Être meilleure que – II

Allez! Je vais faire sortir le méchant qui nuit à mes relations ET à mon bonheur personnel. En étant sobre, cette fois.

Il y a souvent des bribes de réflexion qui me viennent à l’esprit lorsque je suis en train de faire autre chose… Je vais essayer d’en retranscrire quelques-unes ici en espérant y voir plus clair.

Meilleure que, c’est lié à mon esprit « champ gauche ». Souvent, pour ne pas dire très souvent, j’appartiens à une minorité. Cela peut toucher à des choses très banales, comme mes goûts musicaux ou mes activités de loisir, ou à des choses plus sérieuses, comme mes opinions politiques, mes valeurs ou mon orientation sexuelle. Dans tous les cas, je suis souvent minoritaire. Cela contribue à mon sentiment de supériorité, car, contrairement à la majorité, je suis prête à suspendre mon sentiment spontané d’horreur ou de « gros bon sens » pour examiner la validité intrinsèque d’une idée. Par exemple, l’idée ajuster l’offre de biens et de services à la main d’oeuvre disponible, plutôt que l’inverse; mettre sur un pied d’égalité industriel et juridique les animaux de ferme et les animaux de compagnie; aller méditer 10 jours dans le silence, sans livre ni crayon 😉

Mais je ne dois pas répondre au rejet que j’ai souvent ressenti par du rejet… Sinon, où cela mène-t-il? Autrement dit, l’originalité de ma pensée ne doit pas se muer en mépris pour les autres. Comme je m’en rappelle parfois, ce n’est de leur faute si je suis plus intelligente qu’eux haha! Ou tout au moins, si je suis plus capable de voir loin et de creuser une idée…

Et je me rends compte, en travaillant à mon nouvel emploi dans une PME, que le copropriétaire de l’entreprise a des qualités très différentes des miennes, mais que j’admire énormément : sa capacité à écouter, à faire confiance, à accepter l’imperfection et le temporaire, à ne pas se fâcher et à ne pas se tromper dans ses calculs! Bref, même si m’imagine « meilleure que », il y a bien des choses que je ne sais pas ou que je n’arrive pas à faire aussi bien que les autres.

Un autre élément de mon sentiment de supériorité tient d’ailleurs à ma difficulté à accepter la différence. Prenons ma mère, par exemple, qui s’inquiète pour un rien et qui me raconte les événements de sa vie comme le ferait un disque : avec des phrases toutes faites, répétées déjà 10 à d’autres amis(-es) ou parents proches. Sans compter les moult détails du style, « Je lui ai dit ‘Bonjour’, il m’a répondu ‘Bonjour' »…

Mais, face à son inquiétude ou au côté assommant ou artificiel de ses histoires, la colère ou l’impatience n’est pas une bonne réponse. Oui, ma mère a une façon d’être différente de la mienne et elle a le droit. En réagissant avec colère ou impatience, non seulement je lui manque de respect, mais je me coupe probablement d’une relation plus profonde avec elle.

Tout cela me ramène à cette réalité que, même si je suis souvent convaincue d’être « meilleure que », j’ai généralement du mal à me montrer fièrement telle que je suis et à prendre des risques avec les autres, ce qui m’entraîne beaucoup d’anxiété et de négativité… Cette phrase résonne, je sens sa vérité dans mon épaule.

En étant plus ouverte aux positions, aux réflexions et aux réalités des autres, et en démontrant plus de compassion et de douceur à leur égard, je me sentirais certainement plus à l’aise d’exposer mes propres positions. Comme disait je ne sais plus qui, ce sont les éléments que l’on nourrit qui vont croître…

Enfin, c’est fou! En cherchant une image pour illustrer ce texte, je suis tombée sur les notes d’un révérend. Toute est dans toute! Il y a aussi cette image qui me tente, mais c’est justement de cette attitude que je dois me débarrasser ¯_(ツ)_/¯

C’est rough

Je suis triste et je ne sais pas pourquoi. C’est la plus difficile des tristesses, car on ne sait pas trop comment la soigner, quelle action poser pour aller mieux… Je n’aime pas le dernier texte que j’ai publié sur ce blogue : Être meilleure que. Avoir besoin de fumer pour s’ouvrir, hum… ce n’est jamais un bon signe.

Je suis triste, et je ne sais pas pourquoi. Je me sens seule, et j’en suis la seule responsable. Quand j’ai écris « Être meilleure que », j’ai aussi noté dans mon cahier les occasions de socialiser que je n’avais pas saisies : l’appel à M.A. qui reste à faire, les photos jamais envoyées à F.L., l’invitation à C.T. qui traîne… Depuis, heureusement — et je m’en rends compte en rédigeant ce texte — j’ai écris à M.A. et j’ai envoyé mes photos à F.L. et, du coup, une sortie est prévue avec chacune d’elle.

Je suis triste et, dans le fond, je sais un peu pourquoi. Je me suis chicanée avec ma mère, que j’ai blessée. Heureusement, je lui ai demandé de m’expliquer ses sentiments et je me suis engagée à faire plus attention à l’avenir – et j’entends bien tenir mon engagement. Mais la peine que je lui ai causée me pèse… D’ailleurs, je planifie l’appeler pour voir comment elle va et jaser encore un peu de notre différend, afin d’en atténuer encore davantage les tranchants acérés. Écrire ce texte va m’aider à y arriver.

Je suis triste et, dans le fond, je sais un peu pourquoi. Hier, j’ai rencontré des militants de Québec solidaire et J.V.-P. — un être particulièrement doux et allumé — m’a confié une anecdote. Et moi de répondre « Oh, c’est méchant [de ta part] d’avoir fait ça! » Je l’ai senti se rétracter physiquement. Oui, ça se dit, mais pas avec le degré d’intimité que nous partageons actuellement. Bref, même si je me pardonne (je commence à me connaître!), ça me rend triste.

+ + + +

Cette tristesse est présente depuis plusieurs semaines, voire quelques mois. Ce matin, j’ai parlé au Seigneur pour la première fois depuis au moins trois semaines, et ç’a m’a fait du bien. Suivant un des conseils de David Pothier, j’ai prié en parlant de ce qui est présent, même si ça parle de moi, même si ce n’est pas glorieux, même si c’est égoïste.

Mais aujourd’hui, ou hier, je me suis aussi dit que je dois lâcher au moins temporairement les grandes réflexions sur le bien et le mal — et ce texte sur ce sujet que j’essaie d’écrire depuis plusieurs mois — et me concentrer sur des choses plus concrètes, comme la relation avec ma mère, avec C.T. et avec les autres, et des pratiques spirituelles concrètes, comme la prière.

Être meilleure que…

J’ai très souvent (je dirais même continuellement!) la certitude que je suis « meilleure que » : meilleure parce que j’achète du tofu, parce que j’achète du vrac, parce que je marche, parce que j’achète local, etc. En fait, je suis tout le temps en train de juger les autres : pour leur VUS, pour leur niveau sonore, pour leurs déchets dans la rue, pour leur laideur ou pour leur air bête…. Ben oui, c’est comme ça. C’est comme une drogue, je ne peux pas m’arrêter même si ça me déplaît…

Est-ce pour endormir mes propres angoisses, mes propres besoins? Ou peut-être plutôt pour repousser le lien avec l’autre…

Toute cette réflexion sur le « bien » et « le mal » (parce que c’est bien de cela qu’il s’agit au final) me trotte dans l’esprit depuis AU MOINS deux mois, sinon trois. Bref, j’y pense depuis des mois et j’ai trituré un texte sur le sujet plusieurs fois mais je n’arrive pas à bien le terminer ni à le publier. Mais aujourd’hui, je suis au parc, j’ai fumé et il fait beau, et j’arrive au moins à mener à bien un petit bout de ma réflexion.

Donc, tout cela a commencé avec. l’excellent message (prêche) du pasteur Jean-René sur « le bien » et « le mal », j’y reviendrais peut-être!

Du coup, j’ai lu (ou relu) la Genèse où Adam et Ève mangent le fruit défendu (car oui il y a deux Genèses!). Celle avec Adam et Ève m’interpelle beaucoup. Une fois le fruit mangé, les deux voient qu’il et elles sont nus et il et elle ont honte et se cachent du regard de Dieu…

Ce qui me ramène à moi et ma compulsion à me dire « meilleure que » presque tout le temps. Si je suis tellement convaincue d’être du bon bord, pourquoi ai-je tant de mal à montrer haut et fort qui je suis?

C’est certainement une question intéressante à creuser!!