Une blessure grande et profonde

Hier soir, je suis allée à la soirée de Noël de l’entreprise où je travaille. C’était la première fois de ma vie que j’avais hâte à ce genre d’événement qui, d’habitude, me rend plutôt bougon et anxieuse. Les gens qui travaillent pour cette entreprise y restent longtemps — 10, 15, 20 ans — parce qu’on y respecte pleinement leur autonomie et leur intelligence et qu’on ne se prend pas (trop) au sérieux.

Source

Des gens sympas, un lieu accueillant… Tout ce qu’il faut pour m’émouvoir aux larmes. Hier, j’ai donc eu les yeux mouillés une bonne partie de la soirée, pour finir par fondre en larmes devant R.C., ma collègue d’une gentillesse et d’une humanité infinies. Aujourd’hui, j’ai annulé mes plans de magasinage et de rangement, et j’ai plutôt lu, prit une courte marche et regardé un film.

Je me sens mieux. Et mieux encore, j’ai pu comprendre hier pourquoi j’avais à la fois tellement soif des contacts amicaux, bienveillants et bon enfant que j’observais parmi mes collègues et tellement peur de me laisser aller pour y goûter.

D’abord, j’ai réussi à respirer, ce qui est vraiment un plus. Ensuite, je me disais : « J’ai peur parce que mes propos viennent souvent du champ gauche et surprennent; j’ai peur d’être rejetée. » Mais ce n’est pas vraiment cela. De plus en plus, je constate que mes propos, s’ils surprennent, sont également souvent appréciés. D’autant plus que je m’identifie moins à mes idées et, donc, que cela ne me dérange plus tant quand une personne est en désaccord avec moi.

Non, la vraie raison, c’est cette blessure profonde qui m’est apparue hier dans une lumière aveuglante : celle que m’a causée bien involontairement mon père en quittant ma mère lorsque j’avais 4 ans. Cette blessure est encore présente, bien présente… Quarante-huit ans, ça peut paraître long à l’échelle d’une vie, mais ce n’est rien à l’échelle de l’histoire humaine, ni apparemment à l’échelle d’une psyché…

L’autre plus de cette soirée de Noël, c’est que j’ai réussi à ne pas blâmer mon père, mes collègues, la vie ou moi-même pour ma tristesse et mon désarroi. Cette blessure existe, c’est tout, et lui chercher un coupable n’y change rien. Comme le cancer et les problèmes biliaires d’A.T., ma blessure est injuste, mais elle existe. Perdre de l’énergie à s’en plaindre n’est pas utile, et même contreproductif.

Cela fait deux ou trois semaines que je fume plus de cannabis que d’habitude, quelques bouffées tous les soirs, ce qui ne m’était pas arrivé depuis longtemps. Je ne comprenais pas ce qui se passait mais là, je le sais : c’est cette soirée de Noël dont je cherchais inconsciemment à atténuer les fortes émotions à venir, alors même que j’avais hâte d’y assister. Là, il me reste un peu de cannabis et j’arrive très bien à ne pas en prendre, et même à envisager de jeter ce qui reste. C’est fou.

Je me confie, jour 1 de 30 : être debout dans le bus

Je n’écris pas, je n’écris plus, alors que ça me faisait du bien. Je ne sais plus par quel bout me prendre pour me remettre à m’épancher un peu plus souvent. Ce n’est pas comme si je n’avais plus rien à dire ou que mes angoisses avaient disparu! C’est plutôt que je n’arrive pas à aller au bout de mes idées et que tout cela reste un peu flou… Et peut-être parce que je ne médite presque plus. Dans le bus, en tout cas, j’ai eu un coup de génie : je vais m’imposer le défi d’écrire à tous les jours, pendant 30 jours. Je verrai bien ce qui en ressortira.

Il y a tellement de choses à dire. Alessandro Barrico, dont je lis le surprenant et touchant roman Emmaüs, dans le bus… Que je lis debout, dans le bus, même s’il reste des places assises. Je suis la seule à rester debout, hein, mais je préfère parce que je suis déjà assise presque toute la journée au travail et que cela ne me paraît pas très naturel. Certains me lancent des regards bizarres, mais maintenant je suis habituée : je suis la fille qui lis et qui reste debout 🙂

Mon équipe me préoccupe aussi pas mal. Ou enfin, m’occupe l’esprit. D.M. si charmant, si ouvert, qui tisse des liens avec chacun, qui s’intéresse réellement à l’autre. Je crois avoir un rapport avec les autres moins empathique, plus pratique : je leur parle s’ils sont là, mais il ne faut pas que cela empiète trop sur mes projets. Je me rappelle les premières années de mon emploi dans cette organisation : je marchais à toute allure dans les couloirs, avec un objectif clair, sans m’arrêter. J’ai ralenti depuis, mais c’est encore rare que je prenne le temps de parler avec mes collègues plus que quelques minutes. Ma patronne D.C. peut passer 20 min dans le bureau de quelqu’un, à parler de sa vie privée, mais aussi du travail et des derniers événements ou nouvelles survenus dans l’organisation.

Je ne veux pas me taper sur la tête ici, mais c’est dur!! On dirait que j’oublie tout. À la question « Quoi de neuf? » ou « Qu’est-ce que tu as fait hier? », je dois réfléchir. Alors me rappeler dans le cours d’une conversation que la direction nous a envoyé un courriel ou que nous avons une rencontre plus tard dans la journée… Je suis plutôt occupée à penser à mes projets, à ce que je dois faire, au temps qui va me manquer, au jugement des autres si je failli à mes tâches…

Bon c’est bien dramatique, mais il y a du vrai dans tout cela.

Je continue demain 🙂

L’intimité

Intimité. Juste le mot me fait frémir. J’ai envie de reculer. Ce n’est pas un hasard si les mots de P. (« Tu sais, j’ai déjà été beaucoup plus intime avec des personnes autres que toi ») a résonné aussi longtemps dans ma tête. (Attention : pas de souvenirs!, et surtout pas ceux qui font de la peine…)

L’intimité, donc… Il y a quelques semaines, ma collègue G.L., que j’aime beaucoup, m’a annoncé qu’elle quittait l’organisation. Nous avons alors convenu de manger le repas du midi ensemble. Alors que nous cherchions un endroit libre, G. a proposé la balançoire : un endroit un peu à l’écart, plutôt intime. J’ai eu peur. Littéralement. J’ai donc proposé une autre table, au soleil, où d’autres personnes étaient déjà installées.

Je l’ai regretté presque immédiatement. J’ai constaté que G. parlait avec les autres (bien sûr!) et que nous n’aurions pas la conversation un peu plus personnelle que j’aurais aimée (bien sûr!). À ce moment-là, j’ai compris que j’avais eu peur de l’intimité que représentait la balançoire.

Source: https://nypost.com/2018/01/14/the-mindless-attack-on-letting-kids-have-best-friends/

J’ai visionné une vidéo très intéressante sur l’intimité pendant le week-end. Le thérapeute Josh Hudson y explique notamment comment vouloir « être fort » en se débrouillant seul représente une méconnaissance de ce qu’est l’humain. En effet, il est beaucoup plus difficile d’admettre nos faiblesses et notre vulnérabilité et demander de l’aide que de penser qu’on est plus fort parce qu’on ne demande rien à personne.

Le thérapeute dit aussi que notre addiction aux médias sociaux reflète le désir de créer des liens, ce qui n’est rien d’autre que de l’intimité… Et ça m’a beaucoup frappée car, depuis quelques mois, alors que je développe effectivement ma capacité à créer et à entretenir des liens sociaux, je passe beaucoup de temps sur Facebook, jusqu’à 3 h par jour parfois (!!!). Je quitte toujours ce site Web insatisfaite et frustrée, mais c’est une addiction : malgré mon inconfort, je n’arrive pas à arrêter de faire défiler le fil d’actualités… Je dois vraiment faire attention pour ne pas aller sur Facebook et m’assurer de remplir mon temps de d’autres façons… Par exemple, lundi, en écrivant une carte à ma tante E.L., en faisant un peu de casse-tête, en lavant ma vaisselle du soir, en lisant quelques articles… Une soirée simple, mais satisfaisante et productive. (Le « vrai site » de ce thérapeute n’est pas facile à trouver, le site officiel, Pinnacle of men, renvoyant à beaucoup de vidéos sur la séduction qui, oui, parle d’intimité mais bon… Ce compte YouTube présente toutefois de nombreuses vidéos du même thérapeute dont plusieurs sont inspirantes.)

Un dernier mot sur l’intimité. Je peux remercier mon amie N.S., celle qui est venue camper avec moi à Mingan, pour cette réflexion. C’est elle qui m’a allumée sur cette question pendant notre voyage quand je lui ai demandé pourquoi elle semblait réservée… Elle m’a dit que c’est ma brusquerie qui la poussait à se protéger, à moins s’ouvrir à moi et, donc, qui nuisait à notre intimité. Ce sont ses confidences qui m’ont poussé à chercher des vidéos sur l’intimité et à écrire ce post. Un pas à la fois, un pas à la fois.

Et peut-être noter aussi que depuis quelques jours je fais deux ou trois saluts au soleil au réveil. Cela m’aide beaucoup à restée connectée et moins stressée. Je pense beaucoup à P. dans ces moments-là, lui qui voyait le yoga comme une secte… Diantre, ce sont des exercices et de respiration qui aident à rester connecté à son propre corps et, donc, de sortir de sa tête, c’est tout.

Pourquoi j’ai pleuré aujourd’hui et autres grenailles

Dernièrement, j’ai l’humeur en montagnes russes. L’humeur et l’énergie, aussi. Souvent, je n’ai pas la force de faire grand chose… Mon ménage — aie! N’en parlons pas! Et mes tâches pour Québec solidaire qui traînent… Et mes projets de vacances qui avancent trèèèès lentement (je vais aller camper ici, probablement avec une amie).

Quand je suis revenue du Nord, dimanche, j’étais de bonne humeur et j’avais envie de faire des choses. Lundi aussi. Je revenais de deux jours en famille, où j’ai démoli un vieux chalet avec mon cousin, mon père, mon oncle et un bon ami de la famille… La famille… Ça, ça me donne de l’énergie d’habitude. Voir des gens que j’aime, des gens qui me connaissent depuis toujours et qui me ressemblent.

chalet

La démolition en cours.

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Je suis allée souvent à ce vieux chalet, et j’y ai amené quelques amis au fil des années. Mais le seul auquel je pensais en roulant était P. C’est réellement fou à quel point cet homme m’a marquée… Ça m’amène à ma première grenaille : P., qui est toujours là… Je me demande souvent s’il lit ce blogue… Ce serait carrément bizarre qu’il ne veuille officiellement rien savoir de moi, mais qu’il lise mes pensées les plus personnelles. Penser à cela m’enlève le goût d’écrire :/

 )( – )( – )(

Alors, pourquoi ai-je pleuré aujourd’hui? Je ne le sais pas trop… En fait, je le sais plus qu’hier 😉 Hier, je n’avais pas d’énergie du tout. Parce qu’il faisait beau et chaud et que j’avais promis à mon collègue D.M. de profiter de la soirée d’été, j’ai fini par me décidée à une balade en vélo dans le quartier…

Et puis je me suis demandé ce qui me ferait vraiment plaisir, ce dont j’avais envie. J’ai réalisé que ce serait de parler à quelqu’un. J’étais presque décidée à appeler mon amie C.T. quand c’est elle qui m’a appelée! On a parlé ensemble une bonne heure, je me sentais mieux après, mais ça n’a pas duré :/

Et puis, ce matin, impossible de me lever. En fait, impossible de me lever sans râler. J’ai préféré rester couchée. J’ai fini par me lever vers 9h00, prendre mon petit déjeuner puis aller au boulot sans me doucher. En chemin, de grosses larmes… Et puis encore des larmes en disant bonjour à D.M., mon nouveau collègue affable et gentil qui m’accueille tous les matins avec un sourire et un « Aniiiiiick! » J’avais carrément les larmes aux yeux, mais, heureusement, il n’a pas insisté. Nous avons conclu d’un commun accord qu’il y a des matins comme cela et que ça finit par passer… Et puis je me suis calmée, je ne sais pas pourquoi. J’ai eu ma première journée productive depuis au moins une semaine.

Ce matin, avant de partir pour le boulot, ou hier, avant de me coucher, j’ai essayé de voir ce qui me pompait autant d’énergie. Je crois avoir trouvé. D’abord, ma collègue A.J.-C., que j’admire probablement un peu trop, et avec qui j’aimerais avoir des rapports différents, plus intimes. Et ma collègue F.B-D., qui a été en vacances toute la semaine sans me le dire. Oui, je sais, ma réaction est bizarre… Mais c’est comme cela que je sens : déconsidérée. Et D.M. qui m’accueille avec joie tous les matins! Ça, ça me stresse!! Pas simple…

– º – º – º –

J’ai eu la gorge pas mal serrée quand j’ai dit à mon amie C.T. hier, au téléphone, que je ne me sentais pas bien, mais cela non plus n’a pas duré… J’ai minimisé mon sentiment, puis nous sommes passées à autre chose.

Bizarrement, j’ai aussi été très émue avec ma mère au téléphone il y a deux ou trois semaines, quand je lui ai raconté que j’avais acheté un figuier pour une amie. Avec ma mère, mon ton, par défaut, est sec et tranchant, presque méprisant… J’essaie de respirer et de rester calme, de l’écouter sans la juger et de lui répondre normalement. Mais ce qui sort, c’est souvent de l’impatience et du mépris 😦 Et, ce soir-là, en faisant un effort supplémentaire pour réellement tenir une conversation avec elle, je lui ai parlé du figuier et de mon amie et j’en ai eu les larmes aux yeux. Je ne sais vraiment pas ce qui m’a émue autant.

Et puis ce soir, ça va… J’ai assez d’énergie pour écrire 🙂

Une affaire à suivre.

(Et merci de m’avoir lue 😉 )

Devenir adulte

Ça cogite dur, toujours, mais je suis généralement de meilleure humeur, ce qui est plutôt une bonne nouvelle et ce qui, surtout, me rend la vie plus douce.

Avant de commencer ce post « pour vrai », je tiens à dire que j’ai été très, très touchée (et étonnée!) de voir les autres blogueurs continuer d’aimer mes posts, même si je suis moins allé les lire récemment et que je leur ai retiré le droit de me laisser des commentaires. Ça m’a sciée. J’ai d’abord pensé enlever aussi le droit de laisser des « J’aime », et puis je me suis dit que c’était une fuite vers l’avant et j’ai changé d’avis… L’isolement est rarement une bonne idée. Je m’apprête d’ailleurs à remettre le droit de laisser des commentaires 🙂 … Quitte à les retirer à nouveau au besoin!!!

Devenir adulte, donc… Ben, c’est un peu cela aussi : décider de couper les ponts en enlevant le droit de laisser des commentaires sur son propre blogue et se sentir à l’aise avec les conséquences. Bref, faire des choix et les assumer.

++

Mercredi, j’ai participé à une réunion avec mon équipe. Nous étions toutes présentes (sauf V.), 10 femmes qui font attention les unes aux autres, qui croient à leur travail et à leur équipe, qui se donnent au maximum et qui aiment rire. Une belle gang, quoi. (Je ne sais pas si je vous l’ai déjà dit mais, en décembre 2017, j’ai demandé à la directrice de cette équipe si elle voulait m’adopter — elle a accepté 🙂 (et bon, c’est pertinent aussi puisque mes dossiers recoupent ceux de son équipe 🙂 (meilleur move professionnel de ma vie!)

crying-girl

Je me sentais exactement comme cela mercredi! (source : de Crimfants – https://www.flickr.com/photos/crimfants/327861820/, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2227266)

Mercredi, donc, comme souvent, j’ai hésité à plusieurs reprises à intervenir, à prendre la parole, à donner mon avis dans les discussions de groupe… Et puis j’ai trouvé que les autres ne m’avaient pas donné assez d’attention, ni assez regardé… J’essayais très fort de plaire, de rire, d’être d’accord, puis je réalisais que tout cela manquait de naturel, ce qui n’est jamais attrayant… J’essayais donc de me détendre et de me concentrer sur ma respiration, mais bien vite j’avais de nouveau envie de plaire et d’appartenir pleinement à cette belle équipe.

Bref, ce ne fut pas la meilleure réunion de ma vie… Je me sentais rejetée, mal-aimée, seule… J’en avais les larmes aux yeux. Même si je savais que c’était enfantin, injustifié et irrationnel, c’était une boule d’émotions bien réelle que je n’arrivais pas maîtriser. Avant, j’aurais ressenti de la colère. Là, je n’éprouvais qu’un gros sentiment de rejet… Et un peu d’amertume, mais j’ai heureusement réussi à rester sur mon émotion, sans blâmer les autres.

Je suis aussi très fière de dire que, plutôt que de bouder, de me plaindre contre mon travail ou de ronchonner contre tout et rien — ce que j’aurais fait il n’y a pas six mois –, j’ai fermé la porte de mon bureau doucement et j’ai travaillé sans colère. Au moins deux collègues sont venues de me voir après la réunion, ce qui prouve  bien — si besoin est — que le sentiment de rejet provenait réellement de mes perceptions.

Et le lendemain (hier), j’ai passé une super-belle journée avec cette même équipe. J’ai travaillé sur un texte avec M., obtenu ma rencontre hebdomadaire avec D., jasé avec M.-M., F. et A… Je crois que cela est dû au moins en partie au fait que, mercredi, je me suis laissée vivre ma déception, mon fort sentiment de solitude… (Méditer mercredi soir après des mois sans méditation n’a sûrement pas nuit non plus!) Mais au travail, vivre cette authenticité, cette vérité de ce que j’étais, sans relent d’amertume, m’a sûrement connectée à moi-même et aux autres… Bon, j’en avais de l’amertume tout de suite après la réunion, hein, et mes yeux se sont gonflés de larmes plusieurs fois… Mais j’ai réussi à me parler et cela n’a pas duré. J’ai terminé la journée calmement, en travaillant. Et ça, c’est un gros, gros progrès. 🙂

La vie en groupe : une collègue dans le bus

Maintenant que j’ai supprimé les commentaires, je vais pouvoir me lâcher 🙂

La semaine dernière, j’ai vu ma collègue M.M.V. dans l’autobus qui me transporte chaque jour jusqu’au travail. Elle ne s’y trouve pas d’habitude et cela m’a créé une grande surprise de la voir.

M.M.V. est très groundée, elle ne se laisse pas distraire de ses besoins et objectifs par les réactions et les comportements des autres. Ne me méprenez pas : même si elle connaît ses priorités et s’occupe de ses besoins, elle demeure toujours professionnelle, avenante et très positive.

La voir dans le bus m’a grandement perturbée. Au début, en fait, je ne l’ai même pas vue : j’étais occupée à m’installer avec mon cartable pour étudier pendant le trajet. En levant les yeux, j’ai vu M.M.V. Évidemment, phobique sociale que je suis, je ne lui ai pas lancé un « Bonjour M.M.! » ou essayé d’attraper son regard. En fait, si, un peu… Mais elle regardait son téléphone en souriant et elle avait d’être dans sa bulle. J’ai donc essayé d’étudier, comme je voulais le faire et – miracle! – j’ai été capable de respirer et de trouver l’émotion qui m’habitait.

Mon émotion? La peur… La peur que M.M.V. se lève et m’engueule. C’est bête, mais c’est vrai. Je ne suis même pas exactement sûre de quoi elle aurait pu m’engueuler. Simplement d’être dans le bus, je crois, et d’empiéter sur son espace vital. (!!)

Bonne nouvelle : découvrir que je ressentais de la peur m’a à la fois surprise et calmée, ce qui m’a aidée à me concentrer sur mon cartable, tout en jetant de temps à autre des petits coups d’œil à M.M.V. Elle semblait aussi m’avoir vue du coin de l’œil, mais continuait à regarder calmement son téléphone.

Après 10-15 minutes, je suis descendue à l’arrêt juste avant celui où descendent généralement les employés de ma boîte. Je me sentais un peu mal à l’aise de le faire devant M.M.V., maiiiis c’est aussi quelque chose que je fais souvent, et en plus il faisait beau. Donc je me suis dirigée vers la sortie sans un regard pour M.M.V., pourtant assise juste à côté de la porte.

Arrivée toute seule sur le trottoir, je me suis rendue compte que la peur avait cédé sa place à la tristesse… J’étais triste de ne pas avoir parlé avec M.M.V., de l’avoir littéralement abandonnée dans le bus… C’est fou, hein?

À mon arrivée au travail, je n’ai pas vue M.M.V. J’ai d’abord cru qu’elle avait une réunion matinale, mais en fait elle avait effectué un petit détour pour aller acheter une carte d’anniversaire pour une troisième collègue, F.B. Quand elle est arrivée, elle ne m’a pas dit un mot à propos du bus, mais est passée par mon bureau pour me dire un beau bonjour (et me dire pour la carte), ce qu’elle fait rarement.

Je ne suis pas 100% certaine de la morale de cette histoire, mais c’est ç’a à voir avec nos obligations sociales, les réelles et celles que je m’invente, et la douceur qu’il peut y parfois avoir dans le vivre-ensemble.

*=*=*

Je voulais donner d’autres exemples de ces « dénouements » de rencontres, mais c’est long dis donc… Disons que ça suffira pour maintenant!!!

Ce qui me met en colère I

Bon, chose annoncée, chose due : je vais noter les choses qui me mettent en colère, comme j’ai noté celles qui m’émouvaient, afin de mieux cerner les causes de cette colère quasi-constante qui m’habite.

Aujourd’hui, ma collège A.L. et moi avons eu une réunion sur la progression des textes que je dois terminer en vue du prochain numéro. L’un d’eux en particulier lui tient à cœur. Il aborde comment un organisme peut en mobiliser d’autres et en faire des collaborateurs, même si leur mission peut être différente. Qui plus est, cet article met en valeur l’organisme qui m’emploie. A.L. était très directive quand nous en avons parlé (je découvre enfin en écrivant ce post ce qui m’a dérangée chez ma collègue pendant notre réunion : son côté directif!). J’ai aussi trouvé que son ton était brusque et peu conciliant. Elle répondait par un « Non! » ferme à chacune de mes phrases avant d’exposer sa propre idée.

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Ça ne ressemblait pas du tout à cela, mais la fille en vert représente assez bien comment je me sentais !!! (source)

Je ne sais pas trop pourquoi les discussions avec elle sont si souvent difficiles. Elle semble pourtant bien s’entendre avec les autres… Et puis… Je ne sais pas… Mon ton aussi était brusque et cassant vers la fin. Peut-être que j’étais crispée moi aussi et peu ouverte à la discussion dès le début… Dans tous les cas, je suis contente de ne pas m’être fâchée pour vrai pendant notre réunion. Vers la fin, j’ai simplement acquiescé à ce qu’elle disait en essayant de ne pas être passive-agressive et de faire la moue. Et puis, une heure ou deux plus tard j’ai réalisé à quel point cette histoire m’occupait l’esprit… D’où ce post.

Je ne suis pas sûre encore de l’intérêt de ce post. J’espère que je le verrai à l’usage…

États d’esprit du vendredi #42 (2018/01/19)

Participation aux États d’esprit du vendredi de Zenopia et Postman. C’est à la fois simple et sympa : on répond au questionnaire ci-dessous, on partage le tout en commentant leur blogue respectif et on va découvrir ce que deviennent les autres. C’est parti.

18h19

Fatigue : Bizarrement, je suis plus en forme depuis que je me lève vers 5h30. C’est un relent du centre de méditation, et il me convient bien.

Humeur : Variable tendance belle 😉

Estomac : Délicieux restes : salade de roquette avec tomates, champignons marinés et thon.

Condition physique : Bizarrement, meilleure depuis que je médite plus souvent.

Esprit : Ado tendance adulte, i.e. se pense encore au centre du monde mais accepte mieux la réalité telle qu’elle est (oui, il y a du vipassana là-dedans 🙂 )

Boulot : C’est le boulot, quoi… Non mais ça va… J’ai une nouvelle équipe, notre directeur des comms est parti aujourd’hui (fermeture de poste…), V.G. a l’un des plus beaux sourires au monde quand elle te demande « comment ça va? » et j’ai hâte de ne plus me sentir coupable quand je parle à D. (Ah oui, et je suis fière des projets que je mène en recherche 😉 ) (Ah oui bis! J’ai donné un fruit à ma collègue A-.A., qui en a toujours plusieurs sur son bureau. Ç’a tissé des liens hihi

Culture : Plein de trucs chouettes. Seule Venise, de Claire Gallay (merci, R.!), la poésie directe et un peu tristounette de Chenous, de Véronique Grenier et L’imbécillité est une chose sérieuse, de Maurizio Ferraris. Aussi un film sur Stephen Hawking, « Theory of everything », un charmant documentaire sur la gastronomie québécoise, « 100 ans à table » (disponible en ligne) et plusieurs épisodes des « Chefs! », une émission où des chefs en formation s’affrontent.

Chenous

le ciel bleu / suffit pour aujourd’hui / à me rajouter un demain

Penser : À sentir mon souffle sur les parois de mes narines et rester calme.

Avis perso : Rien en particulier… Au hasard : c’est triste le soutien américano-saoudien à la guerre au Yémen 😦

Message perso : C’est bien de savoir que vous êtes là 🙂 Je suis encore un peu inhibée d’avoir des lecteurs, mais ça se traite 🙂

Loulou la poilue : Dors avec moi, craint de moins en moins la neige, se fait gâter par mon voisin…

Amitiés : En cours de réparation en profondeur ♥

Essentiel : Me laisser une chance.

Divers : Je suis contente de mon nouveau Bullet journal 🙂

Courses : Des fruits dimanche.

Sortie : Un atelier de danse avec N. et un week-end à Gatineau avec ma famille.

Envie : De faire ce que je veux vraiment.

Zic : J’ai écouté ce funk des années 1970 plusieurs fois cette semaine, j’adore.

Pic : Atelier de transplantation de plantes araignées, hier 😉

plantes-219h09 (c’est pour ça que je ne fais pas les EEV toutes les semaines : entre l’écriture, les recherches et la lecture des autres blogs, c’est au moins 1h-1h30. C’est loooong!)

Pleurer au bureau

Je vous ai dit que c’était dur d’écrire en ce moment. Ce n’est pas une raison pour tout garder en dedans, surtout qu’il y en a beaucoup à dire 😉

Alors que le décès de mon amie A.-M. était assez abstrait, il commence devenir plus réel… On ne se voyait pas si souvent (peut-être une fois par mois) et là, nous serions dues pour un coup de fil ou une activité… Elle m’appellerait pour savoir comment je vais, me souhaiter de belles fêtes…

Vous le savez, le contact avec l’autre est toujours un peu compliqué… Alors que je suis assoiffée de relations significatives, j’ai peur de m’engager, d’être jugée, de ne pas pouvoir me retirer d’une relation qui n’est pas nourrissante. C’est encore plus frappant avec le décès d’A.-M… Les liens que j’avais tissés avec elle ont grandement enrichi ma vie, mais ils font mal…

Nekomonogatari GIF

C’est un peu comme cela que je me sens, nonobstant les seins (source)

Bref, je n’ai trooooop la forme en ce moment et, ce matin, quand une collègue que j’aime bien m’a demandé si j’avais l’esprit festif, je lui ai confié le suicide de mon amie 😦 J’en ai eu les larmes aux yeux, et elle aussi… Et puis toute la journée a été consacrée aux festivités de Noël : d’abord un brunch et des jeux avec mon équipe puis le cocktail dînatoire avec toute la boîte. Ces soirées au bureau sont toujours dures pour moi : appartenir à un groupe, se lier, se dévoiler… Tout cela dans un contexte informel, c’est-à-dire sans règles, où c’est difficile de savoir ce qui est correct et ne l’est pas. Ouf. Pas facile. A.-M. avait réussi à force de patience, d’écoute, d’intelligence et de persévérance à me faire sortir de moi-même…

Tout ça pour dire que, après avoir eu les yeux embrumés à quelques reprises au sujet de mon amie, j’ai plus ou moins éclaté en larmes devant mes collègues quand il a fallu aller à la soirée de l’organisme… Mes collègues ont été top : elles m’ont prise par le bras, sont descendues avec moi et m’ont demandé plusieurs fois comment je me sentais.

(Ça fait du bien, ce post, même s’il est tristounet.)

L’autre ami qui m’occupe l’esprit, c’est P. Je suis même allée voir sa page Facebook dernièrement. J’ai osé « liker » un statut où il disait qu’il voulait voir des gens parce que, franchement, j’étais contente pour lui. Depuis, tous ses posts sont redevenus privés, ce qui est bien sûr son droit…

J’ai envie de faire du ménage dans ma tête et de me faire un petit Pennebaker avec cet ancien ami : un séance d’écriture de 20 minutes sur un sujet donné, trois jours de suite. Je l’ai fait avec mon travail, ma mère et mon père, et ça été très utile. À suivre?

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ps — j’ai remarqué aujourd’hui, lors du brunch festif avec mon équipe, qu’il y a une façon de regarder les autres, de réagir à leurs propos qui est extrêmement bienveillante même lorsqu’ils disent ou font des bêtises. C’est comme, « Oui, tu as dit une bêtise, mais je te respecte encore comme personne. » et non pas « Quelle conne tu fais parfois hahaha! » Même si je ris de bon coeur et que je ne pense pas vraiment que la personne est conne, il y a une façon de l’exprimer qui est… hum… doit être très respectueuse. (bon, c’est un peu formel peut-être dit comme cela, mais c’est comme ça quand on est une intello 😉 ) Un peu comme quand ma collègue A. a oublié des échéanciers importants et que j’ai réussi à lui dire pourquoi cela me dérangeait, calmement? À suivre aussi.

Aller bien, aller mieux

Le titre est trompeur, puisque je traîne de la patte depuis que je suis revenue de mon week-end de filles :/ Certes, ça c’est mieux passé que l’année passée : je me sentais plus à ma place et moins angoissée. Par contre, prendre sur moi et ne pas faire la moue/éprouver du ressentiment à chaque fois que je n’étais pas le centre de l’attention a été très exigeant (j’exagère à peine). Le bon côté, c’est que je m’en rendais compte : cette petite frustration, quasi imperceptible, quand mon commentaire n’était pas accueilli avec assez d’enthousiasme, quand je me sentais un peu délaissée… Hum. C’est très pernicieux… Il faut être très attentif pour voir ces petites frustrations et ne pas leur céder en prenant sur soi.

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Il me semble avoir déjà parlé, ici, du fait que je voyais et entendais mieux le négatif qui habite en moi. C’est revenu. C’est utile parce qu’il faut d’abord voir un problème avant de pouvoir le régler, mais c’est lourd. C’est lourd de savoir à quel point je peux être centrée sur moi, bébé et me frustrer facilement… C’est lourd, mais c’est la vie.

C’est cela le « aller bien, aller mieux ». Maintenant, quand je ne vais pas bien, je le vois. Et je suis plus capable de faire en sorte que ça dure un peu moins longtemps.

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Dans ma série sur ma négativité intérieure, j’ai eu un drôle de moment au cours de yoga, la semaine passée. Comme d’habitude, j’avais du mal avec les positions mais, ce jour-là, cela me mettait en colère. Ça faisait longtemps que je n’avais pas été aussi fâchée contre la vie pendant mon cours. Mais je suis restée avec cette colère, sans la rejeter sur quiconque. Quelques larmes discrètes ont coulé, puis il s’est passé un truc vraiment bizarre : j’ai eu envie de serrer mon adorable prof de yoga très fort dans mes bras et d’appeler mon amie C.T. Bref, derrière cette colère il y avait… de l’amour! Bi-zar-re…

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Donc, concrètement, aujourd’hui, la collègue qui partageait mon bureau a changé de bureau… :/ Mon attitude lui pesait et commençait à l’affecter en-dehors des heures de travail. Comme elle est adorable, elle en a d’abord parlé avec notre supérieure, qui m’en a parlé à son tour. Moi, je ne le prend pas trop mal. Je la comprends… J’admire aussi sa capacité à déterminer ce dont elle a besoin et à aller le chercher.

Ma collègue a bien insisté pour dire que c’est elle qui réagit à mon attitude. En somme, ce n’est pas moi qui est en cause, mais nous. C’est ce que je pense aussi. Une relation, ça se fait toujours à deux. Elle se sentait mal de partir, avait peur de me blesser. Je l’ai serrée dans mes bras avec plein d’amitié et un peu de tristesse… Mon karma (mes actions passées) continue de me suivre : je dois apprendre à vivre avec les autres… xx