je m’énerve chaque fois que je vois un VUS, le chemin va être long.

Ça ne veut pas dire de tout laisser passer en haussant les épaules avec indifférence. Ça veut dire créer un lien avec la personne « fautive » pour comprendre son comportement et lui offrir de la compassion et/ou de l’aide plutôt qu’un jugement sans appel. Quitte à lui dire : je t’aime, mais ton comportement me blesse trop pour que j’accepte de passer du temps avec toi. (Je n’ai pas dit que ce serait facile!!)

C’est rough

Je suis triste et je ne sais pas pourquoi. C’est la plus difficile des tristesses, car on ne sait pas trop comment la soigner, quelle action poser pour aller mieux… Je n’aime pas le dernier texte que j’ai publié sur ce blogue : Être meilleure que. Avoir besoin de fumer pour s’ouvrir, hum… ce n’est jamais un bon signe.

Je suis triste, et je ne sais pas pourquoi. Je me sens seule, et j’en suis la seule responsable. Quand j’ai écris « Être meilleure que », j’ai aussi noté dans mon cahier les occasions de socialiser que je n’avais pas saisies : l’appel à M.A. qui reste à faire, les photos jamais envoyées à F.L., l’invitation à C.T. qui traîne… Depuis, heureusement — et je m’en rends compte en rédigeant ce texte — j’ai écris à M.A. et j’ai envoyé mes photos à F.L. et, du coup, une sortie est prévue avec chacune d’elle.

Je suis triste et, dans le fond, je sais un peu pourquoi. Je me suis chicanée avec ma mère, que j’ai blessée. Heureusement, je lui ai demandé de m’expliquer ses sentiments et je me suis engagée à faire plus attention à l’avenir – et j’entends bien tenir mon engagement. Mais la peine que je lui ai causée me pèse… D’ailleurs, je planifie l’appeler pour voir comment elle va et jaser encore un peu de notre différend, afin d’en atténuer encore davantage les tranchants acérés. Écrire ce texte va m’aider à y arriver.

Je suis triste et, dans le fond, je sais un peu pourquoi. Hier, j’ai rencontré des militants de Québec solidaire et J.V.-P. — un être particulièrement doux et allumé — m’a confié une anecdote. Et moi de répondre « Oh, c’est méchant [de ta part] d’avoir fait ça! » Je l’ai senti se rétracter physiquement. Oui, ça se dit, mais pas avec le degré d’intimité que nous partageons actuellement. Bref, même si je me pardonne (je commence à me connaître!), ça me rend triste.

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Cette tristesse est présente depuis plusieurs semaines, voire quelques mois. Ce matin, j’ai parlé au Seigneur pour la première fois depuis au moins trois semaines, et ç’a m’a fait du bien. Suivant un des conseils de David Pothier, j’ai prié en parlant de ce qui est présent, même si ça parle de moi, même si ce n’est pas glorieux, même si c’est égoïste.

Mais aujourd’hui, ou hier, je me suis aussi dit que je dois lâcher au moins temporairement les grandes réflexions sur le bien et le mal — et ce texte sur ce sujet que j’essaie d’écrire depuis plusieurs mois — et me concentrer sur des choses plus concrètes, comme la relation avec ma mère, avec C.T. et avec les autres, et des pratiques spirituelles concrètes, comme la prière.

Être (plus) reconnaissante

J’étais partie pour écrire un texte sur le jugement (je juge tellement les autres!), mais je suis retombée sur cet article presque terminé, mais resté en brouillon et qui résonne encore, donc je publie — et reviendrai plus tard sur le jugement!

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Il y a de la confusion dans ma vie en ce moment. J’ai du mal à comprendre ce qui se passe dans ma tête ou mon cœur, qu’il s’agisse d’une soudaine tristesse, d’une forte joie, d’une apathie totale ou d’un regain d’énergie…

Je sais que je devrais écrire ici plus souvent — j’en connais tellement la puissance! — mais comme tout médicament puissant, il m’effraie autant qu’il me soigne… Quand je vais particulièrement mal, je me tourne quand même vers la méditation ou La Chapelle, à défaut de retourner voir un ou une psychologue 😉

Le balado de La Chapelle est particulièrement inspirant, surtout certains pasteur comme Jean-Philippe Beaudry. Il est un peu mononcle, des fois, mais son message sur l’écho de la grâce est spécialement inspirant. À première vue, ce sont des évidences, mais il fait bon de se les rappeler. J’ai écouté le message deux fois, et j’en résume les grandes lignes ici pour bien me les rentrer dans la tête.

Comme toujours, Jean-Philippe commence son message en parlant de lui. Il vit une saison chargée. Son travail à l’église est demandant tandis que ses enfants apportent leur lot de défis. Comme bien des gens dans sa situation, Jean-Philippe est tombé dans la plainte. C’est sa femme qui le lui a rappelé : tout ce qu’il trouve lourd en ce moment, c’est exactement ce qu’il appelait de ses vœux il y a quelques mois ou quelques années.

En somme, son travail et ses enfants ne sont pas des sujets de plainte, mais de bénédiction.

On prie de trouver un amoureux puis, une fois qu’il apparaît, on se plaint qu’il ne répond pas à nos attentes. Je rêve de me rapprocher de ma mère mais, lorsqu’elle me raconte ses histoires détaillées ou me questionne sur ma vie, j’ai envie d’être ailleurs… :/ Bref, ma mère est ici, pleine d’amour, et elle veut que je lui raconte ma journée, mais moi je me plains.

« La seconde où j’ai commencé à remercier Dieu pour tout cela — ma charge de travail, mon garçon qui ne dort pas — l’atmosphère dans mon cœur a complètement changé », dit Jean-Philippe. Et je le comprends, je le ressens tout à fait : changer sa perspective grognonne — « fait chier… » — pour une attitude au moins neutre, ça change réellement la vie. Ce n’est pas mettre des lunettes rose de force, mais respirer, relativiser et reprendre sa place dans l’univers.

En somme, on ne loue pas Dieu (ou la vie, ou l’univers, ou la force du hasard) parce que notre vie est parfaite, mais pour ce qui est bel et bien présent : une église vivante dans la ville de Québec, un enfant en santé, une mère aimante et présente, une journée qui débute avec toutes ses possibilités, etc.

Pour Jean-Philippe, il y a un lien direct entre la grâce de Dieu — c’est-à-dire les cadeaux qu’il nous donne, incluant les événements difficiles qui nous permettent d’avancer — et la reconnaissance ou la grâce qu’on lui porte pour ces cadeaux. En somme, plus on accepte les événements qui nous tombent dessus, plus on en retire de bienfaits. C’est logique : si on est en train de rêver à autre chose, on ne peut pas vivre sa vie telle qu’elle est et s’y appuyer pour grandir.

Cet abandon à quelque chose de plus grand peut paraître frustrant, mais cela représente bien la réalité, même si l’oublie… En effet, on est responsable de bien de peu de choses : on ne choisit pas ses parents, son degré de santé, ses handicaps, sa génétique, son lieu de naissance, sa fratrie, ses capacités intellectuelles ou physiques, etc., alors que tout ces éléments et bien d’autres influencent TELLEMENT qui nous sommes et ce que nous pouvons faire! Nous croyons être en contrôle — et rêvons même de contrôler les autres — alors que nous ne contrôlons en fait presque rien. On ne sait même pas d’où nous venons, pourquoi nous sommes là, ni où nous allons. Donc, oui, nos actions colorent notre vie, mais la vaste majorité de ses paramètres nous échappent.

Ainsi, nous dit Jean-Philippe, en citant la Bible, quand tu mangeras à satiété, que tu verras tes avoirs se multiplier et tout ce qui est à toi se développer, ne laisse pas ton cœur s’enorgueillir et n’oublie pas l’Éternel, ton Dieu (ou la vie, ou l’univers, ou la force du hasard…). Fais bien attention de ne pas te dire, en ton cœur, que c’est par ta force et la puissance de ta main que tu acquis ses richesses… Au contraire — et c’est la base –, quand on nous donne un cadeau, on dit merci.

Encore mieux : on loue le Seigneur (ou la vie, ou l’univers, ou la force du hasard) pour ce qu’il va faire, pour ce qui nous attend.

Et quand les choses ne vont pas comme on veut, on se calme, on respire, et on se rappelle notre place assez insignifiante dans l’univers et que de se fermer au réel est la pire façon d’en retirer quoi que ce soit.

Six cours avec La Chapelle

Comme souvent, écrire sur mon blogue me demande un effort. C’est angoissant d’aligner mes idées, peut-être par peur de me rendre compte qu’elle sont inachevées ou pire, banales… Surtout que c’est du lourd : Dieu, encore! Rien de moins!

Commençons par le cours d’introduction sur la vie chrétienne de six semaines que j’ai terminé il y a quelques semaines avec La Chapelle. Je n’ai pas été d’accord avec tout, mais cela m’a permis de mieux définir mes croyances et, au final, le tout m’a été très utile. Les organisateurs ont parlé d’une deuxième « session » et je suis plus que partante.

Source

Les six cours ont abordé les thèmes suivants : Jésus-Christ, la Bible, le Saint-Esprit, le combat spirituel, la vie en communauté et la prière. Donc, qu’est-ce que j’en retiens?

Le premier cours nous a appris que Jésus-Christ est à la fois 100 % homme et 100 % Dieu (ça m’a fait penser à la lumière, qui est à la fois une onde et une particule 😉 )

Les chrétiens croient aussi que Dieu s’est incarné en Jésus, qu’il est Dieu et même qu’il est la seule incarnation de Dieu… Sincèrement, et sans méchanceté, cela me semble un peu borné. Comme si Dieu, s’il existe, ne s’était pas manifesté sous d’autres formes avec plus ou moins de force, que ce soit dans Martin Luther King, Gandhi, Bouddha ou d’autres.

Cela dit, cette croyance en Jésus-Christ Fils de Dieu n’a pas que des défauts. Par exemple, si j’ai pu assister à ces cours et bénéficier des lumières/réflexions de La Chapelle, c’est bien parce que des gens se sont rassemblés autour de Jésus. Sans leur croyance, j’aurais eu plus de mal à appronfondir la mienne.

Ce premier cours nous a aussi appris que le Christ est l’enfant de Dieu, comme nous tous sauf que, contrairement à nous, il serait parfait et n’aurait jamais pêché. C’est le héros qui vient nous sauver. Selon Jean 14:6, il aurait dit : « Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. » Pour les chrétiens, cela signifie qu’il est mort sur la croix pour laver nos pêchés. Je ne sais pas trop ce que je pense du symbolisme de la croix, mais je trouve les concepts de grâce et de péchés très riches.

En gros, le pêché ne mène nulle part, sauf à la séparation – les chrétiens disent « d’avec Dieu », ce qui est sûrement vrai, mais aussi d’avec soi-même (on s’éloigne de qui nous sommes et de nos valeurs) et des autres (on les blesse, on boude, on médit, etc.). De plus, dans la théologie chrétienne, c’est moi qui aurait dû mourir sur la croix à cause de mes innombrables pêchés (actes égoïstes, paroles brusques, ressentiment, etc.) mais, Dieu m’a tout de même laissé la vie. Cette vie que je ne mérite pas, c’est la grâce. Tout ce que j’ai, mes dons et qualités sont autant de grâces : des cadeaux de Dieu gratuits et éternels qui entraînent (ou soulignent?) ma dépendance envers lui. Jusque là, je suis assez d’accord. En fait, cette série de cours m’a fait réaliser à quel point je ne contrôle pas grand chose — mes talents, mes parents, ma génétique — alors qu’ils ont une si grande influence sur ma vie!

Pour bénéficier de ces grâces, les chrétiens n’ont que deux obligations : d’une part, croire que Jésus a fait ce qu’il a prétendu faire et qu’il a été ce qu’il a prétendu être et, d’autre part, se repentir, c’est-à-dire ne excuser leurs comportements répréhensibles, en blâmer les autres ou les balayer sous le tapis.

Le deuxième cours a abordé la Bible. Celle-ci aurait été inspirée par le Saint-Esprit à des hommes nécessairement imparfaits. Les chrétiens ne voient pas la Bible comme un livre, mais bien 66 livres, c’est-à-dire l’équivalent d’une petite bibliothèque.

Pour ma part, j’ai encore vraiment du mal à lire cet ouvrage qui est présenté comme la « parole de Dieu » alors que, dans les faits, il a été écrit par bien des gens différents avec bien des motifs différents, comme le démontre notamment Thomas Römer en utilisant une approche socio-historique dans La Bible, quelles histoires! Et j’ai même appris dans cette conférence d’Henri Guillemin sur « l’affaire Jésus » que C.M. m’a envoyée récemment que Jésus a découvert sa vocation de messie sur le tard, vers 30 ans, lorsque Jean Baptiste l’a baptisé…

Tout ça pour dire que je ne suis pas encore sûre de la valeur réelle ce cet ouvrage… C’est sûr qu’il s’agit d’un ouvrage important. Peu de livres sont aussi connus et ont aussi bien traversé les siècles que la Bible. Pour les chrétiens (ou en tout cas, pour les gens de La Chapelle), cet ouvrage a été dicté par Dieu et qui ne contient pas d’erreurs (!). Les gens de La Chapelle recommandent les vidéos du Bible Project, qui présentent apparemment très bien les différents livres de la Bible.

Selon La Chapelle, la Bible contient seulement deux enseignements principaux :

  1. Aime Dieu de tout ton cœur, ce qui veut dire : apprend à le connaître, et passe du temps avec lui. C’est difficile d’aimer quelqu’un qu’on ne fréquente pas et qu’on connaît mal.
  2. Aime l’autre comme toi-même, volontairement et de bonne foi, prends-en soin. Corinthiens 13 aborde la question de l’amour.

Et comment doit-on lire la Bible? D’abord, en se recueillant. Ensuite, en gardant l’histoire globale de cette « petite bibliothèque » en tête, c’est-à-dire la Création, l’Éden, la Chute et l’attente du Messie (je ne savais pas du tout que les chrétiens croient au retour du Christ o_O ). Et enfin en lisant toujours un verset ou un chapitre dans son contexte.

Parce que l’objectif, c’est de lire la Bible régulièrement et idéalement tous les jours (hum, hum, comme la méditation que Goenka recommande aussi de pratiquer tous les jours!). L’intention : connaître Dieu. Je ne sais pas trop si je suis d’accord, mais selon les pasteurs de La Chapelle, contrairement aux autres livres, la Bible te permet de te révéler à toi-même et de connaître la Parole de Dieu.

Le troisième cours a abordé le Saint-Esprit. Le pasteur a d’abord insisté sur la nature unique de Dieu. Il est plusieurs (par exemple, il n’est pas justice ou amour, mais justice et amour), indépendant (il existe par lui-même), immuable (il ne change pas) et omniscient (il sait tout).

Bref, il est à la fois un et trois êtres en même temps : Dieu, Jésus-Christ et le Saint-Esprit.

Pendant ce cours-là, je pensais beaucoup au principe scientifique de « l’élégance » voulant que les théories élégantes (et donc les plus simples) soient les meilleures. Genre : E = MC2. Simple, universel et applicables à plein de phénomènes. Le Dieu trinitaire, l’Éden, la chute, le Fils de Dieu mort pour nos pêchés, tout ça me paraissait très compliqué et très lourd jusqu’à ce qu’une participante me fasse remarquer que moi aussi je suis composée de trois « êtres » : mon corps (en parallèle au Christ), mon esprit (en parallèle au Saint-Esprit) et Dieu (en parallèle à ma spiritualité). Je ne dis pas que je suis équivalente à Dieu, mais l’idée qu’il soit trinitaire me paraît seulement un peu plus sensée!

Mon amie J.C. appelle ces contes chrétiens « le gravy« , c’est-à-dire le décor dans lequel les premiers chrétiens ont planté leur croyance, ou avec lequel ils l’ont enjolivée, dans le but de marquer les esprits et de convaincre. Plus j’avance dans mes réflexions, plus cette fixation sur Jésus me dérange. En ce moment, je me dirige davantage vers le panthéisme : Dieu est tout. Après tout, on est tous des poussières d’étoile et on vient tous de la même tête d’épingle pré-Big bang…

Revenons aux chrétiens 😉 Selon eux, c’est normal de ne pas tout comprendre : les êtres imparfaits que nous sommes ne peuvent pas réellement saisir pleinement qui est ou ce qu’est Dieu. Alors que cette idée me choquait au début, mais elle me paraît maintenant sensée. C’est un exercice de modestie et de lâcher prise que de se dire : « Je ne peux pas tout comprendre/contrôler et c’est très bien comme cela. » Dans le fond, c’est reconnaître la réalité.

Pour revenir au Saint-Esprit comme tel, son rôle est de nous accompagner au quotidien. C’est lui qui nous guide, nous console, nous encourage, nous enseigne à distinguer le bien du mal et à agir. L’Esprit nous parle de différentes manières : dans notre tête (quand on entend des choses vraies et aimantes), à travers des événements (par exemple, un hasard qui tombe vraiment trop bien) ou à travers les textes (quand j’ai l’impression qu’un passage me parle à moi personnellement).

Chanter l’Esprit, louer l’Esprit m’aide à m’en imprégner, à me rapprocher de lui. Dans mon « débat » sur la méditation chrétienne avec mon ancienne collègue A.J.-C., j’ai réalisé que l’illumination à laquelle aspire les méditants vipassana est vraisemblablement une vie en présence constante du Saint-Esprit.

C’est l’un des six cours qui m’a le plus parlé. J’ai souvent l’impression d’entendre Dieu (ou le Saint-Esprit) lorsque j’essaie de choisir entre deux options. Si j’écoute bien, le meilleur choix m’apparaît souvent assez rapidement, et j’en suis clairement satisfaite par la suite.

Ce cours a aussi abordé la justification et la sanctification. La justification, c’est mon droit à la vie. Tous les dons que j’ai reçus (par exemple, pour ma part, la capacité d’écouter, une vision particulière de la vie, une belle intelligence, une facilité à écrire, des parents aimants, le goût des défis, etc.) sont des grâces : des cadeaux que Dieu me donne même si je n’ai rien fait pour les mériter/les obtenir. La sanctification, c’est le processus interne qui me pousse à ressembler de plus en plus à Jésus, à me libérer du pêché grâce au pouvoir de Dieu. C’est mettre mon cœur de côté pour mettre celui de Dieu au centre de ma vie. Lorsque c’est le cas, l’esprit de Dieu, qui est déjà au cœur de qui je suis, rayonne à travers mon âme (sentiments, motivations) et mon corps (comportements). Le contraire, c’est l’anxiété.

Le quatrième cours a abordé le combat spirituel. Ici aussi, le cours a ressemblé aux enseignements de Goenka, au moins au début. Pour lui, comme pour les gens de La Chapelle, tout commence par la pensée. C’est la pensée (et donc l’intention) qui est à la base de nos paroles, de nos actes, de notre caractère.

Pour les chrétiens, la pensée de Dieu est faite de connaissance, de sagesse, d’intelligence, de persévérance et de patience. Ce sont surtout ces idées très humanistes qui m’attirent au discours chrétien et à La Chapelle, d’ailleurs…

À l’inverse, le propre des pensées malsaines est de stagner. Et c’est bien vrai que le ressentiment ou l’amertume qui nous amène à ressasser les mêmes histoires n’a guère le potentiel de nous faire avancer. En somme, changer ses pensées permet de changer ses comportements et ses priorités.

Le combat spirituel, en gros, c’est de délaisser nos intérêts égoïstes et matérialistes pour mettre Dieu au centre de nos vies. Ce passage du cours m’a beaucoup troublée, parce que le pasteur nous a demandé : « Qu’est-ce qui est au centre de vos vies? » Hum… La tristesse? L’ego? Rien de très réjouissant pour ma part en tout cas…

Le pasteur recommandait de placer au cœur de nos vies : la prière, l’adoration/la reconnaissance, la confiance en la Parole, l’obéissance, le partage de l’Évangile et le soin des plus vulnérables. Je me doute que le conseil d’obéissance doit en faire tiquer plus d’un, mais il faut voir à quoi on nous demande d’obéir, c’est-à-dire quelle définition l’on donne de Dieu : est-ce l’institution de l’Église (surtout pas), notre cœur inspiré par le Saint-Esprit (un peu plus) ou l’esprit d’amour de Dieu (probablement plus ça)? En fait, je le sens quand j’obéis : je fais ce que dois, sans rancune et au meilleur de mes capacités, selon mes moyens.

Enfin, le pasteur nous a dit que nous devions combattre contre le monde des ténèbres et l’esprit du mal avec les armes suivantes : la prière, la foi et l’esprit de paix et de justice. Personne n’a dit qu’il serait facile de suivre dans les pas de Jésus… :p

Le cinquième cours a abordé la vie en communauté. C’est un thème qui me touche beaucoup de manière générale. Nous avons été créés pour vivre en communauté, ça j’y crois, c’est-à-dire pour connaître et être connu, aimer et être aimé, soigner et être soigné, célébrer et être célébré. Tout le monde, du plus petit au plus grand, a un rôle à jouer dans la communauté. Comme la main a besoin de tous ses doigts, une communauté a besoin de tous ses membres.

À l’inverse, le péché (une parole brusque, une rancune, un désir de vengeance) détruit notre relation avec nous-mêmes, avec Dieu et avec les autres.

Le pasteur qui donnait ce cours-là a aussi noté que prendre soin d’un autre, ce n’est pas seulement savoir qu’il est souffrant ou mal en point, c’est de me sentir concerné par sa situation.

Pour référence, Romains 12 aborde cette vie en communauté, ce partage des dons et ces pardons que nous devons accorder de bon cœur aux autres, sans rien attendre en retour – je vous l’ai dit que ce ne serait pas simple! 😉 En fait, je dois pardonner comme Jésus m’a pardonnée, même si je ne le méritais pas. De la même façon, je dois partager les grâces que j’ai reçues, c’est-à-dire mes dons.

Après le cours comme tel, pendant la conversation en petit groupe, quelqu’un a mentionné que la communauté ne doit pas juger ses membres, mais au contraire rester inclusive — et que cela va dans les deux sens. Si l’autre doit m’accepter comme je suis, moi aussi je dois le prendre comme il est. Je ne peux pas imposer mes croyances ou convictions à quiconque; je peux seulement en témoigner. C’est Dieu qui transformera le cœur de mon interlocuteur — ou le mien! — si, comme disent les gens de La Chapelle, tel est son plan.

Enfin, la communauté n’est pas nécessairement omniprésente ou oppressante. Parfois, il suffit de saluer quelqu’un pour créer un lien qui, à ce moment-là, fait du bien. Des fois, seulement un petit « Bonjour » ou un sourire peut faire toute la différence.

Enfin, le sixième et dernier cours a abordé la prière. La prière est une conversation. On parle à Dieu du fond de notre cœur afin d’entendre Son cœur. La prière peut changer au fil du temps, se clarifier, s’approfondir et se rapprocher de plus en plus de la volonté du Tout-Puissant.

Est-ce qu’on peut faire des requêtes à Dieu en priant? Oui. Va-t-il systématiquement y répondre? Non. Selon la pasteure qui a présenté ce dernier cours, Dieu fait trois promesses à ceux qui prient : de les écouter et de les aider, de pourvoir à leurs besoins (aux besoins, hein!, et non aux désirs) et de leur apporter une paix profonde.

Pour avoir commencé à développer ma pratique de la prière, je peux confirmer qu’elle contribue à ce que je me sente davantage écoutée, aidée et en paix, ce qui m’aide probablement à mieux voir mes besoins et donc à y répondre. (Petite note : cela se rapproche encore une fois beaucoup des pratiques de vipassana.)

La pasteure a créé un genre d’acrostiche avec le mot « prie ». Donc, prier c’est :

Proclamer. On proclame la grandeur de Dieu, sa toute-puissance, on l’adore, on chante ses louanges.
Retourner. On se retourne vers Dieu. En gros, on enlève le grésillement sur les voies de communication entre nous et Dieu en faisant un inventaire honnête de ce qui nous détourne de lui (amertume, accusations envers les autres, ressentiment, colère, etc.), on reconnaît nos torts et on demande pardon.
Implorer. On implore Dieu de répondre à nos besoins, aux besoins des autres, pour que les autorités agissent au mieux.
Engager. Chaque jour, on s’engage à suivre Dieu, à accepter son autorité souveraine, à suivre ses pas et sa volonté, à le mettre au cœur de notre vie. Se battre contre Dieu, c’est un combat voué à l’échec.

Oui, c’est beaucoup. Et ça ne devient pas plus simple avec le temps. Par contre, ça devient plus intéressant, plus vrai. Il ne faut surtout pas hésiter à prier pour tout et n’importe quoi, sans se censurer. Cela aide à faire sortir la « vraie » prière.

Enfin, le thème de la prière serait particulièrement présent dans l’évangile de Luc.

Ouf! Ça fait un bon trois semaines voire un mois que je travaille sur cette publication! Allez, je publie!

Réconcilier bouddhisme et christianisme, II

Mes réflexions avancent. Les deux dernières semaines ont été difficiles, mais… c’est probablement le prix à payer pour rencontrer Dieu.

Les quatre vidéos sur la méditation publiées par mon ancienne collègue A.J.-C. et son amie V., toutes deux membres de La Chapelle, m’ont remuée. J’ai trouvé la première vidéo très inspirante. Je ne pourrais pas dire pourquoi, mais elle m’a donné envie de lire La Bible et de chercher des plans de lecture (un plan de lecture est une suggestion de versets et/ou de chapitres bibliques à lire). Bon, finalement, tout cela a duré moins de 24 heures, mais quand même. L’élan était présent. Je me promets d’ailleurs de visionner cette vidéo une seconde fois et j’espère que cet élan durera plus que 24 heures 😉

La deuxième vidéo m’a insultée. Elle donne des informations incomplètes ou biaisées au sujet de la méditation (tout au moins en ce qui concerne la méditation vipassanā, la seule que je connaisse, avec la pleine conscience). Bref, j’ai trouvé que l’attitude de A.J-C. et V. étaient très peu chrétienne, mais plus dans le jugement, voire le mépris.

Mais bon… Je me suis (heureusement) rendue compte que de les juger durement à mon tour n’était pas plus chrétien! J’ai donc bougonné pendant cinq ou six jours de façon quasi ininterrompue (sans blagues) avant d’envoyer un message à A.J-C. et V. pour leur dire en quelques mots comment je m’étais sentie. Heureusement (encore une fois), A. a accueilli mon témoignage avec beaucoup de bienveillance et m’a même demandé honnêtement ce qui m’avait insultée dans la vidéo.

Partager, avec douceur, ma frustration avec elle m’a fait le plus grand bien 🙂

Les deux dernières vidéos d’A.J.-C. et V. nous expliquent les bienfaits de la respiration profonde et nous enseignent quelques exercices à cet effet. De bons rappels, mais un peu innocents de mon point de vue (cela dit, je suis probablement encore un peu en colère, ce qui colore ma perception).

Et puis, je ne sais plus quand, il y a deux ou trois jours, j’ai décidé de méditer 1 h en pensant à Dieu. Et ç’a été.

Le grand « défaut » de la technique de vipassanā est de ne donner quasiment aucune parole, ni aucun texte. Il faut se débrouiller avec nos sensations physiques et notre équanimité comme on peut. Le christianisme, au moins, nous inviter à louanger Dieu, à nous confier à lui, à le contempler… Bref, d’entrer en relation avec lui.

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Bon, tout ça pour dire que je suis allée à la bibliothèque tout à l’heure, et que je suis revenue avec trois ou quatre livres sur la prière : comment prier, comme louanger… J’ai réemprunté un livre qui m’avait beaucoup inspirée l’été passé, Menus propos sur la prière, du frère Henri de l’Enfant-Jésus (c’est bizarre, je viens de voir que je n’en ai jamais parlé ici), ainsi que d’autres ouvrages sur la prière, tous très courts. Moi qui cherche depuis au moins un an comment prier! Comment n’ai pas pensé avant à retourner à la bibliothèque pour emprunter d’autres livres comme celui du frère Henri?

« Trouver Dieu » est apparemment plein de défis!

À ce sujet… Depuis septembre, j’ai écris deux fois à mon amie pasteure pour lui demander des conseils sur la prière, et les deux fois, elle n’a pas répondu — et c’est tant mieux 🙂 Car son silence bienveillant (elle m’envoie des commentaires ou des cœurs de temps en temps sur Facebook, donc je sais qu’elle n’est pas fâchée) m’oblige à réfléchir et à trouver ma voie vers le Seigneur.

Voilà… Mes réflexions avancent. Amen!

Jugement, pardon et grosse boule au cœur

Ce thème me traîne dans la tête depuis au moins deux mois. C’est notamment à cause de lui (ou grâce à, c’est selon 😉 ) que j’ai décidé de revenir sur ce blogue. Ma réflexion n’est pas encore terminée (mais l’est-elle jamais) et c’est assez gênant d’exposer de tout cela, néanmoins j’espère que la magie du blogue et de l’écriture agiront une fois de plus et m’aideront à approfondir ces idées.

Le jugement, donc. Je juge tellement les autres, ça en devient ridicule. Les conducteurs, surtout, qui dépassent les limites de vitesse permise… Ils sont nombreux, c’est facile de penser seulement à cela dès que je mets le pied dehors. Cela dit, je juge aussi durement tous ceux qui semblent avoir laissé leur sens civique à la maison : ils oublient de se pousser quand d’autres personnes approchent, ne disent pas à leurs enfants « Laisse passer la madame », abandonnent leurs déchets sur la voie publique, écoutent leur musique à plein volume dans la rue… J’ai l’impression d’avoir abordé cette question ici plusieurs fois, mais on dirait que ça ne s’arrange pas 😦 Je juge aussi durement (presque) tout ce que je vois sur Facebook. Je passe beaucoup de temps sur ce réseau social (bonjour la procrastination), mais rien ne me plait, ou presque. Je trouve les publications souvent connes, inintéressantes, ennuyantes. Charmant!

C’est cette scène qui m’amusait et que, pour un peu, je ne prenais pas en photo! #jardins #findesaison

Et puis, cette semaine, j’ai compris qu’une bonne part de mon anxiété provient de ma peur que les autres me jugent – heureusement, l’ironie de la chose de m’a pas échappée… J’ai aussi remarqué que, quand je fais disparaître dans mon esprit jusqu’à la possibilité que les autres me jugent, je me sens mieux et je réalise plus joyeusement ma tâche. En somme, j’ai eu une preuve incontestable que le jugement des autres, c’est de la marde. La Chapelle me l’a confirmé, avec la prédication de Jean-Philippe sur l’amertume. « La question n’est pas de savoir si vous allez être offensé, mais ce que vous ferez avec cette offense. » Comme chacun de nous, Jean-Philippe est offensé par toutes sortes de comportements : quelqu’un qui ne lui tient pas la porte, un conducteur qui le coupe sur la route, sa blonde qui lui suggère subtilement de porter d’autres vêtements… Nous avons tous nos « boutons », c’est-à-dire des comportements ou des questions qui réveillent le yéti en nous.

Alors, que faire? Pardonner, bien sûr, dit Jean-Philippe. Quoi d’autre? Rester avec son ressentiment, jusqu’à imaginer que nous sommes les seuls à avoir raison, à comprendre, à pouvoir distinguer le vrai du faux? Assez solitaire et ennuyant, oui…

Hier, j’avais les paroles de Jean-Philippe en tête alors que je faisais mes courses. Je me sentie offensée par ce client qui laissait son chariot en plein milieu de l’allée mais, plutôt que de soupirer bruyamment ou de râler intérieurement contre lui, j’ai simplement doucement déplacé son chariot. Il a eu l’air étonné, le pauvre! Haha! Et j’ai calmement laissé un homme choisir son fromage même si, ce faisant, il me barrait le chemin.

Bref, le pardon – ou l’absence de jugement – est une attitude plus riche et porteuse de bonheur que la rectitude morale ou la certitude d’avoir raison. Bon, ça c’est la théorie. Il faudra maintenant que je l’applique.

L’artiste est Yuliya Nazaryan. Plusieurs de ses dessins ont un thème chrétien. Il n’y a pas de hasard…

Toutes ces réflexions sur le jugement m’ont fait voir que j’ai un poids qui me pèse sur la poitrine. Ce poids, ce sont peut-être toutes ces choses que je m’impose ou que je me refuse, sans aucune bonne raison. Des choses simples, comme m’arrêter pour photographier une scène qui m’amuse, emprunter l’ascenseur plutôt que les escaliers, prendre le temps de jaser avec une collègue sans me stresser… Tous mes jugements sur les autres et ls obligations que je m’impose sans raison me pèsent et m’enferment.

Voilà… Je n’ai pas de conclusion pour l’instant, je vous avais avertis que cette réflexion n’était pas aboutie… Je suis quand même contente d’avoir posé tout cela ici.

L’humilité I

Ce post me trottait dans la tête depuis plusieurs semaines, mais je n’arrivais pas à lui trouver un angle ni un titre. Ça s’est clarifié ces derniers jours/semaines, mais ce n’est poas vraiment facile à écrire. Comme d’habitude, me regarder en face et admettre que je ne suis pas parfaite n’est vraiment pas facile.

L’humilité, donc.

Ça m’a frappée quand je suis allée visiter mon père de 82 ans il y a quelques semaines. Depuis un an ou deux, des douleurs lancinantes assaillent ses jambes, ses épaules et ses bras un peu n’importe quand et pour des durées variables qui peuvent s’étirer sur une journée ou plus. Mon père dit que ça s’apparente à un poignard qui pénètre lentement dans sa chair. Douleur, court répit, douleur, court répit. Il va sans dire que les médecins ne savent pas de quoi il souffre. Je pense le comprendre assez bien, car je suis affligée des mêmes douleurs, quoique moins souvent, probablement grâce à mon plus jeune âge.

L’humilité, donc.

Pour moi, l’origine de ces mystérieuses douleurs est claire : des émotions non-digérées et des stress jamais évacués. La preuve? Mon père sursaute bruyamment à tous les bruits, dit lui-même qu’il est stressé, s’enflamme pour des choses banales (oui, je suis la fille de mon père). Sur les conseils de son médecin, mon père traite des douleurs à coup d’une dizaine de Tylenol par jour!!

En le regardant, j’avais de la peine pour lui, mais je me disais aussi : « Ouf, je ne serai jamais comme lui, je vais continuer à faire mes étirement le matin, à méditer et à faire du sport. » Puis, j’ai compris que c’est notamment son expérience qui me poussait à faire mes étirement, méditer, etc. L’humilité.

Mes lecteurs savent que je développe depuis quelques mois un sentiment religieux, surtout grâce aux très inspirantes dévotions matinales de La Chapelle, l’église pour ceux qui n’y vont pas. La dévotion sur l’humilité m’a particulièrement inspirée. C’est siiiii facile pour moi de me sentir supérieure!!! Plus intelligente, plus avisée… Plus intelligente. Plus attentionnée. Plus sensible. Plus calme. Plus n’importe quoi, franchement!

Dieu que c’est dur de publier ceci, d’admettre que je suis bébé.

Le pasteur a suggéré trois pratiques pour cultiver son humilité : considérer les autres comme supérieurs à soi-même, élever les autres (souligner leurs bons coups) et servir les autres (chercher des occasions de les servir). Quelqu’un qui craint de déplaire fait preuve d’orgueil, parce que sa crainte tourne autour de lui : qu’il soit assez bon, que les autres l’aiment, etc. Disons que je me suis reconnue, moi la perfectionniste en chef qui voudrait être amie avec tout le monde… (Enfin, plus tant maintenant, heureusement!)

En fait, c’est moins lourd de rester humble parce que nous ne sommes plus là pour être les meilleurs ou meilleurs que les autres, mais pour les servir du mieux qu’on peut.

Source : https://deeshaa.org/2017/06/24/on-selflessness-and-nation-building/

Une autre dévotion sur l’ambition, cette semaine, tournait un peu autour du même thème, et m’a également beaucoup inspirée. Le véritable sens de l’ambition et de la grandeur n’est pas le contrôle ou la domination qu’on exerce sur les autres, mais le service. Or, rares sont ceux qui rêvent d’être serviteur!

Bon, je publie! Ça va aider à la réflexion!

Gourmande?

Il me semble qu’à chaque fois que je prends le clavier pour écrire sur mon blogue, je pars sur une nouvelle lubie : je trouve Dieu, j’interprète mes rêves, j’apprivoise mon yéti et là, je me trouve gourmande. J.C. me conseillerait gentiment d’arrêter de me dévaloriser, et elle aurait bien raison [et je ne parlerai pas de P.].

Gourmande, donc. Cette idée m’est venue à la suite d’une des prédications matinales de La Chapelle, l’église pour ceux qui n’y vont pas. Les prédications du matin durent entre 20 et 30 minutes et abordent un des nombreux thèmes de la Bible : l’écoute, le respect, l’amour, les émotions, nos talents, etc. Un matin, le pasteur nous a invité, en gros, à nous regarder en face et à ne pas sous-estimer notre faiblesse, ni la force de Dieu dans nos vies.

Sur le coup, je me suis dit que ma faiblesse principale était peut-être l’égoïsme, mais, à bien y penser, ce n’est pas cela : je suis généralement généreuse, je fais ma part, je pense aux autres. En fait, le plus souvent, je veux en faire plus que ce que le client demande. Je m’impose des tâches et des obligations que personne n’attend ni me demande.

Je crois que ma faiblesse à ne pas sous-estimer est plutôt la gourmandise.

Ça correspond d’abord aux portions trop généreuses que je me sers à presque tous les repas, même si je sais que c’est trop et que j’aurai (probablement) mal au ventre après.

Ça correspond aussi à mon souhait d’être plus proche de tout le monde. Plutôt que de me concentrer sur mes relations actuelles, et de les approfondir, je veux être proche de plus de gens. Ça me donne des attitudes parfois trop intimes avec des personnes que je connais peu, finalement. Mes attitudes ne sont pas complètement déplacées, mais… un peu trop personnelles pour une intimité somme toute peu développée. Mêlé à mes difficultés à montrer ma vulnérabilité, je ne vous dis pas les messages contradictoires que ça envoie!

Cette gourmandise correspondrait aussi à mon intolérance envers toute forme d’avidité : les gens qui ne partagent pas, qui roulent trop vite, qui prennent trop de place, etc. On le sait : les comportements qui nous sont insupportables au-delà de la raison sont souvent ceux que nous n’arrivons pas à accepter chez nous-mêmes.

Enfin, je me suis rendue compte il y a quelques jours que la gourmandise, ça correspond aussi à ma volonté d’une société parfaite. Quand je me balade dans la rue (et Dieu sait qu’avec le confinement, on se balade beaucoup!), je vois les déchets plutôt que la rue propre, j’entends la voiture qui roule trop vite et non celles qui roulent normalement, etc. Dans ma gourmandise, je veux que TOUT soit parfait, et je ne vois pas la beauté qui est.

À méditer.

Deux réflexions sur Dieu pour finir.

D’abord, je comprends mieux pourquoi je parle de Dieu. En février 2018, je me demandais pourquoi certains trouvent nécessaire de mettre ce mot sur le mystère de la vie ou la part d’infini en nous.

Eh bien, simplement pour faciliter le dialogue, peut-être. Je peux dire « Je me déplace en actionnant deux grandes roues et un dérailleur avec la force de mes pieds » ou « je fais du vélo »; pareillement, je peux dire que « je ressens la part d’infini et d’éternel en moi et je sais, profondément, lorsque je pose une bonne ou une mauvaise action, et que je suis aimée », mais je peux aussi dire « Dieu est présent dans ma vie ».

Ensuite, je ne suis pas sûre de vouloir dire que je crois en Dieu. Il me semble que ce n’est pas une question de croyance, mais plus de sensibilité ou d’ouverture? Je suis suis preneuse de vos réflexions théologiques si vous en avez 🙂