Dieu, la vie et la déprime

Je me sens couci-couça depuis quelques temps, ni trop bien, ni trop mal. Plus précisément, j’alterne entre des moments de pure joie, où mon discours intérieur habituellement incessant, cesse, et des moments de forte détresse, où le moindre geste devient impossible, où je n’ai le goût de rien et où je ne ressens rien sauf un découragement vaguement triste…

Alors, en ce dimanche matin, je me suis dit que ça me ferait du bien d’aller à une réunion de La Chapelle et, de fait, cela m’a bien secoué les puces et donné de l’énergie — assez, tout au moins, pour revenir de la réunion à pied, faire quelques courses, écrire ce texte et (si Dieu le veut 😉 ) faire une monstrueuse vaisselle.

Le message de Glen de ce matin portait justement sur les raisons de croire en Dieu et de lui donner notre vie. Comme souvent, j’ai été extrêmement émue lors de la réunion, même si je n’étais pas d’accord avec tout. L’idée que nous sommes pardonnés de tout et que nous devons nous en remettre à une force plus grande que nous me touche et me parle beaucoup.

Le message de ce matin m’a remis en tête tous les mystères de la nature et de l’univers que nous ne contrôlons pas et comprenons à peine : les subtilités de la fertilisation (des milliers de spermatozoïdes qui « attaquent » un ovule, un seul qui arrive à y entrer), la complexité biochimique et biologique des cellules, le mystère de la différenciation des cellules souches, l’incroyable complexité de l’œil, de la vision ou des osselets dans nos oreilles… Sans compter tous les mystères du cosmos, comme la présence de la matière noire, l’expansion de l’univers ou le rôle des trous noirs. On en comprend si peu alors qu’on pense en savoir assez pour dire aux autres comment agir. Quelle arrogance, quand on y pense! Sans oublier le peu de contrôle que nous avons sur notre propre vie : notre sexe, notre génétique, les capacités parentales et la richesse des gens qui nous ont élevés, etc. En fait, on ne contrôle rien du tout.

Quand les pasteurs de La Chapelle nous invitent à nous en remettre à Dieu, à accepter que Dieu a tout créé, je traduis « Dieu » comme : une force invincible, qui soutiendra toujours la vie. Malgré l’omniprésence du béton, malgré les guerres, malgré l’Holocauste, la vie gagne toujours. Si les changements climatiques rendent la Terre inhabitable, ce n’est pas la vie qui va s’éteindre, mais le genre humain et plusieurs autres espèces animales. Mais des micro-organismes et d’autres bestioles vont demeurer, et la vie reprendra peu à peu son cours une fois les gaz à effet de serre redescendus à des concentrations viables.

Je pense que ma vision de Dieu comme force vivante tient la route parce que Jésus nous invite à nous aimer les uns les autres, alors que la vie a elle aussi tout à gagner de cet amour. La vie est plus susceptible de durer lorsque nous collaborons et que nous prenons soin les uns avec les autres et que nous nous laissons aller à une véritable compassion.

Notre absence complète de contrôle ne signifie pas que nous devons nous abstenir d’agir, au contraire. Simplement, on agit en acceptant que nous n’avons pas de contrôle sur les conséquences de nos actions. Si j’invite une amie à souper, elle peut accepter ou refuser; si je dénonce le commentaire raciste d’un oncle, il peut s’amender ou non. Pareillement, si quelqu’un m’invite à changer mon comportement, je peux accepter ou non, selon mes croyances et mes valeurs du moment.

Ah *soupir*, pas simple de savoir tout cela et de le mettre en pratique… Il faut respirer beaucoup 😉

Enfin, je crois que nous conservons une illusion de contrôle du fait que l’on en exerce un peu à court terme et à très courte distance : si je veux lever mon bras, je le lève, à moins d’une invalidité ou d’une maladie. Cela nous donne l’impression que l’on peut tout contrôler et que c’est seulement la paresse, le découragement ou la malchance qui nous en empêche. Eh bien non : c’est simplement la réalité.

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