De l’importance du vide

J’ai décidé de faire un peu de ménage dans mes brouillons de posts (merci Crevette de Mars pour l’exemple 😉 ) et je suis tombée sur ce post d’Aldor que j’avais sauvé : le Tsimtsoum.

« Le Tsimtsoum, écrit-il, c’est le renoncement initial de Dieu à tout occuper, à tout être, pour que quelque chose d’autre, le monde, puisse naître. […] C’est le vide au cœur du moyeu, qui permet à la roue de tourner, dont parle le Tao ; c’est la nuit profonde de Saint-Jean de la Croix, c’est la méditation, le recueillement et l’attention vigilante, cette idée et cette pratique consistant à ne pas faire tout ce qu’on peut faire, ne pas dire tout ce qu’on peut dire mais laisser volontairement des choses en suspens, des choses dans l’inachèvement, laisser du vide et du silence pour que, au sein de ce vide et de ce silence, puisse advenir autre chose. »

Moi qui ait toujours l’impression de ne pas en faire assez, d’être obligée, c’est vraiment une « compétence » à développer.

 

 

10 jours de méditation II : quelques notes

Des petites choses que j’ai oublié de noter dans mon premier post sur mon séjour de méditation mais dont je veux garder la trace.

La petite Anick est revenue 🙂 C’est essentiellement au centre de méditation que je la vois. Je me rappelle, la première année, je la voyais parfois joueuse ou installée à mes côtés, mais souvent assise sur une grosse pierre, en train de broyer du noir, voire cachée au fond d’un terrier (si, si). Cette année, quand je l’ai vue, vers le 7e ou 8e jour, elle était collée tout contre moi, le visage tourné vers le mien, souriante. Ç’a m’a beaucoup touchée qu’elle soit là avec moi, que nous soyons deux pour affronter le monde.

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Petite précision sur la technique de méditation : on observe nos sensations physiques sans éprouver d’aversion ni d’avidité, dans la compréhension de l’impermanence des choses. Tout change, donc s’énerver contre x, y ou z ne sert à rien, sauf à nous rendre malheureux et à rendre aussi malheureux les autres autour de nous.

Petite note bis : cela ne veut pas dire que les méditants vipassana sont des légumes qui n’attendent que d’être coupés en morceaux 😀 Par contre, la réaction d’un méditant est juste et mesurée et n’a pas sa source dans la colère, la haine ou la mauvaise foi.

Je me rappelle une histoire de mon amie D.N. qui l’illustre très bien. D.N. est cadre dans une grande entreprise publique. Une fois, un homme embauché de longue date a lancé un cartable vers elle en lui disant l’équivalent de « Ce projet est pourri! » D. ne s’est pas fâchée. Elle s’est levée et a dit calmement : « ce comportement est inacceptable; monsieur quitte ou je quitterai. » L’homme a refusé de partir. Elle a donc quitté la réunion avec calme puis elle a parlé de la situation avec ses supérieurs. Plutôt que de faire ce que doit (réprimander l’homme, lui donner un avertissement, etc.), la haute direction a excusé son comportement en disant à D.N. « Ouiiii, mais tu comprend, il est comme ça. » 😦 Je ne sais pas si cet homme y travaille encore, mais quoi qu’il en soit, crier contre lui n’aurait sûrement pas arrangé les choses. Dur, dur de l’accepter!

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Mon amie A.-M., qui nous a quittés fin novembre, a bien sûr beaucoup occupé mon esprit pendant les 10 jours. J’ai pleuré à quelques reprises en pensant à elle et je me rends compte en parlant d’elle aujourd’hui que mon deuil est loin d’être terminé… Mais, au centre de méditation, j’ai compris qu’elle resterait vivante parmi nous grâce à l’héritage qu’elle nous laisse : une grande attention aux autres, une grande générosité, un souci de bien faire et de toujours partager, une grande empathie. Grâce à elle, je suis une meilleure personne, plus attentive aux autres, plus éthique (et je sais mieux choisir les vêtements que j’aime 😉 Merci A.-M. Grâce à toi, ma vie a gagné en beauté.

États d’esprit du vendredi #42 (2018/01/19)

Participation aux États d’esprit du vendredi de Zenopia et Postman. C’est à la fois simple et sympa : on répond au questionnaire ci-dessous, on partage le tout en commentant leur blogue respectif et on va découvrir ce que deviennent les autres. C’est parti.

18h19

Fatigue : Bizarrement, je suis plus en forme depuis que je me lève vers 5h30. C’est un relent du centre de méditation, et il me convient bien.

Humeur : Variable tendance belle 😉

Estomac : Délicieux restes : salade de roquette avec tomates, champignons marinés et thon.

Condition physique : Bizarrement, meilleure depuis que je médite plus souvent.

Esprit : Ado tendance adulte, i.e. se pense encore au centre du monde mais accepte mieux la réalité telle qu’elle est (oui, il y a du vipassana là-dedans 🙂 )

Boulot : C’est le boulot, quoi… Non mais ça va… J’ai une nouvelle équipe, notre directeur des comms est parti aujourd’hui (fermeture de poste…), V.G. a l’un des plus beaux sourires au monde quand elle te demande « comment ça va? » et j’ai hâte de ne plus me sentir coupable quand je parle à D. (Ah oui, et je suis fière des projets que je mène en recherche 😉 ) (Ah oui bis! J’ai donné un fruit à ma collègue A-.A., qui en a toujours plusieurs sur son bureau. Ç’a tissé des liens hihi

Culture : Plein de trucs chouettes. Seule Venise, de Claire Gallay (merci, R.!), la poésie directe et un peu tristounette de Chenous, de Véronique Grenier et L’imbécillité est une chose sérieuse, de Maurizio Ferraris. Aussi un film sur Stephen Hawking, « Theory of everything », un charmant documentaire sur la gastronomie québécoise, « 100 ans à table » (disponible en ligne) et plusieurs épisodes des « Chefs! », une émission où des chefs en formation s’affrontent.

Chenous

le ciel bleu / suffit pour aujourd’hui / à me rajouter un demain

Penser : À sentir mon souffle sur les parois de mes narines et rester calme.

Avis perso : Rien en particulier… Au hasard : c’est triste le soutien américano-saoudien à la guerre au Yémen 😦

Message perso : C’est bien de savoir que vous êtes là 🙂 Je suis encore un peu inhibée d’avoir des lecteurs, mais ça se traite 🙂

Loulou la poilue : Dors avec moi, craint de moins en moins la neige, se fait gâter par mon voisin…

Amitiés : En cours de réparation en profondeur ♥

Essentiel : Me laisser une chance.

Divers : Je suis contente de mon nouveau Bullet journal 🙂

Courses : Des fruits dimanche.

Sortie : Un atelier de danse avec N. et un week-end à Gatineau avec ma famille.

Envie : De faire ce que je veux vraiment.

Zic : J’ai écouté ce funk des années 1970 plusieurs fois cette semaine, j’adore.

Pic : Atelier de transplantation de plantes araignées, hier 😉

plantes-219h09 (c’est pour ça que je ne fais pas les EEV toutes les semaines : entre l’écriture, les recherches et la lecture des autres blogs, c’est au moins 1h-1h30. C’est loooong!)

10 jours de méditation et retour à la réalité

Je reviens d’un séjour de 10 jours au Centre de méditation Vipassana, où l’on vit dans le silence, sans lire, ni écrire et où l’on médite environ 10 heures par jour. Bon, moi, j’avoue que quand j’en avais fait sept heures, j’étais bien fière!

C’était mon cinquième séjour de 10 jours dans ce centre, mais c’était la première fois où je n’ai pas ressenti autant de colère et je n’ai presque pas pleuré. Il y a des choses qui se placent enfin, on dirait, et c’est bien tant mieux.

J’ai aussi réussi pour la première fois à méditer presque tous jours pendant une heure complète, sans (trop) me perdre dans mes pensées (et même à me retrouver facilement quand je me rendais compte que j’étais perdue). Bref, un séjour un peu différent des autres où j’ai réellement apprécié méditer pour la première fois (!!!).

vipassana_horaire

L’horaire de la journée : réveil à 4h pour la première méditation de 4h30 à 6h30.

J’ai déjà abordé ailleurs la technique de méditation enseignée dans cette école. En deux mots : observer nos sensations physiques de manière méthodique, sans les nommer et, surtout, sans éprouver pour elles (ou pour leur absence) ni aversion, ni avidité. Vipassana signifie « voir la réalité telle qu’elle est » – une réalité que, selon cette école, on ne peut réellement connaître qu’à travers son propre corps. Or, cette année, j’ai vu, réellement vu, l’ampleur de mes aversions et de mon avidité. Une aversion pour mes aversions, une aversion pour mon avidité, une avidité immense pour des contacts et tellement d’aversion pour ceux-ci lorsqu’ils ne se produisent pas… Je suis tellement assoiffée et en même temps tellement à fleur de peau, ce n’est pas surprenant que mes relations ne soient pas aussi saines et sereines que je les souhaiterais…

vipassana_fenetre

La vue de ma chambre. Le centre est réellement magnifique et très accueillant.

C’est bizarre. Juste avant le début du cours, j’ai parlé un quart d’heure avec un jeune homme charmant, qui sortait tout juste d’un cours de 10 jours. Il était en feu, très enthousiasmé et m’a dit qu’il avait décidé d’appliquer la technique à la lettre et que cela avait très utile. J’ai pensé à lui plusieurs fois, et cela m’a encouragée à me donner le petit coup de pied au derrière qui change tout 😉

Alors que, les années précédentes, je détestais les discours du soir, cette année, j’ai réussi à prendre sur moi et à les écouter sans trop m’agiter, quitte à détourner le regard au besoin. Et, alors que l’an passé je m’étais ennuyée à écouter ces discours que j’avais déjà entendus quatre fois (ils sont obligatoires pour tous les étudiants, mêmes les anciens), cette année, ils m’ont permis d’approfondir mes connaissances sur cette technique de méditation et sur le cadre philosophique et historique qui la sous-tend.

Tout cela pour dire que, depuis mon retour, je vois beaucoup mieux l’avidité et l’aversion présents en moi. C’est riche, parce que ça change mes rapports avec moi-même et avec les autres. Par exemple, je fais plus les choses que je veux faire le soir : je passe moins de temps sur les réseaux sociaux, je passe de plus belles soirées et ma to-do list baisse peu à peu. Par contre, cette vision plus juste de moi est aussi déstabilisante. Jeudi, je pleurais discrètement parce que ma collègue J. me montrait des signes d’amitié… J’ai compris un peu tard dans la semaine que j’étais aussi épuisée, ce qui n’a pas aidé. J’ai manqué de protéines : manger seulement de la soupe au céleri et au chou ne suffit pas à nourrir sa femme 😀

Cela dit, ça reste déstabilisant, de voir à quel point je veux me joindre aux conversations de mes collègues D., A.-A. ou M. (avidité), mais que je tends à rester dans mon coin (aversion). J’avais écrit ailleurs que voir le négatif en moi-même est une étape difficile mais essentielle vers mon mieux-être. C’est la suite, avec une interprétation tirée de vipassana. La suite de l’ouverture aux autres et à la vie que je veux.