Meilleure que – IV – ben non!

Nous avons entendu un message très juste ce matin à La Chapelle, je me dois de le noter ici tant il a résonné en moi.

C’est un pasteur invité de l’Alabama qui était là, venu d’une église amie de La Chapelle. Il a commencé par nous dire que, récemment, il s’est senti frustré et lésé car ce que disaient ou pensaient certaines personnes de lui était faux. Il avait l’impression d’une injustice, et aurait aimé s’expliquer.

Puis, il a cité Jean 3:26-29 (ou Jean, chapitre 3, versets 26 à 29), en nous en donnant le contexte. À ce moment-là, Jean Baptiste est un prêcheur populaire; il baptise même Jésus. Mais l’arrivée de Jésus change la donne : plusieurs disciples de Jean Baptiste le quittent pour suivre Jésus, ce qui frustre certains adeptes de Jean Baptiste.

Voici le passage qui raconte cet événement :

26 Ils vinrent trouver Jean, et lui dirent: Rabbi, celui qui était avec toi au delà du Jourdain, et à qui tu as rendu témoignage, voici, il baptise, et tous vont à lui. 27 Jean répondit : Un homme ne peut recevoir que ce qui lui a été donné du ciel. 28 Vous-mêmes m’êtes témoins que j’ai dit : Je ne suis pas le Christ, mais j’ai été envoyé devant lui.

29 Celui à qui appartient l’épouse, c’est l’époux; mais l’ami de l’époux, qui se tient là et qui l’entend, éprouve une grande joie à cause de la voix de l’époux : aussi cette joie, qui est la mienne, est parfaite.

30 Il faut qu’il croisse, et que je diminue.

En somme, a expliqué le pasteur, l’homme d’honneur ne doit pas prendre la place du marié — d’ailleurs, ça ne s’est jamais vu. Un homme d’honneur peut faire bien des blagues à son meilleur ami qui se marie, mais jamais il ne le mets de côté pour dire : c’est MA journée, pousse-toi. Or, c’est souvent ce qu’on fait, nous…

On tend à se trouver « meilleur que » les autres, à vouloir être reconnu, à occuper le centre… On se dit : j’ai travaillé fort pour être où je suis, je mérite de la reconnaissance! Mais Jean Baptiste nous dit : ce n’est pas notre rôle. Notre rôle est celui de l’homme d’honneur, c’est-à-dire de célébrer le marié, c’est-à-dire Jésus. En se mettant de l’avant, on oublie l’essentiel.

L’essentiel, c’est que tout ce que j’ai ne vient pas de moi. Mes yeux, mon cerveau, l’air autour de moi, le sol sur lequel je marche, les mots que j’utilise, les livres que j’ai lus… Rien de cela ne vient de moi même si j’en suis profondément nourrie. Je me sens bien intelligente, mais sans yeux, sans air et sans sol, je serais bien peu de choses.

Donc, quand je lève intérieurement les yeux en entendant parler ma mère, quand je suis convaincue qu’elle n’a rien à m’apprendre, que je lui suis supérieure, que j’ai raison, qu’elle est conne… il est temps que je respire, que je prenne un pas de recul et que je me rappelle qui est véritablement au-dessus de nous : Jésus. Ou tout au moins, les forces historiques et physiques qui ont créé les cieux, les océans, le sol, les rétines et les livres.

Meilleure que? Non. Les vrais grands sont toujours les plus humbles. Vraiment humbles, c’est-à-dire qu’ils ne tirent pas de fierté de leur humilité. Un message certainement à me rappeler.

Je me confie, 12 de 30 : respect, patience, perfection et colère

Je continue ce défi, un peu grâce à vous. Merci pour vos encouragements et commentaires, ils me font plaisir et m’encouragent 🙂

Ma mère m’a proposé qu’on se voit pour mon anniversaire (c’est demain). Ma mère. ma mère nerveuse, peu sûre d’elle, stressée pour un rien. Ma mère que je critique depuis des années, avec qui je réagis souvent un peu trop durement. Ma mère que je blesse régulièrement, mais qui ne dit rien. Ma mère qui a aussi raison, parfois. Bref, elle…

Ma mère, fière d’apprendre à zester du citron! (Je me rends compte en cherchant une photo d’elle à poster que j’ai beaucoup plus de photos de mon père… Ça ne ment pas… Ma relation avec elle a besoin de soins.

Je n’ai pas accepté d’emblée que nous nous voyions le jour de mon anniversaire, mais quand je lui ai confirmé ma disponibilité, cela me tentait vraiment de passer du temps avec elle ce jour-là. Donc, je suis restée (à peu près) calme et patiente devant ses inquiétudes, son manque de confiance, etc. Eh bien, *révélation*, cela a mis ma mère en confiance et j’ai trouvé la discussion avec elle plus satisfaisante. (Tsé, quand je vous disais que j’enfonce des portes ouvertes…)

Le rapport avec la perfection est le suivant : pour rester respectueuse avec ma mère, il faut que j’accepte comme inévitables ses imperfections, comme sa tendance à répéter plusieurs fois les mêmes choses, sa culpabilité à l’idée de me quitter trop tôt après notre activité (même après que je lui ai confirmé plusieurs fois que cela ne me dérangeait pas), son incapacité totale à trouver une activité que nous pourrions faire ensemble (malgré ses efforts), son enthousiasme parfois démesuré…

Personne n’est parfait. Même pas moi… Je le dis sérieusement, car j’ai encore du mal à le croire… Si je sais que je suis imparfaite, j’ai l’impression que c’est seulement dû à ma paresse ou à un manque d’efforts de ma part (ou un manque de discernement de la part des autres — mon Dieu, je pense vraiment cela!!!!)… En fait, j’ai l’impression que l’imperfection de tous n’est due qu’à un manque d’effort de leur part ou à de la mauvaise foi…

Mais, en fait, peut-être pas… Ma mère est comme elle est. Et elle veut bien faire. Elle a envie de sortir avec moi pour souligner le jour de ma naissance, me gâter un peu, se gâter en même temps. En l’acceptant comme elle est, je lui donne confiance en elle, ce qui réduit son stress… C’est gagnant-gagnant.

+ + +

Deux mots sur la colère pour ne pas l’oublier… Ma réflexion sur la perfection m’a permis de remarquer cette semaine que j’étais presque toujours irritée par quelque chose. Les conducteurs, d’abord, qui laissent leur moteur tourner au ralenti à l’arrêt, les voitures qui roulent trop vites… Les gens dans le chemin, ceux qui ne font pas attention quand ils passent… Qui ne prennent pas leur sac à dos à la main quand ils sont dans le bus ou le métro, occupant ainsi deux fois plus d’espace… Et puis au bureau, contre l’ordinateur trop lent, un site Web mal fait…

En somme, je passe beaucoup de temps à être énervée, ce qui n’aide certainement pas mon humeur et, en plus, n’est guère utile. J’y reviendrai.

Bon week-end 🙂

Halte aux accusations, halte au mépris

J’écrivais il y a quelques jours que je ressentais mieux les émotions vues comme négatives : ressentiment, jalousie, colère, envie, etc. (J’écris « vues comme négatives » parce que les émotions ne le sont pas : elles nous indiquent simplement lesquels de nos besoins sont ou non comblés).

J’ai oublié de mentionner dans mon post que, en laissant monter et vivre ces émotions négatives, il est crucial que je ne tombe pas dans la rumination, devienne amère ou accuse qui que ce soit pour ce que je ressens. Je suis responsable de ce que je ressens. Face à un commentaire désobligeant, par exemple, certains rient, d’autres se fâchent ou restent indifférents. Bref, un même stimuli peut entraîner des réactions différentes selon la personne.

J’avais du mal à m’en rappeler, hier, au mariage de Y.V. et C.G. Je connais les mariés depuis moins longtemps que les autres. Il est donc normal que je fasse un peu moins partie du groupe, que je sois moins proches d’eux, un peu moins connue et, donc, qu’on me donne un peu moins de place. L’intimité, ça se développe, ça s’acquiert à coups d’activités communes et complicités partagées. Ça ne se donne pas.

Ça fait du bien de l’écrire, de constater qu’il y a des raisons « objectives », matérielles à mon malaise d’hier…

Disons qu’hier, dans le feu de l’action, j’avais bien du mal à m’en rappeler et à l’accepter. Sans conjoint-e, sans enfant, sans ami vraiment (sauf J.C., mais qui était accompagné de son fiancé), je me sentais mal parce que je me sentais à part, rejetée, en-dehors du groupe. Ma « timidité » n’aide pas… Mais, même cela, j’aurais pu le vivre à fond : je me sens mal, timide, rejetée et c’est comme cela, ce n’est de la faute de personne. Hier, je l’oubliais. Je tendais à m’en vouloir d’être inhibée, d’en vouloir aux autres de ne pas me donner plus d’attention, à être triste et amère et à rejeter ces émotions… Mmmmm.

Finalement, je suis partie tôt, alors que je devais originalement dormir sur place. Par contre, je suis fière de dire que je suis partie le coeur en paix. C’était trop dur pour moi d’être là et je l’ai dit aux autres : les grands groupes, ce n’est pas pour moi, je n’y arrive pas, je ne me sens pas bien. Je n’ai eu que des sourires et des yeux brillants comme réponse. Le petit groupe avec lequel j’étais a apprécié mon honnêteté. Tiens, c’est une belle image à retenir, ça : qu’en disant exactement et simplement comment je me sentais, je n’ai reçu que de l’empathie. J’ai hâte de les revoir :/

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Pendant que je parle d’émotions négatives, j’en profite pour dire deux mots sur le mépris. Je me rends compte que je suis aussi dure avec les autres qu’avec moi. Dans une action, quelle qu’elle soit (un mouvement, un texte, un habit, un site Web, un projet…), je tends à ne pas voir l’ensemble de l’oeuvre mais plutôt le fil qui dépasse, la faute d’ortographe, le petit truc qui cloche et à rejeter le tout avec mépris. C’est vraiment cela. Il n’y a pas d’autre mot. Je crois que diminuer les accomplissements des autres est une façon de ne pas reconnaître mes propres manquements… Enfin… Ça me fait du bien de le dire publiquement. Il paraît que reconnaître un problème est le premier pas vers le changement… À suivre. xxx