Lâcher prise, pleurer moins

C’est dur d’écrire en ce moment. J’ai un public maintenant 😉 des gens que je connais sans les connaître vraiment : Z., qui aime le feng shui et le reiki et qui a une fille et un mari; Po., qui a aussi une fille et qui travaille comme un fou sur ses ordinateurs; C., qui aime lire, la bonne bouffe et qui s’apprivoise tranquillement; R., qui aime le crochet, la lecture, la popote, la marche; A., qui improvise sur des thèmes philosophiques ou politiques… (Je ne sais pas si P. me lit… Ça me paraîtrait bizarre, mais on ne sait jamais.) Bref, ce n’est pas évident de vider mon sac avec tout ce public, tout comme ce n’est pas de prendre la parole devant mes collègues ou même en famille ou avec des amis… (J’hésite entre soupirer, me taper sur la tête ou… ah oui, respirer. C’est ça que je dois faire, respirer 😉

Bref, ce brouillon traîne depuis plusieurs jours dans ma tête et sur mon ordi… Allons! Courage!

J’ai assisté à une soirée de méditation très intéressante au Centre Paramita, lundi, à l’invitation de ma collègue M. Le thème de la soirée était le lâcher prise et Jason (le moine qui animait le cours) était intéressant et clair.

Quand on dit « lâcher prise », il ne s’agit pas de lâcher prise avec un objet extérieur, comme une tâche ou une relation. Il s’agit de lâcher prise à l’intérieur, avec soi-même, parce que ce qui nous garde emprisonné est à l’intérieur, pas à l’extérieur. Comme l’expliquait Jason, même si on aime la pizza, on n’a pas envie d’en manger à tous les jours même si la pizza ne change pas d’un jour à l’autre. C’est nous qui changeons et qui, un jour, salivons devant une pizza et un autre jour, non. De même, si nos réactions dépendaient de l’extérieur, tout le monde réagirait de la même façon. Au contraire, face à quelqu’un qui crie, par exemple, on peut crier en retour, rester bouche bée, pleurer, hausser les épaules, etc. Chacun réagit à sa façon.

L’ego est mêlé à tout cela, bien sûr, et c’est le bout dont je me rappelle le moins. En gros, on se prend tellement au sérieux qu’on oublie que tout le monde vit les mêmes peurs : être rejeté, ne pas être aimé, être exclu. Ainsi, je serai plus touchée par un accident s’il arrive à ma mère qu’à un étranger, même si l’accident est aussi grave dans un cas que dans l’autre.

Jason nous a aussi rappelé que les choses qui nous gardent prisonniers se situent habituellement dans le passé ou le futur : on ressasse des événements et on refait l’histoire, ou on s’inquiète pour l’avenir. Or, comme il l’a souligné avec humour, ces comportements nous rendent rarement heureux. Alors, pourquoi les faire? Mieux vaut rester dans le présent. C’est cliché, je le sais, mais c’est vrai. Comment rester dans le présent? Vous l’avez deviné : respirer, prendre conscience de sa respiration et… lâcher prise.

Dans le métro, ce matin, j’ai croisé deux grands jeunes hommes noirs. Je le dit en toute franchise, j’ai hésité à m’asseoir près d’eux. Je craignais qu’ils soient arrogants, bruyants. Au contraire, d’un peu plus près, j’ai vu qu’ils étaient tranquilles, polis… J’essayais de respirer et de garder « vivant » mon sentiment de préjugé, mais sans me parler, juste… en le ressentant. J’ai eu une pensée pour le poids de ces préjugés — mes préjugés — sur les deux jeunes hommes, qui savent bien à quoi ils ressemblent et l’effet qu’ils peuvent avoir sur une jeune femme blanche… L’un d’eux s’est même levé pour laisser sa place à un père et sa petite. Au final, les deux jeunes me faisaient penser à mon demi-frère et son look  gangsta qui ne l’empêche pas d’avoir une belle intelligence et un grand coeur…

Pour expliquer le « lâcher prise intérieur », Jason avait un geste très parlant. Il se recroquevillait un peu sur lui-même et serrait à deux mains, devant son coeur, un genre de cordage imaginaire. Je ressens très bien cette prise, je la reconnais : une angoisse qui me fait craindre le rejet, me coupe des autres et me pousse à faire ce que je crois qui est attendu de moi plutôt que ce dont j’ai envie — la persona de Jung.

Persona-Conciousness-Shadow

La persona, c’est ce qu’on fait pour se conformer à ce qu’on pense qui y est attendu de nous; l’ombre, ce sont nos aspects que l’on juge non-présentables et que l’on rejette; le conscient, c’est ce qui gère le tout (source).

Je m’arrête là sur cet atelier de méditation. J’y retournerai certainement, j’ai vraiment apprécié et l’ambiance, et l’enseignement.

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Vous le savez, un rien m’émeut. Encore aujourd’hui, j’ai pleuré aux larmes en visionnant ce documentaire d’un jeune père qui, pour savoir s’il devrait baptiser son bébé, va à la rencontre de religieux humanistes et progressistes : un imam gai, un prêtre qui marie les gais et qui appelle à l’ordination des femmes, etc.

Dernièrement, par contre, j’arrive mieux contrôler mes larmes. Spontanément, les larmes commencent, mais j’arrive à me ressaisir tout en continuant à vivre l’émotion. C’est dur à expliquer… On dirait que c’est moins à vif, et que j’arrive à prendre un pas de recul pour mieux intégrer l’émotion plutôt que seulement la vivre… Je grandis, quoi 🙂

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Enfin, une dernière nouvelle aussi étonnante que triste : une excellente amie à moi s’est suicidée il y a une dizaine de jours… 😦 😦 C’est bizarre de le dire, c’est bizarre même de le croire… Je pleure par à-coups… Ce n’est pas tout à fait réel encore. Je crois que ça va bien me rentrer dedans samedi prochain, lors de la cérémonie 😦 Tout ça pour dire que ce très triste événement m’a bien ramenée dans le présent. Le lendemain, au travail, j’arrivais à parler normalement avec mes collègues, même à rire et à être joyeuse. Même si je ne me suis pas confiée à eux parce que nous ne sommes pas assez proches, disons que j’hésitais moins que d’habitude à aller dire bonjour à l’un ou à poser une question à l’autre. Le « Je pourrai toujours y aller demain » ne tenait pas la route…

Bon, je suis venue à bout de mon post… Toujours pas certaine de vouloir le publier… Allez!