Être (plus) reconnaissante

J’étais partie pour écrire un texte sur le jugement (je juge tellement les autres!), mais je suis retombée sur cet article presque terminé, mais resté en brouillon et qui résonne encore, donc je publie — et reviendrai plus tard sur le jugement!

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Il y a de la confusion dans ma vie en ce moment. J’ai du mal à comprendre ce qui se passe dans ma tête ou mon cœur, qu’il s’agisse d’une soudaine tristesse, d’une forte joie, d’une apathie totale ou d’un regain d’énergie…

Je sais que je devrais écrire ici plus souvent — j’en connais tellement la puissance! — mais comme tout médicament puissant, il m’effraie autant qu’il me soigne… Quand je vais particulièrement mal, je me tourne quand même vers la méditation ou La Chapelle, à défaut de retourner voir un ou une psychologue 😉

Le balado de La Chapelle est particulièrement inspirant, surtout certains pasteur comme Jean-Philippe Beaudry. Il est un peu mononcle, des fois, mais son message sur l’écho de la grâce est spécialement inspirant. À première vue, ce sont des évidences, mais il fait bon de se les rappeler. J’ai écouté le message deux fois, et j’en résume les grandes lignes ici pour bien me les rentrer dans la tête.

Comme toujours, Jean-Philippe commence son message en parlant de lui. Il vit une saison chargée. Son travail à l’église est demandant tandis que ses enfants apportent leur lot de défis. Comme bien des gens dans sa situation, Jean-Philippe est tombé dans la plainte. C’est sa femme qui le lui a rappelé : tout ce qu’il trouve lourd en ce moment, c’est exactement ce qu’il appelait de ses vœux il y a quelques mois ou quelques années.

En somme, son travail et ses enfants ne sont pas des sujets de plainte, mais de bénédiction.

On prie de trouver un amoureux puis, une fois qu’il apparaît, on se plaint qu’il ne répond pas à nos attentes. Je rêve de me rapprocher de ma mère mais, lorsqu’elle me raconte ses histoires détaillées ou me questionne sur ma vie, j’ai envie d’être ailleurs… :/ Bref, ma mère est ici, pleine d’amour, et elle veut que je lui raconte ma journée, mais moi je me plains.

« La seconde où j’ai commencé à remercier Dieu pour tout cela — ma charge de travail, mon garçon qui ne dort pas — l’atmosphère dans mon cœur a complètement changé », dit Jean-Philippe. Et je le comprends, je le ressens tout à fait : changer sa perspective grognonne — « fait chier… » — pour une attitude au moins neutre, ça change réellement la vie. Ce n’est pas mettre des lunettes rose de force, mais respirer, relativiser et reprendre sa place dans l’univers.

En somme, on ne loue pas Dieu (ou la vie, ou l’univers, ou la force du hasard) parce que notre vie est parfaite, mais pour ce qui est bel et bien présent : une église vivante dans la ville de Québec, un enfant en santé, une mère aimante et présente, une journée qui débute avec toutes ses possibilités, etc.

Pour Jean-Philippe, il y a un lien direct entre la grâce de Dieu — c’est-à-dire les cadeaux qu’il nous donne, incluant les événements difficiles qui nous permettent d’avancer — et la reconnaissance ou la grâce qu’on lui porte pour ces cadeaux. En somme, plus on accepte les événements qui nous tombent dessus, plus on en retire de bienfaits. C’est logique : si on est en train de rêver à autre chose, on ne peut pas vivre sa vie telle qu’elle est et s’y appuyer pour grandir.

Cet abandon à quelque chose de plus grand peut paraître frustrant, mais cela représente bien la réalité, même si l’oublie… En effet, on est responsable de bien de peu de choses : on ne choisit pas ses parents, son degré de santé, ses handicaps, sa génétique, son lieu de naissance, sa fratrie, ses capacités intellectuelles ou physiques, etc., alors que tout ces éléments et bien d’autres influencent TELLEMENT qui nous sommes et ce que nous pouvons faire! Nous croyons être en contrôle — et rêvons même de contrôler les autres — alors que nous ne contrôlons en fait presque rien. On ne sait même pas d’où nous venons, pourquoi nous sommes là, ni où nous allons. Donc, oui, nos actions colorent notre vie, mais la vaste majorité de ses paramètres nous échappent.

Ainsi, nous dit Jean-Philippe, en citant la Bible, quand tu mangeras à satiété, que tu verras tes avoirs se multiplier et tout ce qui est à toi se développer, ne laisse pas ton cœur s’enorgueillir et n’oublie pas l’Éternel, ton Dieu (ou la vie, ou l’univers, ou la force du hasard…). Fais bien attention de ne pas te dire, en ton cœur, que c’est par ta force et la puissance de ta main que tu acquis ses richesses… Au contraire — et c’est la base –, quand on nous donne un cadeau, on dit merci.

Encore mieux : on loue le Seigneur (ou la vie, ou l’univers, ou la force du hasard) pour ce qu’il va faire, pour ce qui nous attend.

Et quand les choses ne vont pas comme on veut, on se calme, on respire, et on se rappelle notre place assez insignifiante dans l’univers et que de se fermer au réel est la pire façon d’en retirer quoi que ce soit.

Une réflexion sur “Être (plus) reconnaissante

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