Entre moi et moi [« Je m’aime, la suite », 05/2021]

De mai 2021 à septembre 2022, j’ai tenu un blogue « privé », « Je m’aime, la suite ». J’ai fini par revenir à ce blogue-ci, ouvert aux autres. Aujourd’hui, je reproduis ici les quelques articles que j’ai publiés sur Je m’aime la suite.

Ça y est! Après des mois de tergiversations, j’ai laissé derrière mon blogue public, Je m’aime maintenant, pour me consacrer désormais à ce blogue privé. L’objectif est de me regarder davantage en face, sans crainte d’être lue par je ne sais qui ou mal comprise ou, pire encore, que mes paroles produisent des effets indésirés.

Bref, bienvenu chez-moi 🙂

Être meilleure que – II

Allez! Je vais faire sortir le méchant qui nuit à mes relations ET à mon bonheur personnel. En étant sobre, cette fois.

Il y a souvent des bribes de réflexion qui me viennent à l’esprit lorsque je suis en train de faire autre chose… Je vais essayer d’en retranscrire quelques-unes ici en espérant y voir plus clair.

Meilleure que, c’est lié à mon esprit « champ gauche ». Souvent, pour ne pas dire très souvent, j’appartiens à une minorité. Cela peut toucher à des choses très banales, comme mes goûts musicaux ou mes activités de loisir, ou à des choses plus sérieuses, comme mes opinions politiques, mes valeurs ou mon orientation sexuelle. Dans tous les cas, je suis souvent minoritaire. Cela contribue à mon sentiment de supériorité, car, contrairement à la majorité, je suis prête à suspendre mon sentiment spontané d’horreur ou de « gros bon sens » pour examiner la validité intrinsèque d’une idée. Par exemple, l’idée ajuster l’offre de biens et de services à la main d’oeuvre disponible, plutôt que l’inverse; mettre sur un pied d’égalité industriel et juridique les animaux de ferme et les animaux de compagnie; aller méditer 10 jours dans le silence, sans livre ni crayon 😉

Mais je ne dois pas répondre au rejet que j’ai souvent ressenti par du rejet… Sinon, où cela mène-t-il? Autrement dit, l’originalité de ma pensée ne doit pas se muer en mépris pour les autres. Comme je m’en rappelle parfois, ce n’est de leur faute si je suis plus intelligente qu’eux haha! Ou tout au moins, si je suis plus capable de voir loin et de creuser une idée…

Et je me rends compte, en travaillant à mon nouvel emploi dans une PME, que le copropriétaire de l’entreprise a des qualités très différentes des miennes, mais que j’admire énormément : sa capacité à écouter, à faire confiance, à accepter l’imperfection et le temporaire, à ne pas se fâcher et à ne pas se tromper dans ses calculs! Bref, même si m’imagine « meilleure que », il y a bien des choses que je ne sais pas ou que je n’arrive pas à faire aussi bien que les autres.

Un autre élément de mon sentiment de supériorité tient d’ailleurs à ma difficulté à accepter la différence. Prenons ma mère, par exemple, qui s’inquiète pour un rien et qui me raconte les événements de sa vie comme le ferait un disque : avec des phrases toutes faites, répétées déjà 10 à d’autres amis(-es) ou parents proches. Sans compter les moult détails du style, « Je lui ai dit ‘Bonjour’, il m’a répondu ‘Bonjour' »…

Mais, face à son inquiétude ou au côté assommant ou artificiel de ses histoires, la colère ou l’impatience n’est pas une bonne réponse. Oui, ma mère a une façon d’être différente de la mienne et elle a le droit. En réagissant avec colère ou impatience, non seulement je lui manque de respect, mais je me coupe probablement d’une relation plus profonde avec elle.

Tout cela me ramène à cette réalité que, même si je suis souvent convaincue d’être « meilleure que », j’ai généralement du mal à me montrer fièrement telle que je suis et à prendre des risques avec les autres, ce qui m’entraîne beaucoup d’anxiété et de négativité… Cette phrase résonne, je sens sa vérité dans mon épaule.

En étant plus ouverte aux positions, aux réflexions et aux réalités des autres, et en démontrant plus de compassion et de douceur à leur égard, je me sentirais certainement plus à l’aise d’exposer mes propres positions. Comme disait je ne sais plus qui, ce sont les éléments que l’on nourrit qui vont croître…

Enfin, c’est fou! En cherchant une image pour illustrer ce texte, je suis tombée sur les notes d’un révérend. Toute est dans toute! Il y a aussi cette image qui me tente, mais c’est justement de cette attitude que je dois me débarrasser ¯_(ツ)_/¯

C’est rough

Je suis triste et je ne sais pas pourquoi. C’est la plus difficile des tristesses, car on ne sait pas trop comment la soigner, quelle action poser pour aller mieux… Je n’aime pas le dernier texte que j’ai publié sur ce blogue : Être meilleure que. Avoir besoin de fumer pour s’ouvrir, hum… ce n’est jamais un bon signe.

Je suis triste, et je ne sais pas pourquoi. Je me sens seule, et j’en suis la seule responsable. Quand j’ai écris « Être meilleure que », j’ai aussi noté dans mon cahier les occasions de socialiser que je n’avais pas saisies : l’appel à M.A. qui reste à faire, les photos jamais envoyées à F.L., l’invitation à C.T. qui traîne… Depuis, heureusement — et je m’en rends compte en rédigeant ce texte — j’ai écris à M.A. et j’ai envoyé mes photos à F.L. et, du coup, une sortie est prévue avec chacune d’elle.

Je suis triste et, dans le fond, je sais un peu pourquoi. Je me suis chicanée avec ma mère, que j’ai blessée. Heureusement, je lui ai demandé de m’expliquer ses sentiments et je me suis engagée à faire plus attention à l’avenir – et j’entends bien tenir mon engagement. Mais la peine que je lui ai causée me pèse… D’ailleurs, je planifie l’appeler pour voir comment elle va et jaser encore un peu de notre différend, afin d’en atténuer encore davantage les tranchants acérés. Écrire ce texte va m’aider à y arriver.

Je suis triste et, dans le fond, je sais un peu pourquoi. Hier, j’ai rencontré des militants de Québec solidaire et J.V.-P. — un être particulièrement doux et allumé — m’a confié une anecdote. Et moi de répondre « Oh, c’est méchant [de ta part] d’avoir fait ça! » Je l’ai senti se rétracter physiquement. Oui, ça se dit, mais pas avec le degré d’intimité que nous partageons actuellement. Bref, même si je me pardonne (je commence à me connaître!), ça me rend triste.

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Cette tristesse est présente depuis plusieurs semaines, voire quelques mois. Ce matin, j’ai parlé au Seigneur pour la première fois depuis au moins trois semaines, et ç’a m’a fait du bien. Suivant un des conseils de David Pothier, j’ai prié en parlant de ce qui est présent, même si ça parle de moi, même si ce n’est pas glorieux, même si c’est égoïste.

Mais aujourd’hui, ou hier, je me suis aussi dit que je dois lâcher au moins temporairement les grandes réflexions sur le bien et le mal — et ce texte sur ce sujet que j’essaie d’écrire depuis plusieurs mois — et me concentrer sur des choses plus concrètes, comme la relation avec ma mère, avec C.T. et avec les autres, et des pratiques spirituelles concrètes, comme la prière.

Être meilleure que…

J’ai très souvent (je dirais même continuellement!) la certitude que je suis « meilleure que » : meilleure parce que j’achète du tofu, parce que j’achète du vrac, parce que je marche, parce que j’achète local, etc. En fait, je suis tout le temps en train de juger les autres : pour leur VUS, pour leur niveau sonore, pour leurs déchets dans la rue, pour leur laideur ou pour leur air bête…. Ben oui, c’est comme ça. C’est comme une drogue, je ne peux pas m’arrêter même si ça me déplaît…

Est-ce pour endormir mes propres angoisses, mes propres besoins? Ou peut-être plutôt pour repousser le lien avec l’autre…

Toute cette réflexion sur le « bien » et « le mal » (parce que c’est bien de cela qu’il s’agit au final) me trotte dans l’esprit depuis AU MOINS deux mois, sinon trois. Bref, j’y pense depuis des mois et j’ai trituré un texte sur le sujet plusieurs fois mais je n’arrive pas à bien le terminer ni à le publier. Mais aujourd’hui, je suis au parc, j’ai fumé et il fait beau, et j’arrive au moins à mener à bien un petit bout de ma réflexion.

Donc, tout cela a commencé avec. l’excellent message (prêche) du pasteur Jean-René sur « le bien » et « le mal », j’y reviendrais peut-être!

Du coup, j’ai lu (ou relu) la Genèse où Adam et Ève mangent le fruit défendu (car oui il y a deux Genèses!). Celle avec Adam et Ève m’interpelle beaucoup. Une fois le fruit mangé, les deux voient qu’il et elles sont nus et il et elle ont honte et se cachent du regard de Dieu…

Ce qui me ramène à moi et ma compulsion à me dire « meilleure que » presque tout le temps. Si je suis tellement convaincue d’être du bon bord, pourquoi ai-je tant de mal à montrer haut et fort qui je suis?

C’est certainement une question intéressante à creuser!!

Être (plus) reconnaissante

J’étais partie pour écrire un texte sur le jugement (je juge tellement les autres!), mais je suis retombée sur cet article presque terminé, mais resté en brouillon et qui résonne encore, donc je publie — et reviendrai plus tard sur le jugement!

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Il y a de la confusion dans ma vie en ce moment. J’ai du mal à comprendre ce qui se passe dans ma tête ou mon cœur, qu’il s’agisse d’une soudaine tristesse, d’une forte joie, d’une apathie totale ou d’un regain d’énergie…

Je sais que je devrais écrire ici plus souvent — j’en connais tellement la puissance! — mais comme tout médicament puissant, il m’effraie autant qu’il me soigne… Quand je vais particulièrement mal, je me tourne quand même vers la méditation ou La Chapelle, à défaut de retourner voir un ou une psychologue 😉

Le balado de La Chapelle est particulièrement inspirant, surtout certains pasteur comme Jean-Philippe Beaudry. Il est un peu mononcle, des fois, mais son message sur l’écho de la grâce est spécialement inspirant. À première vue, ce sont des évidences, mais il fait bon de se les rappeler. J’ai écouté le message deux fois, et j’en résume les grandes lignes ici pour bien me les rentrer dans la tête.

Comme toujours, Jean-Philippe commence son message en parlant de lui. Il vit une saison chargée. Son travail à l’église est demandant tandis que ses enfants apportent leur lot de défis. Comme bien des gens dans sa situation, Jean-Philippe est tombé dans la plainte. C’est sa femme qui le lui a rappelé : tout ce qu’il trouve lourd en ce moment, c’est exactement ce qu’il appelait de ses vœux il y a quelques mois ou quelques années.

En somme, son travail et ses enfants ne sont pas des sujets de plainte, mais de bénédiction.

On prie de trouver un amoureux puis, une fois qu’il apparaît, on se plaint qu’il ne répond pas à nos attentes. Je rêve de me rapprocher de ma mère mais, lorsqu’elle me raconte ses histoires détaillées ou me questionne sur ma vie, j’ai envie d’être ailleurs… :/ Bref, ma mère est ici, pleine d’amour, et elle veut que je lui raconte ma journée, mais moi je me plains.

« La seconde où j’ai commencé à remercier Dieu pour tout cela — ma charge de travail, mon garçon qui ne dort pas — l’atmosphère dans mon cœur a complètement changé », dit Jean-Philippe. Et je le comprends, je le ressens tout à fait : changer sa perspective grognonne — « fait chier… » — pour une attitude au moins neutre, ça change réellement la vie. Ce n’est pas mettre des lunettes rose de force, mais respirer, relativiser et reprendre sa place dans l’univers.

En somme, on ne loue pas Dieu (ou la vie, ou l’univers, ou la force du hasard) parce que notre vie est parfaite, mais pour ce qui est bel et bien présent : une église vivante dans la ville de Québec, un enfant en santé, une mère aimante et présente, une journée qui débute avec toutes ses possibilités, etc.

Pour Jean-Philippe, il y a un lien direct entre la grâce de Dieu — c’est-à-dire les cadeaux qu’il nous donne, incluant les événements difficiles qui nous permettent d’avancer — et la reconnaissance ou la grâce qu’on lui porte pour ces cadeaux. En somme, plus on accepte les événements qui nous tombent dessus, plus on en retire de bienfaits. C’est logique : si on est en train de rêver à autre chose, on ne peut pas vivre sa vie telle qu’elle est et s’y appuyer pour grandir.

Cet abandon à quelque chose de plus grand peut paraître frustrant, mais cela représente bien la réalité, même si l’oublie… En effet, on est responsable de bien de peu de choses : on ne choisit pas ses parents, son degré de santé, ses handicaps, sa génétique, son lieu de naissance, sa fratrie, ses capacités intellectuelles ou physiques, etc., alors que tout ces éléments et bien d’autres influencent TELLEMENT qui nous sommes et ce que nous pouvons faire! Nous croyons être en contrôle — et rêvons même de contrôler les autres — alors que nous ne contrôlons en fait presque rien. On ne sait même pas d’où nous venons, pourquoi nous sommes là, ni où nous allons. Donc, oui, nos actions colorent notre vie, mais la vaste majorité de ses paramètres nous échappent.

Ainsi, nous dit Jean-Philippe, en citant la Bible, quand tu mangeras à satiété, que tu verras tes avoirs se multiplier et tout ce qui est à toi se développer, ne laisse pas ton cœur s’enorgueillir et n’oublie pas l’Éternel, ton Dieu (ou la vie, ou l’univers, ou la force du hasard…). Fais bien attention de ne pas te dire, en ton cœur, que c’est par ta force et la puissance de ta main que tu acquis ses richesses… Au contraire — et c’est la base –, quand on nous donne un cadeau, on dit merci.

Encore mieux : on loue le Seigneur (ou la vie, ou l’univers, ou la force du hasard) pour ce qu’il va faire, pour ce qui nous attend.

Et quand les choses ne vont pas comme on veut, on se calme, on respire, et on se rappelle notre place assez insignifiante dans l’univers et que de se fermer au réel est la pire façon d’en retirer quoi que ce soit.

Une blessure grande et profonde

Hier soir, je suis allée à la soirée de Noël de l’entreprise où je travaille. C’était la première fois de ma vie que j’avais hâte à ce genre d’événement qui, d’habitude, me rend plutôt bougon et anxieuse. Les gens qui travaillent pour cette entreprise y restent longtemps — 10, 15, 20 ans — parce qu’on y respecte pleinement leur autonomie et leur intelligence et qu’on ne se prend pas (trop) au sérieux.

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Des gens sympas, un lieu accueillant… Tout ce qu’il faut pour m’émouvoir aux larmes. Hier, j’ai donc eu les yeux mouillés une bonne partie de la soirée, pour finir par fondre en larmes devant R.C., ma collègue d’une gentillesse et d’une humanité infinies. Aujourd’hui, j’ai annulé mes plans de magasinage et de rangement, et j’ai plutôt lu, prit une courte marche et regardé un film.

Je me sens mieux. Et mieux encore, j’ai pu comprendre hier pourquoi j’avais à la fois tellement soif des contacts amicaux, bienveillants et bon enfant que j’observais parmi mes collègues et tellement peur de me laisser aller pour y goûter.

D’abord, j’ai réussi à respirer, ce qui est vraiment un plus. Ensuite, je me disais : « J’ai peur parce que mes propos viennent souvent du champ gauche et surprennent; j’ai peur d’être rejetée. » Mais ce n’est pas vraiment cela. De plus en plus, je constate que mes propos, s’ils surprennent, sont également souvent appréciés. D’autant plus que je m’identifie moins à mes idées et, donc, que cela ne me dérange plus tant quand une personne est en désaccord avec moi.

Non, la vraie raison, c’est cette blessure profonde qui m’est apparue hier dans une lumière aveuglante : celle que m’a causée bien involontairement mon père en quittant ma mère lorsque j’avais 4 ans. Cette blessure est encore présente, bien présente… Quarante-huit ans, ça peut paraître long à l’échelle d’une vie, mais ce n’est rien à l’échelle de l’histoire humaine, ni apparemment à l’échelle d’une psyché…

L’autre plus de cette soirée de Noël, c’est que j’ai réussi à ne pas blâmer mon père, mes collègues, la vie ou moi-même pour ma tristesse et mon désarroi. Cette blessure existe, c’est tout, et lui chercher un coupable n’y change rien. Comme le cancer et les problèmes biliaires d’A.T., ma blessure est injuste, mais elle existe. Perdre de l’énergie à s’en plaindre n’est pas utile, et même contreproductif.

Cela fait deux ou trois semaines que je fume plus de cannabis que d’habitude, quelques bouffées tous les soirs, ce qui ne m’était pas arrivé depuis longtemps. Je ne comprenais pas ce qui se passait mais là, je le sais : c’est cette soirée de Noël dont je cherchais inconsciemment à atténuer les fortes émotions à venir, alors même que j’avais hâte d’y assister. Là, il me reste un peu de cannabis et j’arrive très bien à ne pas en prendre, et même à envisager de jeter ce qui reste. C’est fou.

Prière

Mes croyances et mes pratiques spirituelles progressent trèèèèèèès lentement. En réalité, je suis un peu perdue en ce moment. La preuve : j’ai pris congé aujourd’hui lundi parce que je n’avais pas le coeur à l’ouvrage. Au moins, je consacre ma journée à accomplir tout un tas de tâches qui traînent, ce qui est certainement positif.

Aujourd’hui, je tiens à noter une prière que j’ai récitée avec ma mère, récemment, lors d’une neuvaine pour demander à Dieu que ma tante retrouve la santé. Ma mère est très croyante, et cela la soutient et la réconforte, ce qui est positif. Pour la soulager de l’inquiétude qu’elle ressentait par rapport à sa soeur, je lui ai proposé de prier avec elle pendant neuf jours, et voici la prière à Sainte-Thérèse de l’Enfant-Jésus qu’elle m’a envoyée.

J’aime la simplicité de cette prière, et ses référence à l’enfance et à la vie quotidienne, même si j’ai encore du mal à définir mes croyances et à maintenir une pratique spirituelle au quotidien.

Seigneur Jésus toi qui nous a dit « Si vous ne devenez pas comme des petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux », nous te remercions d’avoir inspiré à Thérèse de l’Enfant-Jésus ce chemin de l’enfance spirituelle.

Fais-nous marcher sur ses pas dans l’humilité et la simplicité du cœur.

Donne-nous de croire, comme elle, qu’on peut être missionnaire et apôtre de L’Évangile, même dans la vie cachée du cloître et dans nos simples taches de tous les jours.

À ton offrande, Seigneur Jésus, nous joignons celle de nos vies, avec leurs joies et leurs épreuves quotidiennes afin que le feu de ton amour se renouvelle sans cesse dans le cœur de ceux et celles que tu appelles à la vie apostolique et missionnaire.

Ayant ainsi remis nos vies entre tes mains, nous savons, Seigneur, que tu auras soin de nous comme tu l’as promis. D’avance, nous te disons merci d’entendre et d’exaucer cette prière que nous joignons à la tienne [c’est bizarre ce passage : le Seigneur prie?!?], toi qui vis et règnes avec tous ceux et celles que ton amour a transformés, Sainte Thérèse et tous les saints auprès du Père dans l’unité du Saint Esprit pour les siècles et des siècles, amen.

Six cours avec La Chapelle

Comme souvent, écrire sur mon blogue me demande un effort. C’est angoissant d’aligner mes idées, peut-être par peur de me rendre compte qu’elle sont inachevées ou pire, banales… Surtout que c’est du lourd : Dieu, encore! Rien de moins!

Commençons par le cours d’introduction sur la vie chrétienne de six semaines que j’ai terminé il y a quelques semaines avec La Chapelle. Je n’ai pas été d’accord avec tout, mais cela m’a permis de mieux définir mes croyances et, au final, le tout m’a été très utile. Les organisateurs ont parlé d’une deuxième « session » et je suis plus que partante.

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Les six cours ont abordé les thèmes suivants : Jésus-Christ, la Bible, le Saint-Esprit, le combat spirituel, la vie en communauté et la prière. Donc, qu’est-ce que j’en retiens?

Le premier cours nous a appris que Jésus-Christ est à la fois 100 % homme et 100 % Dieu (ça m’a fait penser à la lumière, qui est à la fois une onde et une particule 😉 )

Les chrétiens croient aussi que Dieu s’est incarné en Jésus, qu’il est Dieu et même qu’il est la seule incarnation de Dieu… Sincèrement, et sans méchanceté, cela me semble un peu borné. Comme si Dieu, s’il existe, ne s’était pas manifesté sous d’autres formes avec plus ou moins de force, que ce soit dans Martin Luther King, Gandhi, Bouddha ou d’autres.

Cela dit, cette croyance en Jésus-Christ Fils de Dieu n’a pas que des défauts. Par exemple, si j’ai pu assister à ces cours et bénéficier des lumières/réflexions de La Chapelle, c’est bien parce que des gens se sont rassemblés autour de Jésus. Sans leur croyance, j’aurais eu plus de mal à appronfondir la mienne.

Ce premier cours nous a aussi appris que le Christ est l’enfant de Dieu, comme nous tous sauf que, contrairement à nous, il serait parfait et n’aurait jamais pêché. C’est le héros qui vient nous sauver. Selon Jean 14:6, il aurait dit : « Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. » Pour les chrétiens, cela signifie qu’il est mort sur la croix pour laver nos pêchés. Je ne sais pas trop ce que je pense du symbolisme de la croix, mais je trouve les concepts de grâce et de péchés très riches.

En gros, le pêché ne mène nulle part, sauf à la séparation – les chrétiens disent « d’avec Dieu », ce qui est sûrement vrai, mais aussi d’avec soi-même (on s’éloigne de qui nous sommes et de nos valeurs) et des autres (on les blesse, on boude, on médit, etc.). De plus, dans la théologie chrétienne, c’est moi qui aurait dû mourir sur la croix à cause de mes innombrables pêchés (actes égoïstes, paroles brusques, ressentiment, etc.) mais, Dieu m’a tout de même laissé la vie. Cette vie que je ne mérite pas, c’est la grâce. Tout ce que j’ai, mes dons et qualités sont autant de grâces : des cadeaux de Dieu gratuits et éternels qui entraînent (ou soulignent?) ma dépendance envers lui. Jusque là, je suis assez d’accord. En fait, cette série de cours m’a fait réaliser à quel point je ne contrôle pas grand chose — mes talents, mes parents, ma génétique — alors qu’ils ont une si grande influence sur ma vie!

Pour bénéficier de ces grâces, les chrétiens n’ont que deux obligations : d’une part, croire que Jésus a fait ce qu’il a prétendu faire et qu’il a été ce qu’il a prétendu être et, d’autre part, se repentir, c’est-à-dire ne excuser leurs comportements répréhensibles, en blâmer les autres ou les balayer sous le tapis.

Le deuxième cours a abordé la Bible. Celle-ci aurait été inspirée par le Saint-Esprit à des hommes nécessairement imparfaits. Les chrétiens ne voient pas la Bible comme un livre, mais bien 66 livres, c’est-à-dire l’équivalent d’une petite bibliothèque.

Pour ma part, j’ai encore vraiment du mal à lire cet ouvrage qui est présenté comme la « parole de Dieu » alors que, dans les faits, il a été écrit par bien des gens différents avec bien des motifs différents, comme le démontre notamment Thomas Römer en utilisant une approche socio-historique dans La Bible, quelles histoires! Et j’ai même appris dans cette conférence d’Henri Guillemin sur « l’affaire Jésus » que C.M. m’a envoyée récemment que Jésus a découvert sa vocation de messie sur le tard, vers 30 ans, lorsque Jean Baptiste l’a baptisé…

Tout ça pour dire que je ne suis pas encore sûre de la valeur réelle ce cet ouvrage… C’est sûr qu’il s’agit d’un ouvrage important. Peu de livres sont aussi connus et ont aussi bien traversé les siècles que la Bible. Pour les chrétiens (ou en tout cas, pour les gens de La Chapelle), cet ouvrage a été dicté par Dieu et qui ne contient pas d’erreurs (!). Les gens de La Chapelle recommandent les vidéos du Bible Project, qui présentent apparemment très bien les différents livres de la Bible.

Selon La Chapelle, la Bible contient seulement deux enseignements principaux :

  1. Aime Dieu de tout ton cœur, ce qui veut dire : apprend à le connaître, et passe du temps avec lui. C’est difficile d’aimer quelqu’un qu’on ne fréquente pas et qu’on connaît mal.
  2. Aime l’autre comme toi-même, volontairement et de bonne foi, prends-en soin. Corinthiens 13 aborde la question de l’amour.

Et comment doit-on lire la Bible? D’abord, en se recueillant. Ensuite, en gardant l’histoire globale de cette « petite bibliothèque » en tête, c’est-à-dire la Création, l’Éden, la Chute et l’attente du Messie (je ne savais pas du tout que les chrétiens croient au retour du Christ o_O ). Et enfin en lisant toujours un verset ou un chapitre dans son contexte.

Parce que l’objectif, c’est de lire la Bible régulièrement et idéalement tous les jours (hum, hum, comme la méditation que Goenka recommande aussi de pratiquer tous les jours!). L’intention : connaître Dieu. Je ne sais pas trop si je suis d’accord, mais selon les pasteurs de La Chapelle, contrairement aux autres livres, la Bible te permet de te révéler à toi-même et de connaître la Parole de Dieu.

Le troisième cours a abordé le Saint-Esprit. Le pasteur a d’abord insisté sur la nature unique de Dieu. Il est plusieurs (par exemple, il n’est pas justice ou amour, mais justice et amour), indépendant (il existe par lui-même), immuable (il ne change pas) et omniscient (il sait tout).

Bref, il est à la fois un et trois êtres en même temps : Dieu, Jésus-Christ et le Saint-Esprit.

Pendant ce cours-là, je pensais beaucoup au principe scientifique de « l’élégance » voulant que les théories élégantes (et donc les plus simples) soient les meilleures. Genre : E = MC2. Simple, universel et applicables à plein de phénomènes. Le Dieu trinitaire, l’Éden, la chute, le Fils de Dieu mort pour nos pêchés, tout ça me paraissait très compliqué et très lourd jusqu’à ce qu’une participante me fasse remarquer que moi aussi je suis composée de trois « êtres » : mon corps (en parallèle au Christ), mon esprit (en parallèle au Saint-Esprit) et Dieu (en parallèle à ma spiritualité). Je ne dis pas que je suis équivalente à Dieu, mais l’idée qu’il soit trinitaire me paraît seulement un peu plus sensée!

Mon amie J.C. appelle ces contes chrétiens « le gravy« , c’est-à-dire le décor dans lequel les premiers chrétiens ont planté leur croyance, ou avec lequel ils l’ont enjolivée, dans le but de marquer les esprits et de convaincre. Plus j’avance dans mes réflexions, plus cette fixation sur Jésus me dérange. En ce moment, je me dirige davantage vers le panthéisme : Dieu est tout. Après tout, on est tous des poussières d’étoile et on vient tous de la même tête d’épingle pré-Big bang…

Revenons aux chrétiens 😉 Selon eux, c’est normal de ne pas tout comprendre : les êtres imparfaits que nous sommes ne peuvent pas réellement saisir pleinement qui est ou ce qu’est Dieu. Alors que cette idée me choquait au début, mais elle me paraît maintenant sensée. C’est un exercice de modestie et de lâcher prise que de se dire : « Je ne peux pas tout comprendre/contrôler et c’est très bien comme cela. » Dans le fond, c’est reconnaître la réalité.

Pour revenir au Saint-Esprit comme tel, son rôle est de nous accompagner au quotidien. C’est lui qui nous guide, nous console, nous encourage, nous enseigne à distinguer le bien du mal et à agir. L’Esprit nous parle de différentes manières : dans notre tête (quand on entend des choses vraies et aimantes), à travers des événements (par exemple, un hasard qui tombe vraiment trop bien) ou à travers les textes (quand j’ai l’impression qu’un passage me parle à moi personnellement).

Chanter l’Esprit, louer l’Esprit m’aide à m’en imprégner, à me rapprocher de lui. Dans mon « débat » sur la méditation chrétienne avec mon ancienne collègue A.J.-C., j’ai réalisé que l’illumination à laquelle aspire les méditants vipassana est vraisemblablement une vie en présence constante du Saint-Esprit.

C’est l’un des six cours qui m’a le plus parlé. J’ai souvent l’impression d’entendre Dieu (ou le Saint-Esprit) lorsque j’essaie de choisir entre deux options. Si j’écoute bien, le meilleur choix m’apparaît souvent assez rapidement, et j’en suis clairement satisfaite par la suite.

Ce cours a aussi abordé la justification et la sanctification. La justification, c’est mon droit à la vie. Tous les dons que j’ai reçus (par exemple, pour ma part, la capacité d’écouter, une vision particulière de la vie, une belle intelligence, une facilité à écrire, des parents aimants, le goût des défis, etc.) sont des grâces : des cadeaux que Dieu me donne même si je n’ai rien fait pour les mériter/les obtenir. La sanctification, c’est le processus interne qui me pousse à ressembler de plus en plus à Jésus, à me libérer du pêché grâce au pouvoir de Dieu. C’est mettre mon cœur de côté pour mettre celui de Dieu au centre de ma vie. Lorsque c’est le cas, l’esprit de Dieu, qui est déjà au cœur de qui je suis, rayonne à travers mon âme (sentiments, motivations) et mon corps (comportements). Le contraire, c’est l’anxiété.

Le quatrième cours a abordé le combat spirituel. Ici aussi, le cours a ressemblé aux enseignements de Goenka, au moins au début. Pour lui, comme pour les gens de La Chapelle, tout commence par la pensée. C’est la pensée (et donc l’intention) qui est à la base de nos paroles, de nos actes, de notre caractère.

Pour les chrétiens, la pensée de Dieu est faite de connaissance, de sagesse, d’intelligence, de persévérance et de patience. Ce sont surtout ces idées très humanistes qui m’attirent au discours chrétien et à La Chapelle, d’ailleurs…

À l’inverse, le propre des pensées malsaines est de stagner. Et c’est bien vrai que le ressentiment ou l’amertume qui nous amène à ressasser les mêmes histoires n’a guère le potentiel de nous faire avancer. En somme, changer ses pensées permet de changer ses comportements et ses priorités.

Le combat spirituel, en gros, c’est de délaisser nos intérêts égoïstes et matérialistes pour mettre Dieu au centre de nos vies. Ce passage du cours m’a beaucoup troublée, parce que le pasteur nous a demandé : « Qu’est-ce qui est au centre de vos vies? » Hum… La tristesse? L’ego? Rien de très réjouissant pour ma part en tout cas…

Le pasteur recommandait de placer au cœur de nos vies : la prière, l’adoration/la reconnaissance, la confiance en la Parole, l’obéissance, le partage de l’Évangile et le soin des plus vulnérables. Je me doute que le conseil d’obéissance doit en faire tiquer plus d’un, mais il faut voir à quoi on nous demande d’obéir, c’est-à-dire quelle définition l’on donne de Dieu : est-ce l’institution de l’Église (surtout pas), notre cœur inspiré par le Saint-Esprit (un peu plus) ou l’esprit d’amour de Dieu (probablement plus ça)? En fait, je le sens quand j’obéis : je fais ce que dois, sans rancune et au meilleur de mes capacités, selon mes moyens.

Enfin, le pasteur nous a dit que nous devions combattre contre le monde des ténèbres et l’esprit du mal avec les armes suivantes : la prière, la foi et l’esprit de paix et de justice. Personne n’a dit qu’il serait facile de suivre dans les pas de Jésus… :p

Le cinquième cours a abordé la vie en communauté. C’est un thème qui me touche beaucoup de manière générale. Nous avons été créés pour vivre en communauté, ça j’y crois, c’est-à-dire pour connaître et être connu, aimer et être aimé, soigner et être soigné, célébrer et être célébré. Tout le monde, du plus petit au plus grand, a un rôle à jouer dans la communauté. Comme la main a besoin de tous ses doigts, une communauté a besoin de tous ses membres.

À l’inverse, le péché (une parole brusque, une rancune, un désir de vengeance) détruit notre relation avec nous-mêmes, avec Dieu et avec les autres.

Le pasteur qui donnait ce cours-là a aussi noté que prendre soin d’un autre, ce n’est pas seulement savoir qu’il est souffrant ou mal en point, c’est de me sentir concerné par sa situation.

Pour référence, Romains 12 aborde cette vie en communauté, ce partage des dons et ces pardons que nous devons accorder de bon cœur aux autres, sans rien attendre en retour – je vous l’ai dit que ce ne serait pas simple! 😉 En fait, je dois pardonner comme Jésus m’a pardonnée, même si je ne le méritais pas. De la même façon, je dois partager les grâces que j’ai reçues, c’est-à-dire mes dons.

Après le cours comme tel, pendant la conversation en petit groupe, quelqu’un a mentionné que la communauté ne doit pas juger ses membres, mais au contraire rester inclusive — et que cela va dans les deux sens. Si l’autre doit m’accepter comme je suis, moi aussi je dois le prendre comme il est. Je ne peux pas imposer mes croyances ou convictions à quiconque; je peux seulement en témoigner. C’est Dieu qui transformera le cœur de mon interlocuteur — ou le mien! — si, comme disent les gens de La Chapelle, tel est son plan.

Enfin, la communauté n’est pas nécessairement omniprésente ou oppressante. Parfois, il suffit de saluer quelqu’un pour créer un lien qui, à ce moment-là, fait du bien. Des fois, seulement un petit « Bonjour » ou un sourire peut faire toute la différence.

Enfin, le sixième et dernier cours a abordé la prière. La prière est une conversation. On parle à Dieu du fond de notre cœur afin d’entendre Son cœur. La prière peut changer au fil du temps, se clarifier, s’approfondir et se rapprocher de plus en plus de la volonté du Tout-Puissant.

Est-ce qu’on peut faire des requêtes à Dieu en priant? Oui. Va-t-il systématiquement y répondre? Non. Selon la pasteure qui a présenté ce dernier cours, Dieu fait trois promesses à ceux qui prient : de les écouter et de les aider, de pourvoir à leurs besoins (aux besoins, hein!, et non aux désirs) et de leur apporter une paix profonde.

Pour avoir commencé à développer ma pratique de la prière, je peux confirmer qu’elle contribue à ce que je me sente davantage écoutée, aidée et en paix, ce qui m’aide probablement à mieux voir mes besoins et donc à y répondre. (Petite note : cela se rapproche encore une fois beaucoup des pratiques de vipassana.)

La pasteure a créé un genre d’acrostiche avec le mot « prie ». Donc, prier c’est :

Proclamer. On proclame la grandeur de Dieu, sa toute-puissance, on l’adore, on chante ses louanges.
Retourner. On se retourne vers Dieu. En gros, on enlève le grésillement sur les voies de communication entre nous et Dieu en faisant un inventaire honnête de ce qui nous détourne de lui (amertume, accusations envers les autres, ressentiment, colère, etc.), on reconnaît nos torts et on demande pardon.
Implorer. On implore Dieu de répondre à nos besoins, aux besoins des autres, pour que les autorités agissent au mieux.
Engager. Chaque jour, on s’engage à suivre Dieu, à accepter son autorité souveraine, à suivre ses pas et sa volonté, à le mettre au cœur de notre vie. Se battre contre Dieu, c’est un combat voué à l’échec.

Oui, c’est beaucoup. Et ça ne devient pas plus simple avec le temps. Par contre, ça devient plus intéressant, plus vrai. Il ne faut surtout pas hésiter à prier pour tout et n’importe quoi, sans se censurer. Cela aide à faire sortir la « vraie » prière.

Enfin, le thème de la prière serait particulièrement présent dans l’évangile de Luc.

Ouf! Ça fait un bon trois semaines voire un mois que je travaille sur cette publication! Allez, je publie!

Mes expériences de prière : un peu perdue, mais confiante

Ça ne va pas trop, récemment. En fait, c’est plutôt très variable. Et c’est souvent dans des moments pareils que je prend la plume pour essayer d’y voir un peu plus clair, décortiquer mes émotions et continuer à avancer. Donc me voilà 😉

Source

L’envie de vous écrire me tenaille depuis un moment déjà, mais je viens tout juste de réaliser que ma dernière publication date du 18 mars – diantre, presque trois mois! Bien des changements se sont produits depuis le printemps. D’abord, j’ai commencé à lire la Bible plus sérieusement. J’ai enfin trouvé une méthode qui me convient, du moins pour l’instant : la lecture méditative. Ce type de lecture se fait en quatre étapes :

  • on se recueille quelques minutes afin de calmer l’effervescence de nos pensées et se préparer à rencontrer Dieu (comme ces mots — « rencontrer Dieu » — me paraissent faux, écrits ici!!)
  • on lit un passage de la Bible avec application et lenteur (par exemple, un chapitre), en restant attentif aux réactions qu’il provoque en nous, à nos sensations et émotions
  • on médite sur ce qu’on a lu et ressenti
  • on prie quelques minutes, idéalement, sur le même thème que notre méditation

J’ai trouvé cette technique dans un vieux numéro spécial de la revue Prier, « 10 méthodes pour prier », mais je ne retrouve rien de tel sur le Web. Wikipedia parle plutôt de lectio divina, ou lecture sainte, et les étapes sont un peu différentes :

  • on se recueille quelques minutes pour se préparer « à la transition entre l’état d’esprit normal et un état contemplatif et priant ». On respire de manière profonde et régulière pendant quelques minutes et on formule une prière courte invitant l’Esprit Saint à nous guider pendant ce temps de lecture.
  • on lit un passage de la Bible lentement, à plusieurs reprises (hum! un chapitre serait peut-être un peu trop long ici…)
  • on médite/réfléchit sur ce passage, sur des expressions ou des mots spécifiques, et sur leur application dans notre vie
  • on répond au passage en ouvrant son cœur à Dieu, en entamant une conversation avec lui
  • enfin, on contemple en écoutant Dieu nous parler et en ouvrant notre esprit, notre cœur et notre âme à son influence

Je me rends compte que cela doit sembler très ésotérique à quiconque ne s’est jamais vraiment intéressé à la culture religieuse. Mais ça commence à faire sens pour moi. J’ai rejoins il y a environ deux mois un groupe chrétien de discussion et de prière (organisé par La Chapelle, qui appelle ça des 5@7, même si c’est de 19 h à 20 h et qu’on ne boit pas une goutte d’alcool ¯\_(ツ)_/¯ ). Ces groupes sont vraiment sympas. TRÈS humains, TRÈS authentiques, on y parle des « vraies affaires » sans pathos, et toujours respectueusement, c’est riche et très nourrissant.

J’ai aussi commencé il y a trois semaines un cours de six semaines sur la vie chrétienne : qui est Jésus Christ, qu’est-ce que la Bible, qui est le Saint-Esprit, etc. Très sympa aussi. Les organisateurs sont très souriants, naturels, et ouverts à mes nombreuses questions, même si j’étais très remontée au premier cours… Il y a plusieurs aspects du christianisme que je ne comprends ou avec lesquels je ne suis pas d’accord, mais plus les cours avancent, plus je suis capable de respirer dans mon désaccord : de prendre ce qui me convient ou m’inspire et de laisser tomber le reste, ou essayer de le comprendre.

Tout cela me bouscule beaucoup, car je suis loin — très loin — de ma traditionnelle posture d’agnostique… Mais je sens que, si je ne fais pas cette expérience, c’est la colère et la frustration qui m’attendent. Je dois mieux comprendre ce Dieu dont j’ai tant entendu parler, et voir par moi-même de quoi il s’agit et comment me rapprocher de lui va m’aider à mieux vivre.

Ah oui, j’ai aussi commencé La Bible, quelles histoires!, qui aborde l’histoire de la rédaction de la Bible, en la remettant dans son contexte socio-historique. Disons que ça détonne sérieusement avec les cours sur la vie chrétienne de La Chapelle, qui présentent la Bible comme la parole de Dieu et même, quelle horreur, comme meilleure que les autres livre religieux tels que la Thorah ou le Coran.

Je suis déstabilisée, ça, il n’y en a pas de doute. Mais je suis quand même positive pour la suite. J’y reviendrai, j’espère avant trois mois.

Pourquoi méditer?

Je poursuis le ménage dans mes paperasses, et celle-ci date de plusieurs années. Le texte s’intitule « Pourquoi méditer? » et il est inspiré de Comment méditer de Pema Chödron. Extraits choisis.

Source. Dessin de Marie-Pierre Koch (merci, Marie-Pierre!)

« Lorsque nous méditons, nous développons cinq qualités nourrissantes.

« 1. La loyauté envers nous-mêmes. […]
« Lorsqu’on médite, on s’assoit et on se permet d’être pleinement présent à ce qui se passe. […] Il arrive que l’on médite pendant une heure, sans que ça aille vraiment mieux. […] Mais la volonté de s’asseoir pendant 10, 15, 30 ou 60 minutes reste un acte de compassion. […]
« La loyauté envers nous-mêmes signifie de demeurer présent à l’expérience. […] Développer cette loyauté en méditation nous rend plus apte à le faire dans toutes sortes de situations.

« 2. Une meilleure connaissance de nous-mêmes
« La deuxième qualité que nous nourrissons en méditant est la vigilance, […] c’est-à-dire la capacité à s’attraper quand on est préoccupé et quand on se ferme à quelqu’un ou aux circonstances de notre vie. […] On commence à voir clairement ce qui se passe dans notre esprit, […] comment on rejoue encore et encore le même disque. Le nom de notre amoureux ou de notre patron peut changer, mais les histoires qu’on se raconte se répètent [NDE : TELLEMENT.]

« 3. La capacité à accueillir notre détresse
« La troisième qualité qui se développe dans notre pratique est le courage. […] Avec le temps, on remarque qu’on a désormais le courage de faire l’expérience de l’inconfort émotionnel [qui peut survenir n’importe quand] […].
« Quand on développe le courage de faire l’expérience de notre détresse émotive, on ressent l’énergie particulière qui l’accompagne mais, autant que possible, on lâche prise des mots et des histoires.

« 4. Le pouvoir d’être présent à chaque instant, tel qu’il est. […]
« Ce n’est pas facile […] parce que le moment présent n’offre aucune certitude. Il est imprévisible. Mais quand in apprend à se détendre dans l’instant présent, on apprend à relaxer avec l’incertitude [NDE : ouf, j’en suis loin!] Tout cela est fort intéressant pour quiconque veut vivre pleinement avec un esprit et un cœur ouvert.

« 5. No big deal. […]
« Parfois, on a de belles intuitions en méditant, ou bien on réussit à se détendre complètement. Si c’est le cas, no big deal. […] Parfois, on est très agités, ou bien on est submergés par de vieilles histoires ou de fortes émotions négatives. Si c’est le cas, no big deal. […] Toutes ces expériences vont et viennent, encore et encore. »