Trois jours de Vipassana

J’ai procrastiné pour y aller; j’ai voulu partir une fois rendue et je procrastine à nouveau pour faire le bilan de mon expérience. Il n’y a pas de doute: la méditation Vipassana, ça vient me chercher 😉

Vipassana_Montebello

Le site de Vipassana à Montebello : magnifique 🙂

Je n’y était pas retournée pour un cours depuis au moins deux ans, voire trois. Parmi mes constats: j’ai encore beaucoup de colère, beaucoup. Heureusement, moins qu’avant. En fait, je la gère mieux. Je repensais à ce que Mathieu (mon psy) me disait au sujet de l’action et de la réaction: je tends à réagir à mon environnement de manière négative plutôt que d’agir positivement pour être le mieux possible.

Dans la salle de  méditation, je râlais donc beaucoup moins contre Goenka, la professeure, le centre de méditation ou mes vacances ratées. Je me balançais, je respirais, j’essayais d’agir pour être bien. Et ça marché…

J’ai aussi découvert que c’est réellement la petite Anick qui est aux commandes. D’abord, elle n’est pas si petite que cela. En fait, c’est  moi. Celle que j’appelle la grande Anick n’est en fait qu’une ombre: celle, inquiétante, de ma mère, telle que je la voyais quand j’étais toute petite. C’est grand une ombre quand on est petit. C’est un genre de surmoi surdimensionné et inutile.

En fait, je ne sais pas à quel point ces inhibitions maternelles sont utiles. Parfois, quand elle s’emballe, la petite Anick croit que tout lui est permis et dit des bêtises blessantes. Donc la «grande Anick» a un certain usage. Mais elle pourrait prendre BEAUCOUP moins de place. En fait, ses barrières, ses tabous et ses interdits engendrent chez-moi un fort ego, une forte méfiance et une vulnérabilité à fleur de peau. Ouste! Dehors!

Vers la fin de mon séjour, je la voyais comme une barrière décorative en plastique noir, très basse, qu’on utilise pour encadrer un jardin. Et non plus comme une barrière pleine de pics en métal dangereux (qui ne collait pas trop à mon sentiment, d’ailleurs). Prédominant dans cette image, le bras, voire les bras, de la petite Anick: immenses, et habillés de rose 🙂

Je me suis aussi rendue compte que, si la petite Anick apparaît autant lorsque je suis à Vipassana, c’est parce qu’elle se sent en sécurité. Comme personne ne peut parler, elle ne risque pas de se faire engueuler!

L’avant-dernier jour — celui où le silence est levé — je me suis assise à l’heure du midi à la même table que deux femmes qui m’attiraient et avec qui j’espérais parler. Mon rêve ne s’est pas réalisé. Les deux femmes avaient une discussion très animée et assez personnelle entre elles et ne m’ont même pas jeté un seul regard. J’étais frustrée et triste, bien sûr, même si j’essayais de respirer et de rester zen. Plus tard, j’ai réalisé que je ne leur avait même pas dit bonjour. Le bras rose des petites Anick étaient restés camouflés derrière l’ombre inquiétante de la barrière…

Pour la petite histoire, j’ai changé de table et j’ai réussi à trouver des gens à qui parler 😉 Et je me suis vraiment bien entendue avec ma coloc de chambre 😉

Comme d’habitude à Vipassana, j’ai aussi beaucoup parlé à cet ami qui me tient tellement à coeur. Je lui ai fait plusieurs longs discours sur ce que je pensais de lui, sur ce qu’il devrait faire, sur ses manques… Et puis, j’ai réalisé qu’en fait je me parlais à moi-même. Spirituellement, nous avons plusieurs points en commun. Nous avons notamment une faible estime de soi et nous avons tendance à nous poser comme des victimes… Bref, quand je lui parle, je me parle. Je vais essayer dorénavant de me parler directement!!!

Ce soir, avec cette image de barrière en tête et en essayant de rester à l’écoute pour comprendre ce qui me mets en colère, j’ai passé une excellente soirée avec mon oncle Jack et ma tante Anita, tous deux en visite chez ma mère. J’arrivais à m’exprimer à peu près, à prendre ma place dans les «Je, je, je» sans m’énerver trop visiblement. Quand ils se sont mis à parler de la généalogie de la famille de ma mère, cela m’a tout de même franchement hérissée. Ça paraissait dans mon ton cassant. Mais je me suis entendue, puis j’ai arrêté. Puis, au bout d’environ cinq minutes, je me suis dit: «Ah, c’est vrai. La famille est un point sensible pour moi. C’est pour cela que ça vient autant me chercher.» Et voilà: tout d’un coup, j’étais beaucoup plus calme.

Il faudra vraiment que je retourne à Vipassana…

3 réflexions sur “Trois jours de Vipassana

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