Donner, donner et encore donner

Je poursuis ma réflexion sur le don et sur la reconnaissance.

Depuis quelques jours, j’essaie de penser davantage aux autres. Hier, par exemple, je suis allée chez mon père parce que je savais que cela lui ferait plaisir et, bien sûr, parce que j’avais envie de passer du temps avec lui. Les dates que je lui ai d’abord proposées ne lui convenaient pas. J’ai donc changé un peu mon horaire pour l’accommoder. Je lui ai aussi amené un cadeau: deux livres usagés et une bouteille de vin. Cette visite et ces cadeaux sont bien peu de choses face à la générosité de mon père, son amitié sans chichi et son accueil.

Lui et moi sommes allés aujourd’hui au dîner de Noël traditionnel des Labelle. En voyant l’une de mes tantes, j’ai décidé de payer pour son repas. Encore une fois, c’est peu de choses pour toutes les fois où elle m’a reçue chaleureusement, écoutée avec attention ou embrassée gentiment.

Donner, donner, donner. Je ne donne pas assez. J’écoute mal. Je critique les cadeaux qu’on m’offre ou les invitations qu’on me fait. Je vois la faute d’orthographe dans le courriel plutôt que la générosité d’une invitation. Je le vois mieux et, franchement, c’est horrible. Donner, donner, donner. Je dois m’écouter moins et donner plus. Donner de mes opinions, de mes histoires, de mon temps, de mes connaissances, de mes choses… Donner.

Tout cela me rappelle d’une conversation que j’ai eue il y a quelques années avec une amie. Je lui demandais ce qu’était l’amitié. L’amie, qui a prit le temps d’y réfléchir, m’est revenue avec une réponse toute simple. L’amitié, c’est d’abord répondre aux messages qu’une personne nous envoie et prendre du temps pour la voir. Bref, donner du temps, donner de soi. C’est aussi s’enquérir de sa vie et s’y intéresser. J’imagine que c’est aussi, à terme, se mettre dans ses souliers et reconnaître sa façon de voir le monde.

Bon, je tergiverse déjà… Je me demande comment doser tout cela. Doit-on se mettre dans les souliers de tout le monde? Retourner tous les appels et tous les courriels que l’on reçoit? Comment savoir? Je dois absolument comprendre cela. Le temps file! En trois ou quatre ans, je suis passée par plusieurs phases. J’ai commencé par rester isolée et refuser toutes les invitations par peur d’être rejetée. Puis, je me suis rendue compte que les gens m’appréciaient et qu’il suffisait que j’accepte les invitations pour avoir une vie sociale. Puis, j’ai eu trop d’amis et d’activités. J’ai donc fait le tri, en manquant à la fois de considération, de subtilité et de jugeote. Difficile de faire pire… Là, je suis revenue à un genre de solitude: les gens se détournent de moi parce que je ne fais pas suffisamment attention à eux. À moi de faire mes preuves. Sans m’oublier ni me trahir. 

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