J’ai passé un peu plus qu’une semaine avec mon père, qui était installé chez-moi pour faire des travaux. Il est parti mercredi matin (j’ai envie de dire : enfin!), alors que nous étions tous deux un peu à bout et fâchés. Le sentiment d’être meilleur que l’autre, et surtout le grand besoin que nous partageons d’être reconnus, y ont certainement joué un rôle…
Je suis la fille de mon père : je fais preuve de la même brusquerie, de la même curiosité et de la même serviabilité, je me fâche vite mais je me « défâche » vite aussi. Bref, quand je travaille avec mon père, on passe du bon temps mais on doit faire des efforts tous les deux 😉
Ce lundi, mon père a décidé de redresser le bout de plafond que nous avions abîmé en retirant une colonne non-porteuse. Il m’a raconté sur un ton impatient qu’il avait construit un plafond courbé qu’un ami (oui oui) avait ensuite démoli puis reconstruit, disant qu’un plafond doit être droit. C’est ce vieux compte à régler (je crois) qui a amené mon père à vouloir redresser mon plafond plutôt que l’urgence ou même la nécessité de la tâche… Certes, un plafond doit être droit, mais mon père et moi n’effectuons que des travaux de surface; le gros de l’ouvrage sera confié à un entrepreneur professionnel.
Mon père s’est donc mis à l’ouvrage, sans vraiment me consulter, avec force juron et bien de la mauvaise humeur… Charmant. J’ai répondu en boudant un peu, c’est-à-dire en lisant ostensiblement tout en l’assistant lorsqu’il me le demandait. Charmant aussi…
Par chance, mon rendez-vous avec la psy tombe justement le lundi. J’ai donc pu ventiler sur le fait que mon père réparait mon plafond en bougonnant et réaliser que ce qui me gênait surtout dans toute cette situation était de ne pas bien en comprendre les tenants et aboutissants. Je le savais, mais je n’avais pas pris la peine de le dire clairement, genre : « Papa, j’aimerais que tu me m’expliques ce que tu vas faire, pour que je comprenne bien ce qui va se passer. » Le fait qu’il me l’explique ne m’aurait pas seulement renseignée et rassurée, mais l’aurait peut-être aidé lui-même à mieux planifier sa réparation et, donc, à moins bougonner.
Tout ça pour dire que mon père a fini par atteindre son but et que, malgré cela, la journée s’est mal terminée : j’étais de mauvaise humeur et je n’avais plus de patience pour poursuivre les travaux. En soirée, j’ai fini par lui dire — gentiment — que je souhaitais qu’il retourne chez-lui. Je lui ai bien expliqué que c’est moi qui, habituée à vivre seule, commençait à avoir du mal avec sa présence… Mon père a bien accueilli la nouvelle, mais son départ, le surlendemain matin, a été une véritable catastrophe. TOUT était sujet à critique et à une obstination stérile et moi, comme une conne, j’embarquais dans son jeu en lui répondant avec un ton impatient ou méprisant… Oui, charmant…
Bon, on s’est quand même donné un câlin sincère avant de se quitter et on est parlé (gentiment) au téléphone depuis, donc tout n’est pas perdu, mais disons que j’aimerais éviter que ce genre de situation se reproduise.
De mon coté, je me rends compte que, le matin de son départ, j’ai pris certains de ses commentaires blessants de manière personnelle alors que j’aurais pu — et dû! — agir en adulte et les laisser couler. Mais la volonté d’avoir raison — ou d’être meilleure — l’a emporté. Comme quand je jugeais sa réparation du plafond inutile et, qui plus est, mal effectuée… De son côté, je pense qu’il tenait à ce que ses compétences soient reconnues… On aurait dit qu’il voulait me prouver que, même si je le mettais à la porte, cela ne voulait pas dire qu’il ne connaissait rien.
Notre mauvaise humeur mutuelle s’est calmée quand j’ai souligné, après une courte chicane au sujet du code de la route, que je ne voulais pas poursuivre cette discussion parce que nous n’avions pas les faits en main. Ç’a calmé mon père d’un coup.
Agir en adulte (par exemple, rester calme même quand l’autre personne perd ses moyens), nommer mes besoins et ne pas prendre personnellement les critiques sur des choses banales… Des leçons de vie à apprendre, encore à 52 ans!
Ah oui, j’ai encore des choses à dire sur le stress et l’inertie qu’engendre la croyance d’être meilleure que… Une autre fois!